Depuis plusieurs mois, Ngazidja vit un calvaire en raison des coupures d’eau et d’électricité intempestives et récurrentes. Le gouvernement semble impuissant à trouver une solution depuis plusieurs mois.
Par Hachim Mohamed
À l’échelle de la Grande-Comore, les signes de la crise de l’énergie étaient déjà perceptibles avant l’investiture d’Assoumani Azali pour un troisième mandat. Mais, ces délestages paraissent à présent si longs et interminables qu’ils suscitent de grognement de protestation, de colère de jour comme de nuit.
À Moroni, les « arguments suffisants » sont réunis pour faire sortir les abonnées de la Société nationale d’Électricité des Comores (Sonelec) et la Société Nationale d’Exploitation et de Distribution de l’Eau (Sonede) dans la rue. De Zilimadou à Mangani en passant par Iroungoudjani et tant d’autres quartiers de la capitale, la population qui protestait contre les coupures d’eau et d’électricité, ne comprend pas qu’après plusieurs années de crise de l’énergie, la Sonelec et la Sonede ne disposent pas d’un socle sur lequel ces sociétés s’appuient pour fournir à nos concitoyens l’électricité stable et abordable.
Les coupures prolongées de l’électricité gênent significativement le fonctionnement des entreprises. Ainsi, les soudaines coupures de courant peuvent plonger certains locaux, comme les cafés et les restaurants, tout un quartier dans le noir. Dans différents milieux, les gens entendent les geignements sur les conséquences de ces coupures pour les appareils dans les foyers, pour les commerçants (ceux qui stockent dans les frigos les produits carnés) ou les artisans pour lesquels sans électricité toutes leurs activités restent bloquées (métiers de soudure, de la couture, etc.). Et ils ne savent pas vers qui se tourner pour satisfaire leurs clients qui sont intolérants lorsque leurs commandes ne sont pas livrées à temps.
Ville d’Iconi, un mois sans électricité
Si pour un habitant de Zilimadjou, un homme d’un certain âge, les coupures de Sonelec sont quotidiennes, à Hamramba, une autre personne interrogée par nos soins affirme que depuis plusieurs jours, voire des semaines maintenant, il subit le délestage, c’est-à-dire qu’il subit les suppressions momentanément du courant, des suppressions de plus en plus longues, dans le but pour la SONELEC d’économiser de l’énergie dans certains secteurs.
Notre interlocuteur ajoute que tôt le matin le courant leur a « faussé compagnie » à Zilimadjou jusqu’à tard dans la journée, un supplice qu’il estime criant dans la mesure où il perturbe énormément les activités quotidiennes des uns et des autres qui ont déjà du mal à joindre les deux bouts.
Sur le ton de l’humour, il évoque le fait que le soir souvent le courant s’amuse à faire des « apparitions » et des « disparitions » répétitives et c’est in fine assez gênant pour les ménages, les commerces… c’est gênant pour tout le monde. Tous les quartiers de la capitale connaissent le même sort que le pays entier.
Un jeune père de famille croisé à Hadoudja, contraint de vivre dans le noir grogne : « Oh là ! les coupures de courant personne n’est épargné. Dans mon quartier, on peut rester 10 heures de temps et même une journée sans voir l’électricité ».
Dans la région de Bambao comprenant Moroni, la capitale, c’est la ville d’Iconi qui a payé le plus lourd tribut, sevrée d’électricité pendant un mois sans répit. Les habitants ne voient pas l’issue de cette souffrance quasi ininterrompue.
Le 12 août dernier, les femmes de cette localité au sud de Moroni, excédées par les conséquences de l’inexistence de l’électricité, sont descendues dans les rues de la ville pour exprimer pacifiquement leur colère. C’est la seule ville dans laquelle les habitants manifestent contre la privation d’électricité. La vidéo circule dans les réseaux sociaux. En vain.
Les sources modernes d’énergie
À en croire un autre compatriote Said Mohamed Harouna dont les grognements de protestation et de colère ont été entendus récemment dans une autre vidéo publiée sur la chaine Facebook ACMC, la crise de l’énergie aux Comores plonge ses racines dans l’archaïsme en matière de production et fourniture d’électricité.
Ce religieux connu pour ses prêches enflammés fait état pour les Comores de ces ressources d’énergies naturelles comme le soleil qui, après la construction de centrales photovoltaïques serait capable de fournir l’électricité à plusieurs ménages, ou de l’utilisation des éoliennes à même de fournir ainsi autant d’électricité qu’une centrale thermique classique, ou encore une autre source moderne d’énergie comme l’exploitation du volcan des Comores qui dispose du plus grand cratère du monde.
Face à ces souffrances dues à l’absence quasi ininterrompue de lumière, un internaute, Ben Mohamed Imamo, qui a commenté la sortie musclée du mollah Said Mohamed Harouna, ne comprend pas pourquoi les deux sociétés nationales (Soneclec et Sonede) qui ont mis en place des compteurs, presque partout, et ont même imposé le droit au compteur n’octroient pas en temps le droit à l’électricité et à l’eau.
Encore ces scènes de bidons au quartier Omar Kassim
Sur la question de l’énergie, un autre souci s’est greffé au fléau. Dans la mesure où ces coupures répétitives affectent aussi la distribution d’eau, à laquelle des pompes électriques donnent de la pression.
L’absence d’eau a porté un coup au moral avec le retour, dans la capitale, des scènes d’alignement d’habitants, riches ou pauvres, bidons à la main, des moments difficiles que les Comoriens vivent à la recherche de la denrée précieuse.
Les signes de la course à l’abîme des délestages infligés par la Sonelec reparaissent quand les riverains d’une route à quelques encablures de la « fontaine Omar Kassim » se rendent compte au réveil qu’aucune goutte d’eau ne sort des robinets de leurs foyers comme ce fut le cas du jeudi 22 août jusqu’au lendemain.
C’est d’autant plus choquant que les fonctionnaires des deux sociétés d’État (Sonelec et Sonede) ne se plaignent jamais, étant toujours payés malgré la profondeur de la crise qui affecte les clients, à coup de coupures d’électricité et de pénuries d’eau.