Idriss Mohamed a été un des leaders du Front Démocratique, le parti dans lequel a milité le jeune Ali Mzé. Il revient sur le patriotisme et la modestie de l’homme qui vient de nous quitter.
Propos recueillis par MiB
Masiwa – Dans quelles circonstances avez-vous connu marhem Ali Mze ?
Dans les rencontres nationales de l’ASEC à la fin des années 1970. J’ai découvert un jeune délégué de la section de Lille, timide qui inspirait confiance.
Masiwa – Avait-il un rôle précis dans la lutte contre les mercenaires ou était-il un simple militant ?
C’était un cadre dirigeant de l’ASEC puis du FD même s’il n’appartenait pas au Bureau national.
Masiwa – A-t-il subi la répression consécutive aux événements de 1985 ?
Il a été arrêté et détenu au camp militaire de Voidju de mars 1985 à mai 1986, plus d’un an. Il a affronté la répression avec dignité.
Masiwa – Est-ce que la création du GSFA est une continuation du travail militant ?
Je ne peux pas l’affirmer. La question de l’éducation nous préoccupait beaucoup à l’époque. Je crois que dans les échanges en prison, il avait été question de créer des établissements privés.
Masiwa – La création d’une entreprise privée était-elle acceptée au sein de la direction du FD ?
Les écoles privées furent créées après les événements de 1985. Moi j’avais créé Comores Informatique en 1984. Nous (FD) avions créé des sociétés privées (Moroni électronique par exemple) pour nous renflouer. Et je ne me rappelle pas qu’il y avait des débats de ce genre.
Masiwa – Quels sont les traits de son caractère qui vous ont marqué ?
Sa modestie, sa disponibilité à se mobiliser lors des actions, son amabilité et un certain sens de l’efficacité
Masiwa – Qu’est-ce qui explique les éloges qu’il reçoit aujourd’hui à travers les réseaux sociaux ?
Principalement le GSFA qu’il a créé et porté sur ses épaules durant plus de dix ans. Le GSFA est l’établissement de référence du pays et il fut le principal acteur. Beaucoup de jeunes, devenus adultes, sont passés par là.
Son passé militant est peu connu du fait de sa discrétion.
Il fut candidat à la mairie de Moroni avec un soutien massif. On peut raisonnablement penser que ce sont les pratiques courantes (la triche) qui expliquent son échec, si on peut en parler ainsi.
Masiwa – Etes-vous favorable à un hommage de l’État ?
Je n’ai pas d’avis en la matière. Je ne serais pas choqué si cela l’était. Par contre il recevra un hommage populaire massif qui a déjà commencé. La tristesse est générale.
Sa disparition est une perte incommensurable pour le pays. Il nous manque et nous manquera pour toujours.