Les Comoriens férus de culture, d’arts, de lettres et de sciences ont pu goûter aux joies du contact avec les livres avec la grande braderie et les deux journées de tables rondes organisées par l’Alliance franco-comorienne du 15 au 16 décembre.
Par Hachim Mohamed
La première journée de la braderie de l’Alliance franco-comorienne avait pour thème « Le domaine du livre et des bibliothèques dans la presse écrite et la place de la presse écrite en bibliothèque ». C’était le thème d’une table ronde qui a réuni libraires, éditeurs, auteurs, deux journalistes et quatre bibliothécaires et le modérateur, Aticki Ahmed. Il eut des interventions portant sur des techniques pointues, notamment sur la manière de répertorier et indexer les livres et les produits culturels. Un véritable débat avec une pédagogie et surtout une didactique professionnelle a obtenu l’approbation des passionnés de la production littéraire, les acteurs de la création du patrimoine immatériel. Les participants pourront ainsi choisir leurs bouquins sur les rayons de la bibliothèque en connaisseur et en toute lucidité.
L’ISBN au centre du débat
Pour Riama Moussa, la responsable de la médiathèque de l’Alliance franco-comorienne qui a animé dans les règles de l’art le panel, il est impossible d’évoquer didactiquement le classement et l’indexation des ouvrages sans connaître le numéro ISBN (International standard Book number). Elle a expliqué qu’il s’agit d’un cryptogramme qui est composé de dix chiffres précédés de 978.
Auteur du livre intitulé « Demain est un jour heureux » paru chez Kalam des Iles en 2021 et « Les oubliées de Général Charles de Gaule » sorti en 2023 chez l’Harmattan, le syndicaliste et humaniste Chabane Bourhane qui parlait au nom de cette maison d’édition se voulait plus nuancé sur l’ISBN, dans la mesure où il estime que même si on n’a pas ce numéro de code il est possible de faire son autoédition. « Même si, malheureusement, ce n’est pas toujours le cas, la maison d’édition a pour mission, entre autres, d’accompagner les écrivains à réaliser leur rêve, celui de publier un livre », a expliqué l’auteur qui partageait le même stand que le slameur et auteur de pièces de théâtre slamé, Mahmoud Bachirou et le poète, Cédric Merlan Bontépa qui représentait les éditions+.
Komedit, première maison d’édition comorienne
Sur les deux journées de la braderie, l’Alliance franco-comorienne a eu l’honneur d’accueillir, selon la responsable de la médiathèque, sept maisons d’édition, deux particuliers et une association.
Et s’il y a eu un éditeur, en ce vendredi, qui tenait une place particulière, après avoir tenu notamment le haut du pavé dans l’histoire de la production du patrimoine des Comores, c’est l’éditeur Komedit qui a été représenté dans les stands par Moinourou Saïd Charif. Elle a tenu à rendre hommage en shikomori à cette ancienne initiative de l’intelligentsia des Comores qui a permis à nos compatriotes de disposer d’une maison d’édition créée et dirigée par des Comoriens.
« Presse écrite » pour les enfants
S’agissant du domaine du livre et des bibliothèques dans la presse écrite, la table ronde était l’occasion de faire un focus sur la place prépondérante des enfants dans la découverte et la connaissance de l’information.
Sous ce rapport, selon la bibliothécaire Riama Moussa, les rayons de la médiathèque sont garnis de livres qui leur sont destinés. C’est une manière de rendre actifs les enfants, en stimulant leur curiosité afin de parfaire in fine leurs apprentissages.
« Vous savez la différence entre un enfant qui discute sur l’actualité sans avoir lu et un autre gamin qui lit la presse pour public jeune, lui il se démarque de son interlocuteur par sa capacité à comprendre et expliquer les choses », a-t-elle soutenu.
Absence de dépôt légal aux Comores
Pendant la table ronde, une polémique s’est invitée. Mboreha du CNDRS (Centre de documentation et de la Recherche Scientifique) a reproché aux auteurs comoriens de ne pas déposer un exemplaire de leurs œuvres à la Bibliothèque nationale. Chabane Bourhane, le syndicaliste au tempérament bouillant, lui a rétorqué que le dépôt légal en France est une affaire de l’éditeur qui se charge de l’ISBN et du dépôt du livre imprimé auprès de la bibliothèque nationale.
Pour la directrice de l’Alliance franco-comorienne, Anaïs Bonnet, qui avait ouvert la cérémonie, a estimé que la première édition de la braderie de livres n’a pas connu le même engouement qu’à Madagascar. Un pays où cette vente opérée sur la « voie publique de la maison » a connu une affluence considérable. Pour elle, cette situation changera l’année prochaine quand les gens auront pris goût.