Un duan, une prière religieuse devait avoir lieu jeudi 9 mai à Moroni en faveur de Mohamed Daoud alias Kiki et Ibrahim Abdourazak alias Razida, tous les deux originaires de la ville et récemment enfermés par le gouvernement.
Par Hachim mohamed
Le duan en faveur de deux enfants de Moroni, l’ex-ministre de l’Intérieur Mohamed Daoud, candidat aux dernières élections présidentielles et Ibrahim Abdourazak, porte-parole du gouvernement n’aura pas lieu. Un premier communiqué avait annoncé le duan pour ce jeudi 9 mai. Ce communiqué n’était pas signé, mais il parlait d’une cérémonie organisée par les Moroniens. Le deuxième communiqué, signé de la mairie de la capitale, dénonce l’ambiguïté du premier et rappelle que la mairie de Moroni n’est pas à l’origine de l’organisation de ce duan. Le premier communiqué semble provenir de militants et partisans qui travaillent à la mairie de Moroni.
Sur le document non signé, on pouvait lire : « … pour l’apaisement de la situation de Mohamed Daoud Abdallah alias Kiki, Ibrahim Abdourazakou alias Razida et ainsi que tous les frères emprisonnés ces derniers temps ».
Contre toute attente, les militants et sympathisants des partis politiques impliqués dans l’organisation du « duan » se sont réveillés le 9 mai avec une autre note d’information qui était libellée de la manière suivante : « La mairie de Moroni informe la population qu’elle n’a lancé aucune (…) pour une prétendue prière. Les instigateurs de cette manipulation croient vainement se cacher dans l’anonymat pour réaliser cette manipulation méprisable ». La mairie croit voir dans l’opération « une réunion politique déguisée ».
Jeudi, à 15h35 précise, une douzaine de personnes étaient déjà à la place de l’indépendance pour l’évènement. À leur grande surprise, ces militants et sympathisants des partis d’opposition se sont rendu compte que le portail du foyer des femmes était cadenassé.
Un déficit de chaîne de commandement clair
Le contre-ordre du communiqué du 9 mai a surpris plus d’un. La déconvenue a démontré, encore une fois, qu’à la mairie de Moroni les décisions sont prises de manière incohérente, un ordre pouvant immédiatement être suivi d’un contre-ordre.
Pendant que les gens étaient sur place devant le Foyer des Femmes et s’interrogeaient sur ce qui se passait, debout, le téléphone collé à l’oreille, un monsieur négociait avec un responsable de la mairie. Au bout du fil, son interlocuteur tentait de donner les raisons de l’annulation du premier communiqué.
Certains affichaient leur déception : « J’ai ouï dire que l’annulation du « duaan » a été marquée sur un mur Facebook. Mais vous pensez que tout le monde est sur cette plateforme ! Franchement, on a manqué de tact, d’organisation pour avoir fait venir les gens ici pour rien », s’est offusqué un brin dépité l’un d’eux.
Basse manœuvre politique
Femmes et hommes ont quitté la place de l’indépendance en petits groupes, marchant côte à côte en se plaignant de l’annulation de cette prière. Pour les gens cette décision de la mairie était inélégante. L’employé qui a décidé n’avait pas suffisamment pesé le pour et le contre avant d’opter pour le bon choix, celui qui aurait le moins d’effet négatif au vu de la situation crispante qui prévaut à Ngazidja sur le plan politique.
En effet, explique un homme en boubou le kofia bien vissé sur la tête, il est impossible d’expliquer cette déconvenue provoquée par l’annulation de cette prière sans évoquer la position du gouvernement qui tient coûte que coûte à faire croire à l’international à une stabilité pour protéger le passage en douceur vers le 26 mai et l’investiture. Il estime qu’il s’agit in fine d’une basse manœuvre politique visant à manipuler l’opinion publique.