Tous les jours de nouveaux cas de choléra apparaissent et chaque jour de nouveaux décès sont enregistrés à Anjouan. Malgré cela, une partie de la population continue à nier la présence du choléra dans le pays.
Par Naenmati Ibrahim
La situation sanitaire ne s’améliore pas à Anjouan où les habitants semblent tomber dans une forme de paranoïa dans laquelle la réalité et l’illusion se mêlent. Comment peut-on nier une maladie qui tue juste pour créer un débat politique ou une polémique ?
L’hôpital de Hombo, hôpital de référence de l’île, est submergé depuis quelques semaines, à tel point que même les malades dorment par terre. Des photos terribles de l’hôpital circulent dans les réseaux sociaux pour alerter la population, mais cela n’arrange rien. L’île est en train de sombrer et la maladie a atteint un niveau que même les médecins ont perdu le fil.
Les fortes pluies qui se sont abattu l’île ces derniers jours ont rendu l’épidémie du choléra plus agressive. Cette maladie de l’insalubrité a pris de l’ampleur à cause de ces intempéries et c’est une des explications de l’augmentation soudaine du nombre de cas.
Le gouvernement n’a pas encore déclaré l’état d’urgence pour l’île d’Anjouan.
Une grande partie de la population continue à croire qu’il s’agit d’une large opération politique, non pas pour empocher de l’argent en faisant de la propagande sur l’épidémie, mais amplifier la maladie pour ne pas dépenser beaucoup d’argent pour ainsi pouvoir faire ce qui est important aux yeux du gouvernement, comme l’investiture du 26 mai prochain. Tout paraît compréhensible, le ressenti des Anjouanais en ce qui concerne la politique est bien réel parce que dans le pays toutes les affaires sont politisées et même les affaires sanitaires deviennent des affaires politiques. C’est la raison pour laquelle la méfiance est là.
La tragédie est devenue la seule réalité que l’on rencontre à présent à Anjouan. Dans les rues, on entend que les sirènes des ambulances, un son plus que jamais funeste. Il suffit aussi de voir les photos des malades sur Facebook pour comprendre que la situation à Anjouan est dramatique, voire même chaotique. Cependant, jusque-là, rien de sérieux n’a été entrepris par le gouvernement. Les médecins anjouanais font de leur mieux avec les moyens qu’ils ont. Jusqu’à quand.
Lorsqu’on voit ces femmes et ces enfants qui s’effondrent comme s’ils avaient été atteints par les rafales d’un ennemi invisible, on comprend que l’ile est sur le point de s’effondrer. Pour apaiser un peu les cœurs des malades et soutenir les soignants, une société privée de télécommunications a fait un don de matelas et d’eau minérale à l’hôpital de Hombo.
L’épidémie s’est répandue à Mayotte
De par les nombreux voyages entre Anjouan et Mayotte, la maladie est arrivée jusqu’à l’île sous administration française. D’autres cas sont arrivés par les pays de la côte est africaine. Les médecins notent aussi des cas internes. Plus de 35 cas ont déjà été répertoriés essentiellement entre Kouguou et Mamoudzou. Pour lutter contre la maladie, la France à opté pour un vaccin et certains ont commencé à se faire vacciner. La vaccination devait aussi commencer dans les trois autres îles. On disait que le président Azali avait donné son accord, après des hésitations. Mais, plus d’un mois après, la population ne voit rien venir. Pour les citoyens comoriens, le président ne peut pas acheter le vaccin parce qu’il doit préparer son investiture, il a besoin de beaucoup d’argent pour les festivités.
Pourtant, les statistiques montrent une situation d’urgence. Au 1er mai 2024, au niveau d’Anjouan, il y avait 215 nouveaux cas de choléra. Au total, la maladie a touché dans l’île 3092 personnes dont 2846 ont été guéris et 63 ont trouvé la mort. Il restait encore officiellement 257 personnes encore malades.