Suite à la guerre fratricide qui secouait le comité exécutif national de la Fédération comorienne de Football et la suspension (4 ans) de l’ancien président Said Ali Said Athoumane, la FIFA a installé un comité de normalisation pour, expédier les affaires courantes. Cette décision a été prise lors du conseil de la FIFA à Singapour en octobre 2019. Le 12 novembre, le Comité de Normalisation a pris officiellement ses fonctions. Composé de 5 personnes à la tête desquelles se trouve, Ibrahim Kanizat Directrice générale de SYNERCOM. Cette femme au sourire d’ange, mais jugée intraitable dans les affaires, mène de main de maître les 6 missions assignées par la plus haute instance du football mondial, à savoir : gérer les affaires courantes, réviser les statuts de la FFC, réviser le code électoral, réviser le code d’éthique, réviser les statuts et codes électoraux des ligues régionales et organiser des élections sur la base des nouveaux statuts. Tout cela avant le 20 septembre. Dans cet entretien exclusif, elle revient sur le déroulement des travaux, les dossiers sensibles, mais aussi sur la préparation de la double confrontation prévue du 25 et 29 mars contre le Kenya. Photos et propos recueillis par : BAS
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Masiwa – Cinq mois après votre prise de fonction à la tête du Comite de Normalisation, quel bilan faites-vous de vos travaux ?
Kanizat Ibrahim – Je retiens que nous avons eu cinq mois très intenses, où nous devions régler certains problèmes en urgence. Aujourd’hui, je peux dire que nous avons bien avancé. Il y a trois semaines de cela, nous avons reçu une délégation FIFA pour voir un peu l’évolution des travaux. Nous leur avons présenté nos propositions et elle les leurs, je pense que dans une semaine nous serons en mesure de présenter les nouveaux textes en assemblée générale, conformément à ceux de la FIFA et de la CAF, pour trancher définitivement.
Masiwa – Dans quel état avez-vous trouvé la fédération ?
Kanizat Ibrahim – Dans un état catastrophique. Les caisses étaient vides et d’entrée on était confronté aux difficultés du match Comores# Égypte. On a dû amputer les recettes du match pour payer les primes des joueurs, chose que l’État avait promis et malheureusement pas réalisé. On avait aussi d’autres factures à payer, les recettes n’ont pas suffi et jusqu’à présent nous avons des dettes. On a eu également des difficultés au niveau des salariés, pour la première fois la fédération a accusé deux mois d’arriérés de payement. Il a fallu attendre le mois de janvier et le remboursement des subventions FIFA pour commencer à régulariser les choses. Dieu merci sur ce plan tout est rentré dans l’ordre. Tout ça pour vous expliquer l’état dans lequel nous avons trouvé la fédération. Maintenant nous nous attelons à régler certaines factures que l’État a manqué de le faire.
Masiwa – De l’extérieur on vous voit un peu comme le couteau suisse du Comité de Normalisation, c’est une impression où il y a une réelle coordination entre les membres ?
Kanizat Ibrahim – Il y a une collaboration, mais bien sûr, la dernière décision me revient. Si j’ai l’impression que la décision à prendre ne va pas dans le sens de l’intérêt de la fédération, je ne peux que trancher dans le bon sens. Il en va de la crédibilité et de l’image du Comité de normalisation (CONOR), de la fédération et de moi-même. Donc il est très important que je puisse faire la part des choses.
Masiwa – Quels enseignements avez-vous tirés du chaos sécuritaire lors du match contre l’Égypte du 18 novembre dernier ?
Kanizat Ibrahim – Disons que c’est une expérience comme une autre. On apprend de ses erreurs, il faut tomber pour pouvoir se relever. L’excès de joie exprimé par nos supporteurs qui était dû à l’enjeu et à l’adversaire du jour a permis de révéler les failles qui existaient au niveau de la sécurité. Donc, pour moi, c’est plus un enseignement qu’un échec, même si on a dû payer 15 000 euros d’amende à la CAF.
Masiwa – Un formateur spécialiste en gestion de foule est sur place pour dispenser une formation. Qui en a fait la demande ?
Kanizat Ibrahim – C’est moi qui ai demandé à la CAF de nous envoyer ce formateur pour voir avec les organes de sécurité de la place, comment prévenir de tels débordements. La formation s’est bien passée, la collaboration a été parfaite entre les différents corps présents. J’espère que le jour du match tout le monde tiendra son rôle.
Masiwa – Le manque de coordination entre les forces de l’ordre et le chargé de sécurité de la fédération, Abdillah Matrafi (voir Masiwa n°306) a été largement pointé du doigt. Qu’est-ce qui s’est passé réellement ?
Kanizat Ibrahim – Il faut d’abord que vous sachiez que le CONOR n’avait pas la gestion du match, cela faisait cinq jours à peine qu’on avait pris nos fonctions. Il y avait un comité qui était déjà là et qui travaillait avec le ministère. Ce que j’ai demandé à ce chargé de sécurité c’était de créer deux SAS pour assurer la sécurité des personnes et la billetterie. Étant dans l’événementiel, je sais détecter ce qui va ou pas dans un événement de cette envergure. Malheureusement, mes consignes n’ont pas été respectées. Les engagements qu’il avait pris n’ont pas du tout été appliqués, la suite vous la connaissez. Des billets ont été dupliqués, nous avons appris preuves à l’appui (caméras de surveillance), que même certains gendarmes s’amusaient à faire semblant de couper les billets pour garder les souches, tout ça pour faire passer des personnes à eux. C’est regrettable quand on a un chargé de sécurité et que des telles choses se passent.
Masiwa – Quelle garantie avez-vous que cette fois les choses iront bien ?
Kanizat Ibrahim – Cette fois j’ai donné des instructions strictes et des sanctions tomberont si ça devait se répéter. Pour votre information, ce chargé de sécurité est relevé de ses fonctions, je l’ai fait remplacer par le commissaire Abdoulkader Mahamoud. Il faut qu’un acteur qui se sent concerné joue pleinement son rôle. Ce n’est pas l’affaire du Conor tout simplement, c’est toute la Nation qui est concernée.
Masiwa – s’agissant des billets, des doublons constatés lors du match contre l’Égypte, qu’est-ce que vous envisagez cette fois ?
Kanizat Ibrahim – Nous essayons de trouver la bonne qualité difficilement falsifiable. De toute façon tout est dans l’organisation, si celle celle-ci est bonne toute la chaine suit.
Masiwa – Qu’en est-il de la restauration, est-ce vous qui alliez assurer ou le marché sera ouvert au plus offrant ?
Kanizat Ibrahim – Ce n’est pas à la fédération d’assurer la restauration, ce n’est pas notre rôle. Nous allons faire appel à quelques restaurateurs que nous estimons être en mesure d’assurer un standing correct. Celui qui fera la meilleure offre sera retenu. Il se peut qu’il y ait plusieurs restaurateurs, je crois qu’un seul ne suffirait pas.
Masiwa – La récente décision de la commission d’éthique de lever les suspensions de Said Ali Said Athoumane et Youssouf Ismaël risque d’exacerber les tensions qui existent entre le Conor et ses détracteurs. On vous accuse d’influer sur les décisions de la commission d’éthique…
Kanizat Ibrahim – Aucun commentaire. La commission d’éthique est indépendante dans la prise de décision. Toute personne qui se sent lésée a droit à aller porter son dossier devant l’éthique et c’est à elle de trancher.
Masiwa – Un climat de suspicion et de psychose commence à prendre corps dans la population concernant le Covid19. Le Conor a-t-il des dispositions particulières à prendre le jour du match ?
Kanizat Ibrahim – Nous nous en tiendrons aux dispositions qui seront prises par la CAF nous dépendons d’eux. Si elle décide d’annuler ou de déplacer la rencontre, nous ne pouvons qu’obtempérer. En attendant, il serait bon de calmer le jeu et rassurer la population, d’autant plus qu’aucun cas de coronavirus n’a été enregistré pour l’instant.
Masiwa – Selon une information RFI, le président de la fédération kenyane de football aurait envoyé une lettre à la CAF demandant un report des matchs. Êtes-vous au courant ?
Kanizat Ibrahim – Je l’ai appris comme tout le monde dans les réseaux sociaux. Personnellement, j’ai contacté le président Ahmad (CAF), il m’a rassuré que rien n’a été décidé. D’ailleurs ce n’est pas aux fédérations de demander un report, c’est le rôle de la CAF.
Masiwa – septembre se rapproche à grands pas, récemment vos services ont sorti une ébauche de calendrier devant nous emmener jusqu’au mois d’août à l’assemblée générale élective. Est-ce réaliste ou l’agenda FIFA vous oblige à aller vite ?
Kanizat Ibrahim – Non, on essaye de mettre des échéances dans chaque étape pour qu’on puisse respecter au maximum le cahier de charges qui est le nôtre. Après, il y a toujours des événements qui peuvent survenir et perturber le calendrier. En tout cas ,notre souhait est d’être dans les temps, si on y arrive tant mieux sinon il va falloir qu’on essaie de ne pas non plus sans cesse repousser.
Masiwa – Quitte à bâcler le travail ?
Kanizat Ibrahim – Non, on ne va rien faire pour bâcler quoi que ce soit, nous travaillons pour que tout se passe dans les meilleurs délais.
Massiwa : Est-ce que l’État a déjà mis la main à la poche, et quand comptez-vous regrouper les joueurs ?
Kanizat Ibrahim – Non pas encore, mais, ça ne saurait tardé, j’espère. Pour le regroupement ça se fera aux alentours du 20 mars et le 21 probablement, ils seront déjà à Nairobi.
Masiwa – Après Maana et Eldera qui sera le nouvel équipementier des Coelachantes pour cette double confrontation ?
Kanizat Ibrahim – Bon, les sponsors, ce n’est pas ce qui manque. On nous a pas mal sollicité, mais dans les conditions du Conor, nous n’avons pas le droit de signer un contrat pour une période aussi courte. D’ailleurs, dans ces conditions aucun sponsor ne serait intéressé. Nous ne pouvons que prospecter sur le marché et voir ceux qui sont les mieux-disants. Pour ce double ou du moins jusqu’à la fin des éliminatoires, c’est un équipementier espagnol du nom de Joma qui été retenu. On va acheter directement les équipements.
Masiwa – Le public se désole de voir les dossiers de l’audit financier traîner en longueur. Ou en sommes-nous justement ?
Kanizat Ibrahim – L’audit est en cours. Jusqu’à présent nous n’avons pas les résultats finals. Ils sont venus, ils ont auditionné les personnes concernées et nous attendons. Nous, comme vous, sommes tous impatients, mais l’on ne peut aller plus vite que la musique. Je ne peux donner de date, je ne pense pas que ça soit dans l’intérêt de la FIFA de faire traîner ce dossier.
Masiwa – Est-ce que le Conor est intervenu dans la constitution du dossier d’audit ?
Kanizat Ibrahim – Aucunement, seulement en tant que fédération concernée nous fournissons les documents en notre possession que le cabinet d’audit demande. C’est la FIFA qui a diligenté cet audit.
Massiwa : Le poste de secrétaire général est vacant, jusqu’à quand allez-vous tolérer cette situation ?
Kanizat Ibrahim – La date butoir pour le dépôt de candidatures était le 10 mars. Normalement cette semaine le comité chargé de ce dossier va procéder au dépouillement des enveloppes et bientôt nous serons fixés.
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