Depuis bientôt un an, le ciel comorien est envahi par un air barbouillé, entre autres, par des « élections » devant se tenir le mois de janvier 2024.
Par Said Yassine Said Ahmed, Auvergne-Rhône-Alpes
Depuis sept ans, les Comores baignent sous la chaleur de l’oppression et d’une politique liberticide, sous la chaleur de l’injustice et de l’insécurité. Le pays est asphyxié par la famine et la soif, de nombreux Comoriens n’ont pas la tête à la politique réelle. Leur seul souci majeur, c’est où, quand et comment on peut trouver à manger et une goutte d’eau pour s’hydrater. Avec ce souci premier, le vide s’invite dans la politique, les analyses désertent les audiences et la médiocrité occupe largement le terrain.
Comment dans un pays normal, des hommes comme Mohamed Daoud Kiki et Said Ali Chayhane oseraient se porter candidats à des élections populaires dignes de ce nom ? Comment un peuple digne de ce nom pourrait être à l’écoute d’Ibrahim Ali Mzimba, l’homme aux multiples facettes annonçant avoir quitté la politique par la grande porte et y retournant par une minuscule fenêtre dérobée, animé par la ruse ? Comment peut-on croire qu’à la veille des élections, des gens qui pendant sept ans suçaient le sang des Comores, au sein du régime qui se maintient toujours, jusqu’à ce que ce pays tombe inerte, sont en rupture avec ce régime qu’ils entretiennent ? Ils ont déposé des candidatures. Et nombreux sont ceux qui comprennent que ces candidatures ne sont que des candidatures auxiliaires à celles des personnes déjà choisies par Assoumani Azali. Une hypothèse qui est loin de souffrir d’irréalité. Déjà, la trajectoire empruntée par la candidature d’Assoumani Saandi, transformée en coup de pouce régional, est une illustration.
Farce ou cupidité ?
Alors croyant pouvoir persuader les éventuels abstentionnistes de la région la plus peuplée de Ngazidja, le Bambao, d’aller voter, Said Ali Chayhane invente une fable de rupture avec le régime qui a fait de lui ce qu’il est aujourd’hui, en tout cas avec l’homme dont le biberon l’a nourri. Farce.
L’ile d’Anjouan est considérée comme une terre conquise par le pouvoir. C’est d’ailleurs pour cela que la CRC et Assoumani Azali n’ont pas mis de candidat serre-joint. Donc Dr Zaidou Youssouf, le mari de la ministre de la Santé, candidat au gouvernorat d’Anjouan a eu la bénédiction d’Azali étant un futur bon élève. Chamina Ben Mohamed, candidate choisie par la CRC pour l’île de Mohéli, compte sur le ralliement d’Abdallah Said Sarouma Chabhane après avoir, selon leurs calculs, ramassé certaines voix dans l’ile.
C’est dans l’ile de Ngazidja que l’aventure est périlleuse pour le régime en place. Ibrahim Mzé, candidat de la 5e B et de Nour El Fath Azali, parait vulnérable. Ce technicien n’est pas un homme de terrain. On en conclut que même le vide à Ngazidja fait peur au régime. Vide, car aucune candidature d’envergure et digne de ce nom aux élections de gouverneurs n’a été annoncée. Mais la malhonnêteté chasse la certitude. Mais, ici le régime a peur, alors qu’il peut se croire sans obstacle. La peur de l’incertitude le ronge de l’intérieur. Seul sur le terrain pour les gouverneurs, mais toujours érodé par la frayeur de perdre ce qui est déjà dans ses mains.
Une autre figure, candidat dissident de la CRC, Said Ali Chayhane pourrait être avancé, même si l’hypothèse souffre d’un faible pourcentage. Said Ali Chayhane a compris que « umuri webaki mshashi emwinyi ye huupvama ». Servir pendant plus d’une décennie le père et se trouver sous les pieds du fils pourrait être révoltant. Donc, il est possible que ce soit une candidature à contrecœur, venant d’une fierté qui se relève soudainement. Qui vivra verra.