Le Réseau National des Jeunes Comores (AfriyAN Comoros) en partenariat avec la Direction de la Lutte contre le Sida a organisé le 21 décembre un « Café Médias » qui avait pour thème l’accès aux services adaptés pour l’information sur le VIH-sida, les grossesses non désirées et l’avortement non sécurisé dans son local à Moroni.
Par Hachim Mohamed
Le modérateur de la rencontre, le président du réseau national des jeunes Commes (AfriyAN Comoros), Anlaoui Said Mohamed a d’emblée rappelé l’engagement de contribution pris par les Comores lors du sommet réunissant les dirigeants africains à Nairobi en 2015 et qui malheureusement est resté une lettre morte.
Ce bouillant militant de la société civile s’est fait aussi un devoir de recentrer la perception du Sida dans l’imaginaire collectif selon que l’on est un citadin ou un villageois éloigné des services adaptés dans la prise en charge de l’infection VIH, éloigné des dépistages, traitements, distributions d’antirétroviraux, éducation thérapeutique, accompagnement psychologique…
Importante baisse du nombre de cas.
Selon la responsable du centre d’écoute, de la Direction de la lutte contre le Sida, Noussourati Abdallah Mohamed qui a livré les premiers éléments de la situation épidémiologique du VIH aux Comores, la prévalence VIH au niveau de la population comorienne prise sans distinction particulière dans sa globalité est à hauteur de 0,03%.
Noussourati Abdallah explique que les statistiques font état de 0,4 % pour les hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes (HSH), de 1,14% pour les usagers de drogues injectables (UDI) et de 0,79% pour les femmes travailleuses du sexe.
S’arrêtant sur les 14 nouveaux cas qui se sont greffés aux 295 anciens cas d’infections rapportés pour l’année 2022, la responsable du centre d’écoute de la Direction de la lutte contre le Sida précise que 11 de nos compatriotes sont de Ngazidja, 3 de Ndzouani et 0 de Mwali.
Mais en ramenant cette gymnastique de calcul au genre, les méthodes de quantification ont révélé de façon précise 5 femmes enceintes et 1 cas de coïnfection TB (Tuberculose) /VIH et 8 personnes sont de sexe masculin et 6 de sexe féminin.
De bons résultats ont été notés dans la mesure où sur 309 de nos compatriotes infectés depuis l’apparition de ces 14 nouveaux cas d’infection, 89% de personnes vivant avec le VIH connaissent leur statut sérologique, 69% sont sous traitement antirétroviral et 86% présentent une charge indétectable.
Ce premier « Café Medias » était aussi l’occasion pour la Direction de Lutte contre le Sida de marquer le coup sur ce que les scientifiques appellent la file active de la maladie qui permet de suivre la courbe de 94 PVVIH dont 42 du sexe masculin et de 52 de sexe féminin.
Par ces méthodes de quantification, à l’échelle des trois îles, la documentation statistique de la Direction de la Lutte contre le Sida dévoile que 73 patients sont de Ngazidja, 15 de Ndzouani et de 6 de Mwali.
Toutefois, s’agissant de données récentes, Mme Noussourati Abdallah Mohamed affirme que le taux de femmes vivant avec le VIH jusqu’à novembre 2022 représente 55% de la file active.
Pour revenir à la situation épidémiologique aux Comores, il apparait que depuis le premier cas de sida signalé aux Comores en 1988, force est de constater que les améliorations apportées au traitement ont entraîné une importante baisse du nombre de nouveaux cas de sida.
Chute de 27% de dépistage pendant la pandémie de la Covid19
Le sida est un de ces problèmes de santé publique ayant plusieurs répercussions psychosociales. À chaque période d’intensification de la lutte contre l’épidémie du sida, il arrive que de nouveaux obstacles se dressent pour mettre à l’épreuve les capacités d’innovation et de découverte de services adaptés.
Ce fut le cas pendant la pandémie de la Covid 19 selon la responsable du centre d’écoute de la Direction de la Lutte contre le Sida avec les mesures restrictives instaurées qui ont impacté négativement sur le programme VIH en termes d’accès aux services comme la prévention, le dépistage et la distribution des outils de prévention.
Voilà un handicap qui a fait que le taux de dépistage a chuté de 27% entre 2019 et 2020.
Rôle des médias dans la réponse nationale au VIH
Parlant des enjeux de ce « Café Médias », le président du réseau National des jeunes Comores (AfriyAN Comoros), Anlaoui Saïd Mohamed qui ne voulait pas sortir du sujet de l’accès à l’information pointue sur le Sida.
Il continuait les échanges par des interrogations qui interpellaient le public. Qui de nos compatriotes qui vivent dans les localités éloignées des centres urbains des trois îles, sait entre autres que la prise en charge des patients sidéens et la dispensation des ARV (Antirétroviro) à leur endroit sont gratuites dans les services spécialisés et qu’il existe aussi un appui nutritionnel apporté aux PVVIH et aux enfants nés de mères séropositives ?
Une manière dans cette interpellation de jeter la pierre dans le jardin des journalistes qui jouent un rôle fondamental dans la réponse au VIH par la diffusion des informations sur la problématique du VIH.
Quid de la loi promulguée en 2014 sur les personnes vivant avec le VIH, celle qui vise le domaine de la santé, le travail, l’éducation, la protection sociale ?
Que deviennent les enjeux de la vaccinothérapie qui offre une alternative originale aux patients chez qui l’infection est bien stabilisée par des traitements antirétroviraux, avec une charge virale devenue indétectable ?
Dans un contexte de laisser-faire, certains observateurs montrent que les relations sexuelles protégées diminuent parce que la population croit que le sida peut maintenant être guéri.