Comment ne pas s’adresser à la Cour Suprême en ce moment cardinal. Le destin du pays est dans vos mains. Votre décision déterminera le devenir du pays, elle sera inscrite en lettre d’or ou de feu dans l’Histoire du pays et vos noms y seront associés.
L’Union Africaine remet en cause le déroulement des élections même si elle le fait dans des termes diplomatiques. C’est un fait rarissime pour cette organisation qui témoigne d’un déroulement inacceptable des élections. Elle invite, comme cela est conforme à son fonctionnement, les acteurs à régler les contentieux dans la légalité, en clair elle invite les opposants à se maintenir dans la légalité et donc à poser des recours devant votre Cour.
Dès lors se pose la question des recours. Sur quels éléments objectifs peuvent-ils reposer ? Un avocat de la place a engagé un travail dans ce sens et cherche des témoignages. Car l’élément objectif sur lequel un recours peut s’appuyer ce sont les PV des bureaux de vote. Or il n’y en a pas. On peut affirmer que les Comores ont innové ou s’intègrent dans un cercle très fermé des pays ayant organisé des élections sans PV des bureaux de vote.
Les dirigeants de la Mouvance Présidentielle explique ce fait gravissime sans précédent par les menaces de l’opposition qui appelait à casser les urnes et qui l’avaient fait dans certains endroits ! Pour elle, sécuriser les élections c’était faire ramasser les urnes par l’armée et compter les voix dans des conditions qui ne peuvent être que suspectes. Cette intervention de l’armée n’est absolument pas acceptable. Sécuriser les élections c’est empêcher que des semeurs de trouble pénètrent dans les bureaux de vote pour créer du désordre voire saccager les urnes. C’est aussi assurer que le vote se déroule normalement dans la durée légale, que des bureaux de vote ne soient pas fermés avant la clôture du scrutin.
On peut donc craindre que les candidats battus ne déposeront pas de recours. Car même s’ils semblent contenir leur colère et préconisent un règlement pacifique de ce qu’il faut bien appeler une crise post électorale ils ont été échaudés par la Commission Électorale Nationale Indépendante et ils soupçonnent la Cour Suprême d’être aux ordres du pouvoir qui les a nommés.
Il vous revient donc en votre âme et conscience de trancher. Sur quoi allez-vous vous baser puisque vous ne disposerez pas de l’élément objectif préconisé les PV des bureaux de vote ? Le contexte, le rapport des forces, les pressions, le poids du pouvoir, le sort personnel, le destin du pays, votre conscience citoyenne, … ?
Le pays est sous tension. Ceux qui minimisent la colère grandissante des citoyens et qui croient pouvoir tout soumettre par la force mènent le pays vers un désastre, sapent la stabilité du pays et la paix civile. Le risque d’explosion sociale incontrôlée ne doit pas être minimisée.
Le pays espère une décision juste qui s’appuiera sur des arguments à même d’apaiser les tensions et d’ouvrir des perspectives. La Cour Suprême gagnera une nouvelle crédibilité ou en perdra définitivement, le pays disposera ou non d’une instance faîtière digne de ce nom et pourra ou non envisager la suite dans une paix fondée sur le droit.
Un État sans droit, un État sans Institutions respectant scrupuleusement le droit, c’est une jungle. A la Cour Suprême de décider de la nature de l’État comorien.
Idriss (31/03/2019)