Rien ne va plus entre Sangani et les militaires du camp situé sur les hauteurs de Mutsamudu, chef-lieu d’Anjouan. En début de soirée, samedi, la situation était toujours tendue. Par KAY
Tout a commencé, vendredi 26 février en fin d’après-midi, lorsque sept militaires du camp de Sangani auraient passé à tabac un jeune déséquilibré mental d’une trentaine d’années connu sous le prénom de Miki alias Babylone parce qu’il ne portait pas le masque anticovid. Le jeune aurait ensuite été conduit au camp militaire situé à quelques mètres de la bourgade, puis à la gendarmerie.
Après avoir été donné pour mort par certaines sources, il est certain maintenant qu’il est bien vivant. Certaines sources attestent même qu’il est libre.
Depuis vendredi soir, des barrages de fortune ont été érigés le long des voies d’accès à la localité. Entre temps, l’armée a appelé en renfort des éléments venus du camp d’Ongoni à 12 km de Mutsamudu.
L’AND a interpellé plusieurs personnes du village, certaines ont déjà été relâchées. Les habitants ont déserté leurs maisons depuis le samedi matin car ça tirait de partout. Selon des témoignages recueillis samedi, plusieurs portes de maisons ont été défoncées, certains riverains font le constat de pillages et de véhicules endommagés. L’armée rechercherait des jeunes qui leur tenaient tête depuis un bout de temps.
Aucun officiel ne s’est exprimé sur cette crise à Sangani.
Les raisons inavouées de ce qui pourrait s’apparenter à une expédition punitive
Il semblerait que les relations soient tendues entre les militaires et les jeunes de Sangani depuis le début de la crise sanitaire. Des jeunes excédés par les interventions musclées des militaires dans cette localité se seraient organisés et n’ont pas arrêté de harceler les militaires. Selon des sources concordantes, un militaire aurait même été tabassé par ce groupe. Ce serait donc dans ce contexte tendu qu’une patrouille de militaires est tombée nez à nez sur l’un des supposés membres du groupe en la personne de Babylone et que la situation a très rapidement tourné au vinaigre. Ils l’auraient battu puis ramené dans l’enceinte de la caserne.
Dans un mouvement spontané en réaction au traitement musclé et disproportionné du jeune homme, les habitants du quartier ont installé des barrages et se sont attaqués au mur du portail principal de la caserne et au grillage qui lui sert de clôture.
Un homme habitant dans les environs de Sangani joint au téléphone par Masiwa samedi matin confiait que « depuis hier soir nous n’avons pas fermé l’œil. Ça tirait de partout et ce matin, ça n’arrête pas de tirer. J’aperçois d’ici des cabanes saccagées, mais personne dans le quartier. Dès le soir venu, les habitants ont vidé le quartier par peur de représailles et se sont réfugiés dans la montagne et dans les autres quartiers de la ville de Mutsamudu ». Une femme que nous avons réussi à joindre à Sangani même, nous a pourtant confirmé quelques minutes avant que les habitants du quartier, du moins la majorité est restée sur place. Si, à Mutsamudu centre et dans le bloc administratif de Hombo, la population a vaqué à ses occupations, l’accès à Hombo à partir du consulat de France était filtré jusqu’en ce début de soirée.