Les réactions citoyennes contre les fraudes observées le 14 janvier ont provoqué de nombreuses arrestations, surtout dans les quartiers populaires de la capitale (Madjadjou, Mangani, Mbouzini…).
Par MiB
De véritables rafles, même des gens qui étaient dans la rue, mais qui ne manifestaient pas.
Parmi eux, de nombreux mineurs. Ce sont des arrestations extrajudiciaires : les gens sont arrêtés sur instruction du ministère de l’Intérieur ou de la hiérarchie militaire, ils sont gardés dans des conteneurs, dans des camps militaires et d’autres à la gendarmerie, puis pour les plus chanceux, ils sont libérés, sans aucune intervention du Procureur ou de tout autre juge.
Cela n’empêche pas le Procureur de la République, Ali Mohamed Djounaid, de faire des commentaires ou de lire des communiqués sur ces arrestations, alors qu’en réalité, il n’est pas tenu au courant de ce qu’adviennent les personnes arrêtées.
Il est intervenu une première fois pour annoncer qu’Achmet Saïd Mohamed, arrêté une semaine avant le premier tour des élections, était en garde à vue pendant 15 jours. Mais, jusqu’à maintenant, et alors que les 15 jours sont déjà passés depuis longtemps, personne ne sait où est enfermé le leader du parti HURY, ni ce qu’on lui reproche et encore moins ce qu’il subit actuellement. Le Procureur n’est toujours pas revenu devant la population pour expliquer pourquoi Achmet Saïd Mohamed n’est toujours pas libéré ou présenté à un juge.
Le Procureur Mohamed Djounaid est intervenu une deuxième fois pour couvrir les nombreuses irrégularités des militaires en affirmant qu’ils ont libéré tous les mineurs et toutes les femmes. Et en tant que magistrat, il n’a fait aucun commentaire sur le fait que des enfants ont été mis en prison sans la présence de leurs parents sans qu’un juge ne le demande. Il laisse ainsi comprendre que les militaires agissent comme bon leur semble, sans suivre de procédure judiciaire précise. C’est encore une fois un désastre pour une Justice comorienne qui ces dernières années ne cesse de se renier en laissant place aux méthodes injustes et brutales des diverses composantes de l’armée nationale.
De plus, comme pour le cas d’Achmet Saïd Mohamed, il a menti, car selon certains témoignages, il y avait (et il y a encore) des femmes et des mineurs dans des camps militaires au moment où il disait que les militaires les avaient tous libérés.
Ce à quoi on assiste aujourd’hui, c’est la libération au compte-goutte de personnalités connues comme le fameux John Baloz ou Daoud Halifa ou le candidat au gouvernorat de Ngazidja, Ibrahim Moussa ou de petites gens arrêtés sans raison et sans aucune intervention des juges. Les militaires les ont arrêtés, les ont enfermés dans des conditions inhumaines (voir témoignage de Daoud Halifa ci-dessous) et les laissent repartir plus d’une semaine après, selon leur bon vouloir.
Et certains osent encore nous dire que nous ne sommes pas en dictature.