Personne ne peut rester passif devant l’égarement de la jeunesse de notre pays. Beaucoup de nos jeunes sont dans le désespoir. Ils vivent en ce moment un désespoir total, parce que certains de nos dirigeants ont voulu cela. Aucune solution ne leur est proposée pour leur avenir.
Pour cela, beaucoup de nos jeunes se carburent à l’alcool, se jettent dans la drogue, semant bien évidemment la peur et l’incompréhension totale sur leur route. Sous nos yeux, nous voyons nos jeunes tribalisés par nos politiques qui ne forment pas, qui n’enseignent pas, qui ne proposent aucun programme véritable pour le pays. Des politiques qui corrompent et utilisent les jeunes parce qu’ils représentent plus de 60 % de la population comorienne, pour leur ascension au pouvoir.
Pour une société comme la nôtre, cette « dérive » constitue une véritable catastrophe. Nous sommes-nous déjà posé la question de savoir qui est responsable ? Peut-être, oui ! Mais que la solution n’est toujours pas trouvée. Je ne vais certainement pas fustiger des gens. D’habitude, on dit que les responsables sont les parents, les hommes et les femmes politiques, le bon Dieu, « c’est Dieu qui a fait cela » ou bien « c’est Dieu qui a voulu cela », « c’est écrit par Dieu, il ne pourrait donc pas l’échapper ». Pire encore, certains accusent Satan « il est hanté par des fantômes, c’est pourquoi il est comme ça… ».
Sans chercher à savoir pourquoi une telle situation nous paralyse, jamais nous ne retrouverons la solution. Il est donc temps de passer à l’action pour construire notre pays. Les jeunes doivent prendre leur destin en main. Oui, l’heure a sonné pour que le peuple se réveille enfin. Ne fondons surtout pas notre espoir sur des dirigeants qui se servent de notre jeunesse pour leur gagne-pain.
La délinquance augmente chez nous, dans notre pays. Des jeunes de moins de 15 ans fument de la drogue, boivent et deviennent les rois et reines des boîtes de nuit. Quelque chose qui n’existait pas il y a vingt, trente ans en arrière. Mais, tout cela n’inquiète personne. La jeunesse doit être mise face à elle-même, en lui soulignant sa part de responsabilité dans l’enfoncement de notre cher pays.
Ce ne seront ni des fonctionnaires ni des intellectuels étrangers ou internationaux qui viendront résoudre ce problème qui décime notre pays. C’est à nous, Comoriens, de trouver et apporter des réponses véritables pour le pays que nous tous, prétendons aimer. Comment une société peut changer pour l’excellence, sans effort ? Qu’est-ce que nous devons faire pour progresser ? Il serait peut-être mieux que chacun de nous se pose ces questions, à commencer par les jeunes eux-mêmes. Ces quelques lignes n’ont certainement pas les solutions nécessaires pour sortir notre pays de l’impasse où nous nous trouvons actuellement, mais les écrire à destination de nos politiques, de nos parents, des jeunes, des associations d’aide humanitaire, ou de développement communautaire, de la société civile, entre autres, suscitera peut-être le débat. Nous devons imposer le débat d’idées chez nous. Oui, nous avons tous soif de débats sains, auxquels nous pourrons prendre en considération les questions ainsi que les réponses qui changeront le cours dangereux des choses.
Je ne suis pas en train de dire que tous les jeunes sont dangereux, corrompus et/ou des drogués. Il y a encore des jeunes qui ne sont pas pollués. Nous avons encore des jeunes qui souhaiteraient travailler pour mériter leur réussite. Des jeunes qui se sentent responsables de leur destin, il y en a encore dans notre pays. Mais, ceux qui tiennent les manettes les marginalisent. Nous avons ces jeunes qui sont sans salaire depuis des mois et des mois alors qu’ils assurent le métier de médecins, d’administrateurs ou d’enseignant dans nos écoles primaires et secondaires.
J’écris ces quelques lignes pour que chacun de nous se sente concerné. Pour raconter ce que je sais de notre pays. Je peux me tromper, mais il est temps de réagir avant qu’il ne soit trop tard ou de dire encore une fois « je ne savais pas ce qui se passait chez moi ».
J’expose ici un bilan qui attriste beaucoup de nos concitoyens qui se donnent encore le temps d’analyser les démarches malsaines de certains de nos dirigeants vis-à-vis du peuple comorien. Ils se demandent avec beaucoup d’angoisse quand va vraiment s’arrêter le cauchemar. Les Comoriens vivent le cauchemar au quotidien. En 1997, par la mauvaise gouvernance, partout où ils se trouvaient, les Comoriens ont vu leur pays avancer en galop vers une séparation totale de nos îles, annoncée par les séparatistes.
Pourquoi devons-nous nous inquiéter ? Tout simplement, parce que tous les fondements sur lesquels un État de droit doit se reposer sont en train de connaître des déclins chez nous. Quels sont-ils, ces fondements ? Nous abandonnons progressivement les valeurs de solidarité héritées de nos parents, engendrées par la conscience d’appartenir à une même histoire, et à un même territoire géographique pour construire notre destin. Certains se croient différents des autres. D’autres sont prêts à fuir notre pays pour vivre ailleurs où ils pensent pouvoir s’en sortir mieux que sur place.
Le respect des lois, de la Constitution, est le dernier des soucis de nos dirigeants. Le respect des autres n’est plus une valeur à défendre, car on est prêt à se salir soi-même, en détournant les caisses du village, de l’association, de la région, puis de l’État une fois aux commandes. Bref, on ne respecte plus sa personne, ne parlons pas de celle des autres. Le chacun pour soi prime sur certains parmi nous. Ce triste constat peut nous amener à nous poser cette question cruciale qu’est-ce qui intéresse nos responsables ? À l’évidence, la réponse qui nous vient en premier est : le paraître. Le paraître nous transforme et transforme notre société. Il oriente nos efforts vers le monde illusoire des apparences. Il est absolument temps de changer.