On voudrait en dire long sur cette prestation hors du commun de l’Argentine qui a battu en finale l’équipe de France aux tirs au but (4 à 2) au Lusail Iconic Stadium, ce 18 décembre, du Maroc qui a perdu par 2 buts à 0 devant la France, qualifiée pour sa 4e finale de Coupe du monde au stade Al Bayt le 14 décembre.
Par Hachim Mohamed
Si les Argentins sont champions du monde, la Croatie s’adjuge la 3e place après avoir été 2e il y a quatre ans en Russie.
À la différence de l’Argentine qui a joué à armes égales contre la France, les Marocains avaient quelques joueurs à l’infirmerie ou empêchés pour cumul de carton. Un handicap de taille qui a vu les Lions de l’Atlas finir à la 4e place de Qatar 2022.
Pour les amateurs du ballon rond, au cours de l’édition de cette année, il y en a eu pour tous les goûts.
Touchers de balle, constructions d’actions tout en finesse, lobs ajustés au millimètre en plus d’avoir assisté à des buts parmi les plus spectaculaires, de tacles dangereux, de hors-jeu lunaires, de fautes truquées ou encore de penalties imaginaires.
Les bleus redescendent sur terre
Donnée pour favorite et dominée sur tous les plans, l’équipe de France faisait peine à voir en finale. Tactiquement dépassés, les Bleus ont perdu la bataille du milieu de terrain face à des Argentins qui ont choisi, d’entrée de jeu, d’exercer sur eux un pressing très haut qui a considérablement gêné les relances françaises.
Premier coup sur la tête des bleus : à la 21e minute, Dembélé se fait enrhumer par Di Maria et tente de se rattraper en crochetant l’Argentin. Par cette faute, l’Albiceleste passe devant via un penalty transformé par Messi (1-0). Par la suite, les Bleus ont tellement laissé la balle aux Argentins que Di Maria en a profité pour doubler la mise à la 36e ( 2-0).
En dépit d’un triplé de Mbappé, pour revenir de 2-0 à 2-2 dans le temps réglementaire puis de 3-2 à 3-3 dans les prolongations, l’équipe de France n’est pas parvenue à venir à bout de la bande à Messi. Avec cette défaite aux tirs au but, les bleus se sont fait redescendre tristement sur terre.
Et le rêve de cette Coupe du monde est devenu d’autant plus amer que les trois étoiles auraient été déjà floquées par l’équipementier de l’équipe de France sur le maillot de celle-ci avant la victoire ! Pour les analystes du football, les bleus ont vendu dans le tournoi la peau de l’ours avant de l’avoir tué.
« Victoire au match » pour les Marocains
Il suffit de lire les titres des quotidiens marocains tels que « Chapeau bas à tous les joueurs et à l’entraineur Walid Regragui » ou « La tête haute » pour comprendre que le parcours des Marocains leur vaut une entrée au Panthéon du football. Il suffit aussi de regarder le chemin parcouru par les Lions de l’Atlas depuis le commencement des confrontations pour constater qu’ils ont été impressionnants, immenses !
Pour une entame de match mal maitrisée de la part des Marocains en demi-finale et qui les obligeait à courir après le score pendant toute la partie, les joueurs ont néanmoins réussi à transformer ce raté en odyssée captivante d’un football agréable qui transporte et bouscule.
« Qatar 2022 » a été une bonne campagne pour la vaillante formation marocaine qui a connu dans tous ses matchs un « examen de passage qualificatif », plutôt sans fautes, jusqu’à évidemment ce stade de compétition où celle-ci, par manque d’expérience, s’est laissée piéger.
C’est vrai qu’après une frappe contrée de Mbappé qui a vu Hernandez reprendre de volée et marquer (1-0, 5’) et un autre tir contré du même Mbappé, permettant à l’attaquant Kolo Muani de jaillir en second couteau et marquer lui aussi (2-0, 79’), à tous les niveaux c’était une demi-finale jouée à fond par deux formations qui se rendaient coup pour coup, pour le plus grand bonheur des amateurs du ballon rond qui ont vécu un moment inouï !
Rapides dans le jeu de transition, inspirés dans la finesse des passes, Achraf Hakimi et les siens avaient livré une prestation séduisante, notamment les incursions à répétition dans la surface adverse.
Une belle séquence offensive qui a abouti à un ciseau retourné du défenseur central El-Yamiq par une balle ricochant sur le montant après un corner !
Sous cette performance XXL des Lions de l’Atlas, les statistiques font état de duels au sol gagnés par les Marocains à hauteur de 57% contre 43% pour les Bleus et de luttes aériennes gagnées à hauteur de 60% contre 40% !
Bel exploit également dans cette demi-finale pour Azzedine Ounahi, qui évolue à Angers SCO en France. À la 10e minute, l’international marocain contrôle le ballon, drible deux défenseurs en repiquant dans l’axe et depuis l’angle de la surface, déclenche une frappe de 25 mètres à ras de terre qui oblige le gardien tricolore Lloris à s’étendre sur sa gauche pour repousser du bras.
Même satisfecit à l’endroit du médian défensif Sofyan Amrabat qui a encore illuminé tous les compartiments de jeu, quitte à se substituer en latéral droit pour courir dans le couloir et stopper la « fusée » Mbappé.
« L’Équipe », qui avait déjà révélé ses états de service depuis le début du tournoi jusqu’en quart de finale (41 balles récupérées, un record dans une Coupe du monde, depuis 1966), le qualifie volontiers de « rouleau compresseur en milieu», ou encore de « pierre angulaire de la récupération » de balle au sein de la sélection du Maroc.
Autant dire que dans la confrontation la France a gagné au score, mais nous devons à la vérité de reconnaitre que le Maroc a réussi dans cette demi-finale en la battant au match au terme d’une rencontre spectaculaire.
Peu de chemin vers le sacre en Coupe du monde.
L’équipe du Maroc a été battue par une équipe de France très forte, chevronnée, qui a disputé un match tactiquement impeccable. Raison pour laquelle les supporteurs africains qui ont suivi le match sur écran géant depuis leurs pays respectifs, sont déçus, mais si fiers de l’équipe marocaine qui s’est bien battue et est tombée les armes à la main.
Loin d’être un drame sportif national, cette défaite de l’équipe du Maroc est accueillie avec soulagement par une majeure partie de l’opinion publique mondiale. Le chemin du Maroc était si brillant, hors-norme au mondial, qu’il interdit de parler de hasard ou de bas niveau, reproches souvent collés à la peau des équipes africaines.
Pour l’Afrique, le chemin déjà parcouru en Coupe du Monde pour le sacre est plus long que le chemin qu’il reste à faire.