C’est parti pour un nouveau mandat, encore cinq belles années pour le président « réélu », grâce à la bénédiction de la CENI, confirmé par la Cour suprême, des instances instaurées, par le régime en place et qui, de facto, dirigeaient les élections.
Par Abdillahi Mohamed, citoyen
En moins d’une décennie, Assoumani Azali a prêté serment à trois reprises. Du jamais vu dans cette République loin d’être bananière.
À se demander, à quoi servent toutes ces prestations de serment, surtout pour des candidats qui savent pertinemment qu’ils n’ont pas été élus, seuls les mensonges et la fraude ont pris le dessus.
Au lieu de gaspiller tant d’argent pour rien alors qu’il pourrait servir ailleurs sur les dommages causés par les dernières inondations et aussi s’occuper des cas de choléra qui vont crescendo, surtout sur l’ile de Ndzouani qui a déjà enregistré, le 26 mai, 100 décès, d’après un citoyen incrédule.
Décidément, à en croire les anciens c’est un pays exceptionnel dans un environnement si extraordinaire. Certes, après « la révolution soilihiste », suivie de la période douloureuse et tragique des mercenaires, puis ces différents coups fourrés, réussis ou échoués, et actuellement la présidence tournante qui ne tourne pas avec des élections érectiles et éjectables au bon vouloir d’un seul homme. « Ce que le chef veut, les autres le font ». En effet, le patron ordonne, les courtisans exécutent sans broncher.
Que dit la population après cette investiture de plus ? Ni plus ni moins pour le moment.
Un pays dans lequel l’inflation est galopante et quotidienne où chaque commerçant, grossiste ou détaillant, voudrait écouler ses produits comme bon lui semble, sans se soucier de qui que ce soit ou de quoi que ce soit. Que dit la population après les querelles intestines de l’opposition manquant de stratégie ou de consensus pour sortir de la crise ?
En vérité, chaque camp de politiciens voudrait mener le « bateau ivre » qui ne fait que tanguer, dans sa propre direction, aussi incertaine, soit-elle.
Que dit la population qui, après un constat d’échec général, ne voyant rien de prometteur ni de rassurant qui s’offre à elle ?
Nous vivons dans un pays ou un ministre ou un super directeur d’une institution ou d’une société d’État n’a aucun compte à rendre ni un bilan à effectuer après leur passage à la tête des départements ou des sociétés.
Il est à remarquer malheureusement que depuis belle lurette cet archipel poissonneux, avec probablement des hydrocarbures non exploités à ce jour, aucun programme pour un régime en place ne s’est concrétisé pour le bien-être du peuple ni un plan d’action de développement fiable et durable n’est suivi sérieusement afin d’obtenir des fruits communs pour un lendemain enchanteur !
« Il faut attendre, à en croire un ancien ministre devenu conseiller à Beit Salam, ne soyez pas si pressés, nous arrivons ». « Il faut espérer tas d’imbéciles que nous sommes », ironise à son tour un religieux lors de son sermon concernant le propos de ce ministre.
Ainsi va la vie en Union des Comores « comme mort », murmure un habitant qui n’a plus rien d’autre à perdre sinon sa salive.
Devant ce cafouillage de gouvernance toujours opaque, sans aucune garantie d’un avenir certain, le peuple se demande de quoi sera fait demain, lui qui dans sa majorité écrasante parvient difficilement à joindre les deux bouts pour… autant de besoins que de rêves !
Un long cauchemar mêlé d’une certaine illusion pour pouvoir vivre, survivre, que sais-je encore.
Laissons donc le temps faire son œuvre, fût-ce, au nom de la morale.