Le peintre Marcel Séjour parle de la peinture, de sa façon de peindre et de l’état d’abandon des arts plastiques.
Propos recueillis par Nawal Msaïdié
Masiwa – Pourriez-vous nous expliquer ce qu’est votre métier, votre art ?
Marcel Séjour – Je suis artiste peintre ; je fais des tableaux, qui sont figuratifs, c’est-à-dire que l’on voit tout de suite ce que j’ai voulu représenter ; personnages, paysages, objets, etc. Mon métier consiste à acquérir les moyens techniques pour représenter ce dont j’ai envie, de la manière qu’il me plait. Il me faut ensuite y consacrer tout le temps que je peux.
Masiwa – Que cherchez-vous a représenter en priorité ?
Marcel Séjour – Ce qui me séduit en priorité sont des éclats de lumières, c’est-à-dire la distribution des ombres et des lumières. Viennent ensuite les compositions des différents éléments, c’est-à-dire leurs proportions et leur place sur le tableau. Lorsque je peins je veux que le spectateur trouve beau ce que moi j’ai trouvé beau. Lorsque je peins une scène mahoraise, ou comorienne [NDLR : de la Grande-Comore pour lui], ou anjouanaise, je ne cherche pas à représenter ces îles ; je cherche à faire des jolis tableaux avec des éléments que je trouve dans ces îles. Si mes tableaux sont perçus comme des représentations j’en remercie le Ciel, mais ce n’est pas mon premier but. Mon premier but est de faire beau, parce que je veux que mon travail vive plus longtemps que moi, et la beauté survit toujours à la laideur.
Masiwa – Que pensez-vous de la valorisation des arts plastiques et visuels sur l’archipel des Comores ? Quel serait votre souhait pour l’améliorer ?
Marcel Séjour – Les arts plastiques et visuels, sur l’archipel des Comores, ne sont pas mis en valeur. C’est-à-dire que la société dans son ensemble, et les dirigeants en particulier, ne font pas grand-chose pour développer ce secteur de l’art. C’est un constat. D’où cela vient-il ? Je ne connais pas assez les sociétés de l’archipel pour tirer une explication de ce désamour. Il doit falloir chercher dans votre culture, et c’est donc à vous de me dire pourquoi les arts plastiques ont si peu d’importance.
Il serait peut-être possible d’inverser la tendance si la population dans son ensemble, ainsi que ses élites, commençaient à acheter des œuvres, ce qui stimulerait les artistes, c’est certain. Comment en arriver là ? Comment changer le comportement du public ? Là encore, je n’ai aucune réponse puisqu’il s’agit ni plus ni moins que de changer un pan entier de votre culture. Changer le regard comorien sur les arts visuels, est-ce possible ? Ce n’est peut-être pas la question qui compte. Changer le regard comorien sur les arts visuels, est-ce souhaitable ? C’est peut-être cette question-là qu’il faut poser à vos contemporains.
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