Décimés par la covid-19, sans gardien de but, victimes d’un changement de règles de la CAF à moins de 48 heures du match, bloqués dans les embouteillages en l’absence d’une escorte qui leur avait été promise, réduits à 10 quasiment pendant toute la rencontre, les Comores se sont inclinées 2 buts à 1 contre le Cameroun, lundi 24 janvier en huitième de finale de la Coupe d’Afrique des Nations au stade Paul Biya d’Olembé. Par Hachim Mohamed..
Comme dans toutes les belles histoires, et dans la tête des fanas de football, le héros revient toujours victorieux à la fin de ses mésaventures. Ce fut le cas pour les Coelacanthes, les héros de l’équipe de football des Comores.
Ce qui s’est passé au cours du match Cameroun-Comores, comme dans la phase de poule pour les Comores, a corroboré l’idée que les vrais héros sont très souvent des anonymes, des gens ordinaires. En quatre matchs de la Can 2022, les Cœlacanthes, à défaut de gagner les rencontres, remportent par trois fois le titre de « L’homme du match ». Par les exploits de Youssouf M’Changama, de El-Fardou Ben Nabouhane et de Salim Ben Boina, le drapeau des Comores est désormais brandi partout dans le monde du football.
André Onana arrête le rêve des cœlacanthes.
Les frappes cadrées des Comoriens étaient si nombreuses dans le match que les occasions de voir le portier camerounais André Onana s’illustrer dans sa cage étaient multiples pour les téléspectateurs.
À la deuxième minute, Ben Nabouhane obtient un premier coup franc pour les Comores, situé aux 35 mètres, légèrement décalé sur la gauche. Bachirou Youssouf prend sa chance en frappant au but et Onana manque sa prise de balle dans les six mètres. Le portier camerounais relâche le ballon, mais le milieu de terrain M’Changama n’a pas pu reprendre immédiatement le ballon.
À la trente-deuxième minute, sur un premier tir puissant d’Ahmed Mogni à ras de terre, Onana réalise une parade à une main sur la droite. M’Changama était venu s’emparer du ballon très mal dégagé par le gardien, mais son tir croisé du pied droit bute sur une nouvelle parade magistrale d’Onana évitant l’égalisation.
À la cinquante-cinquième minute, parti en contre sur la gauche, Bachirou Youssouf rentre dans l’axe avant de tenter une frappe enveloppée. André Onana était encore là, dans la surface pour capter ce ballon.
À la soixante-treizième minute, Bachirou Youssouf pénètre par la droite dans la surface et prend le dessus sur Ngadeu Ngadjui pour croiser du droit au ras du sol. Mais, très vigilant, Onana bouche bien l’angle et repousse de la main à la base du poteau.
Plus les minutes s’égrenaient, plus les Cœlacanthes ne se contentent pas d’attendre les Camerounais. En plus de presser leurs adversaires, ils relancent proprement en se projetant en bloc sur les rares occasions qu’ils se procurent à la fin du match.
Durant les 90 minutes, les Cœlacanthes n’ont jamais baissé les bras et auraient pu à plusieurs reprises réduire le score sans des arrêts de grande classe d’André Onana.
À la soixante-quatorzième minute, Ali Mohamed rentré en deuxième période trouve le poteau tandis qu’à la soixante-dix-neuvième minute sur un ballon mal renvoyé par les défenseurs camerounais, El-Fardou Ben Nabouhane surgit dans la surface et déclenche une frappe sèche à bout portant du pied droit. Le gardien du Cameroun, impérial, dévie le ballon sur sa ligne.
Un carton rouge incompréhensible à la septième minute
Dans toutes les CAN, il semble que la règle d’or pour les arbitres est d’éliminer par tous les moyens les nationalités qui ne rapportent pas financièrement à la CAF en remplissant les stades, les hôtels de supporters du pays organisateur. Sans compter le décalage entre leurs décisions et ce que le spectateur voit et revoit à l’écran. Décisions de nature à déchaîner les passions des supporters et à attiser des colères haineuses.
Il en est ainsi du carton rouge brandi à la septième minute par l’arbitre éthiopien, Benbraham contre le Comorien Nadjim Abdou. Un carton rouge difficilement compréhensible, mais qui expulse le joueur des Coelacanthes pour avoir marché sur la cheville de Nicolas Ngamaleu. Les Comores se retrouvent à dix et cela va fausser en quelque sorte le résultat du match !
Le Cameroun prend alors le contrôle du match et commence à pilonner le but d’Alhadhur, souvent de manière maladroite.
Plusieurs tentatives des Camerounais manquent le cadre.
À la douzième minute, un très bon ballon piqué en profondeur pour Ngamaleu pour la remise de la tête en retrait de Toko Ekambi. Le capitaine Aboubakar tente la demi-volée du droit, mais le ballon échoue juste à gauche du cadre.
À la suite d’une perte de balle de la part d’El-Fardou Ben Nabouhane, Ngamaleu trouve à la vingt-neuvième minute Aboubakar dans la surface, ce dernier donne un caviar à Karl Toko Ekambi qui n’a plus qu’à ajuster le gardien (1-0).
À la quarante-neuvième minute, Alhadhur sort un arrêt réflexe sur une tête d’Aboubakar et à la cinquante-troisième, lancé dans le dos de la défense, de 25 mètres, Aboubakar arme une frappe croisée à ras de terre, mais Alhadhur réalise une parade. Venu en soutien, Ngamaleu a suivi à droite dans la surface et croise sa frappe, mais Alhadhur s’est vite relevé et a repoussé des deux mains le ballon.
Au fur et à mesure de l’avancement du match, Alhadhur se découvre une vocation de gardien de but. Plusieurs tentatives des Camerounais manquent le cadre et grâce à Chaker Alhadhur, le Cameroun ne mène que d’un but face à des Comoriens qui peuvent encore rêver à l’exploit.
Mais, à la soixante-dixième minute, Aboubakar, en excellente position, est bien servi par Hongla. L’attaquant ajuste le gardien pour s’offrir un sixième but dans la compétition (2-0).
La formation comorienne livre un match mémorable. M’Changama est dans le tournoi le joueur qui a touché le plus le ballon et qui a fait le plus de passes. À la quatre-vingt-unième minute, les Comoriens obtiennent un coup franc situé très loin, légèrement décalé sur la gauche. Un obus parti des 30 mètres de M’Changama trouve la lucarne gauche d’Onana, impuissant malgré une belle envolée (2-1). Les Comores réduisent l’écart.
Retour triomphal de Ben Boina et quelques joueurs « représentant » l’équipe nationale
Une poignée de Cœlacanthes ont été accueillis en héros, jeudi 27 janvier, à leur arrivée à l’aéroport de Hahaya.
La foule s’était massée sur le parcours pour saluer les nouveaux héros au passage de leur autocar à destination de la place de l’indépendance dans la capitale et à Foumbouni pour Salim Ben Boina, natif de cette ville.
Partout le même rayonnement sur tous les visages des Comoriens, fiers de leur équipe.
Les acclamations fusent de toutes parts, les louanges atteignant des sommets.
S’agissant d’une première participation, les cœlacanthes ne vont pas se monter le bonnet en se prenant pour la meilleure équipe de la CAN.
Mais, en voyant la manière dont les Comoriens ont été « chassés » de cette compétition, force est de reconnaitre que, même en politique, on n’a pas le droit d’éliminer un adversaire par des moyens aussi vils.