Après l’horrible affaire Toiwiya Rakib, du nom de cette collégienne de Manyassini (à Nyumakele dans l’île de Ndzuani) violée, égorgée et jetée à la mer par un groupe de personnes , une autre adolescente native de Koni-djodjo est morte à l’hôpital de Hombo où elle a été admise suite à une tentative d’avortement clandestine qui a mal tourné. Deux filles mortes à cause de la stupidité des adultes. Deux vies fauchées dans la fleur de l’âge. Au même moment, la cellule d’écoute de Ndzuani croule sous les alertes aux agressions sexuelles et autres violences conjugales. Une quarantaine de cas, rien que pour le premier trimestre de cette année 2019. Inquiétant… Faissoili Abdou
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Tristesse et colère dans l’archipel et plus particulièrement à Ndzuani où a été découvert, le 12 mai dernier, le corps décomposé et mutilé de la jeune Toiwiya Rakib sur la plage de Bweladungu non loin de Domoni. Cette collégienne était portée disparue depuis le 28 avril après avoir été vue sur une moto en compagnie d’un homme plus âgé qu’elle. Depuis, quatre individus sont interpellés et placés en détention provisoire. Certains sont arrêtés sur place alors que d’autres avaient réussi à quitter l’île pour espérer se mettre à l’abri à Mayotte. Ils seront très rapidement arrêtés et transférés à Ndzuani. « Les 4 assassins de Toiwiya, sont tous appréhendés. Ils viennent d’ailleurs de reconnaître les faits devant les enquêteurs. Il s’agissait bien d’un viol en réunion savamment organisé par les 4 complices », écrivait, le 17 mai dernier, le journaliste Kamal Ali Yahoudhoi sur sa page facebook.
C’était après l’arrivée en bateau de ceux qui sont interpellés à Mayotte. « Ils ont reconnu les faits, selon le procureur Mohamed Amani », ajouta-t-il avant de donner ces détails qui font froid au dos : « après le viol, bien qu’affaibli, Toiwiya, la victime aurait menacé ses bourreaux de les dénoncer. Après plusieurs coups et blessures en réunion pour la dissuader, l’idée du meurtre vint. Le cou attaché d’une ficelle puis jeté au fond de l’océan à Bweladungu près de Domoni ». Atroce ! Il s’agit « d’un viol suivi d’un homicide préparé et exécuté en réunion », précise notre confrère Sardou Moussa, citant le parquet, dans les colonnes du journal Al-watwan. Il a indiqué que les quatre hommes âgés de 19 à 25 ans sont aux mains de la justice. L’affaire a choqué plus d’un dans l’archipel poussant certains, notamment sur les réseaux sociaux, à réclamer la peine de mort pour les auteurs de ce crime odieux.
A côté de cette affaire, il y a cette histoire sordide d’une autre adolescente du nom de Radhoienti Rakibou. Elle avait 17 ans et tout l’avenir devant elle. Elle était de Koni-djojo au centre Est de l’île de Ndzuani. Elle est morte le 15 mai dernier à l’hôpital de Hombo où elle était en soin suite à une tentative d’avortement sauvage qui a ainsi tourné au drame. Les détails de cette affaire c’est Sittina Echat Salim, directrice régionale de la promotion du genre et de la protection de l’enfant qui nous les donne : « Un homme est allé fiancer cette fille. Il l’a par la suite violé puis enceinté. C’est après 5 mois que sa famille s’est aperçu qu’elle avait une grossesse. Le dossier était au service d’écoute et le présumé auteur âgé d’une trentaine d’année est à Koki ». En effet, après avoir découvert la grossesse de leur fille, les parents de l’adolescente ont porté plainte ce qui a conduit à la détention du fiancé indélicat. La famille du fiancé a donc entrepris de se débarrasser clandestinement de la grossesse de la fille par des procédés inappropriés. Ils ont eu recours à un mystérieux liquide administré à la jeune fille causant évidemment la perte de la grossesse mais aussi la mort de l’adolescente. « La mère et le père de l’homme ont invité la fille chez eux. Ils lui ont donné un produit à boire pour avorter. Arrivée chez elle, elle a eu des contractions et a perdu le bébé. Depuis ce jour là elle avait des plaies partout. Les médecins ont tout fait pour la sauver mais en vain. Elle est morte le 15 mai », déplore la directrice.
Depuis, les parents auteurs du meurtre ont pris la poudre d’escampette laissant la famille de la jeune fille dans le désarroi. Une famille en deuil et complètement désemparée ne sachant à quel saint se vouer. « Ils ne savent pas quoi faire car les parents de l’auteur se sont enfuis. L’un est parti à Mwali tandis que l’autre est à Mayotte. Je pense que leurs fils qui est en prison n’était pas au courant de ce projet d’avortement », regrette Hayda Nourdine, présidente nationale de la plateforme contre les violences basées sur le genre, qui confie que le couple est recherché. Elle a saisi cette occasion pour tirer la sonnette d’alarme à propos de la multiplication des viols, agressions sexuelles ainsi que les violences conjugales à Ndzuani. Selon les données non encore officielles, près de 49 cas d’agressions sexuelles ont été signalés à la cellule d’écoute de l’île au premier trimestre de cette année. « Les données montrent que la situation est grave. On nous signale beaucoup d’abus et des viols. Les violences conjugales arrivent au sommet. Elles sont très fréquentes », résume Hayda Nourdine.
En bref, ces deux tragiques affaires mettent en lumière les violences que peuvent subir les femmes et les mineures dans notre pays. Une situation qui devrait sans doute mobiliser les autorités compétentes pour mettre barrage à ces faits.
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