Dimanche 28 avril, vers 11 heures, le présidium du Comité directeur du parti « Le pari » présidé par Maitre Ibrahim Ali M’zimba a ouvert son premier congrès devant 200 militants. Il propose une nouvelle vision des institutions étatiques.
Par Hachim Mohamed
Près de 200 personnes (délégués, militants et sympathisants), venus des régions et même des autres îles étaient accueillis dans un une salle de conférence de l’hôtel Al Camar lodge le 28 avril dernier. Ils ont donné à leur formation politique, présente sur l’échiquier politique comorien depuis 2007, une nouvelle existence. Ils disent une forme adaptée aux besoins actuels.
Dès le début du congrès, les militants et sympathisants s’interrogent : comment comprendre les principaux enjeux politiques contemporains de Comores ? à partir de quelles grilles d’analyse et avec quelles approches faire adhérer les gens au projet du Pari ? quelles pistes de réflexion nouvelles faut-il explorer ? »
« Pour ce premier congrès, sachez que je suis le porte-parole de mon parti Le Pari, Maitre Ibrahim Ali M’zimba est le président d’honneur, Mohamed Ahmed Soilihi est le vice-président, le député Chukrane Mugni est le secrétaire général sans oublier Hamada Issa et Fahad Mzé Mbaba qui sont aussi membres du Comité directeur », a Mohamed Youssoif qui, en a profité pour rafraîchir les mémoires sur le programme politique du parti et regonfler le moral de troupes.
Instabilité politique
Pour Me Ibrahim Ali M’zimba, au sortir de la crise séparatiste et de la mise en place de l’Acccord-cadre de Fomboni de 17 février 2001, la vie politique aux Comores se lit généralement sous l’angle de règlements de comptes qui sévissent entre les barons locaux et chefs de clans.
Bien que la tournante qui est à sa quatrième édition n’a duré qu’une période relativement courte, deux décennies dans l’histoire politique comorienne, elle a complètement remodelé les fonctions des institutions aux Comores en redéfinissant les enjeux de pouvoir, en réorientant les formes économiques et en cristallisant de nouveaux intérêts…
« Vous savez, l’ex-président Mohamed Abdallah Sambi a mis en prison les partisans d’Assoumani Azali, et ce dernier, une fois à son tour président de la République a coffré, en représailles, les militants de l’ex-président Mohamed Abdallah Sambi », a schématisé Me Ibrahim Ali M’zimba.
À suivre la démonstration du discours du président fondateur du Pari, les 24 ans sous ce mode de gouvernance n’ont rien apporté si ce n’est l’effondrement de l’État, le déclin économique, l’élimination d’un camp par l’autre, la propension à s’agripper au pouvoir aussi longtemps que les barons le peuvent. C’est la raison pour laquelle face à la situation, le parti Le Pari cherche à réinventer l’État en réformant les institutions actuelles et en redonnant aux îles l’autonomie large et à concrétiser les aspirations légitimes du peuple en matière de développement socio-économique.
Interrogé par nos soins pendant la séance de questions aux journalistes sur ce volet ayant trait à la crise postélectorale, plus précisément au sujet du bras de fer entre l’opposition qui dénonce des fraudes lors de la réélection d’Azali Assoumani, Me Ibrahim Ali M’zimba continue de se réclamer de l’opposition en rappelant le pacte électoral avec le parti Juwa lors du double scrutin du 14 janvier dernier.
Toutefois, le président fondateur du Pari dit de ne pas avoir de compte à rendre au parti Juwa dans la mesure où sa formation politique a des options qui sont différentes de celles de ce parti d’opposition. Me Ibrahim Ali M’zimba est allé plus loin dans la clarification,
« Si Assoumani Azali décide d’appliquer les résolutions qui sont portées aujourd’hui à la connaissance de médias de la place, au cours de ce congrès, les parieurs vont travailler avec le régime contesté.».
Version rénovée de l’de Fomboni
Après avoir énuméré dans son long discours les déterminants institutionnels, politiques, sociologiques de l’échec de la tournante, le président des « parieurs » en a ressorti une version rénovée du nouveau récit de l’Accord-cadre 24 ans après.
En l’absence de mécanismes de succession acceptés par tous les acteurs et du respect des règles du jeu politique, comme composante centrale de réformes Me Ibrahim Ali M’zimba estime que l’institutionnalisation de règles de prise et d’exercice du pouvoir passe pour le Pari par sept résolutions du congrès dont trois semblent aux « parieurs » les leviers, on ne peut plus importants.
Concrètement il s’agit de la version rénovée de la tournante via une proposition d’un référendum avec un Premier ministre de la Grande-Comore (quand la tournante passe à Ndzuani et Mwali seulement) et le rétablissement de la constitution de 1978 qui donne à chaque île sa propre législature et sa politique fiscale tout en réservant un pouvoir exécutif fort au président de l’Union. La vision et le projet du Pari veulent inventer un nouveau mode de gouvernance dans un pays miné par ce déficit de mécanismes de limitation du pouvoir et qui laisse la porte ouverte à la corruption et aux abus.
Droit à l’assistance d’un avocat
Résultat d’une culture politique qui n’a que faire du respect de la personne et des institutions, aux Comores, il arrive de se faire arrêter et se faire jeter en prison, sans aucune forme de procès. Le Pari, qui a également placé les arrestations arbitraires et l’incarcération au cœur de sa stratégie, a fait un focus sur une personne gardée à vue qui a droit, entre autres à l’assistance d’un avocat de son choix.
Placé en garde à vue pour les nécessités de l’enquête préliminaire dans la procédure, il peut, selon Maitre Ibrahim Ali M’zimba, demander à ce que son employeur ainsi qu’un proche soient prévenus de la garde à vue par téléphone.
Partant du principe qu’en politique les circonstances peuvent vite faire basculer d’un mode de management à un autre, Le Pari, en plus de proposer un Plan de développement insulaire (PDI), est très porté sur un parlement avec la présence de représentants des îles et de la diaspora dénommés « sénateurs ».