Les Comores, cet archipel d’une beauté indéniable, connu pour ses paysages époustouflants et sa richesse culturelle, se retrouve aujourd’hui englué dans un drame poignant dont le silence des instances internationales pourrait bien en faire des complices. Alors que la Gendarmerie nationale, qui devrait être synonyme de protection et de sécurité pour les citoyens, paraît souvent dévoyée de sa mission première, nous faisons face à un parquet qui semble aveugle aux réalités alarmantes qui se déroulent sous nos yeux. Cela contribue, depuis ces dix dernières années, à une spirale d’injustice et d’impunité qui fait frémir les cœurs et les esprits de ceux qui sont encore dotés de conscience. Il est grand temps d’interpeller le bureau des Nations Unies aux Comores, ainsi que la Délégation nationale des Droits de l’Homme sur leur inaudible silence et l’inaction qui en découle, car celui-ci ne peut plus durer.
Nous assistons, depuis trop longtemps, à des violations flagrantes des droits humains, où des militaires et des civils, sans distinction, perdent la vie, souvent sans procès ni possibilité de se défendre. C’est le cas du militaire Bapalé, enterré avec ses vêtements à Anjouan et dont la communauté locale et ses proches ont dû se battre sous les feux et menaces de l’armée nationale pour déterrer le corps et lui redonner sa dignité de défunt comme le veut l’Islam. Les détenus, pour la plupart innocents, se retrouvent enfermés dans des camps militaires, souvent sans même avoir été formellement inculpés. C’est le cas de nombreux jeunes interpellés lors des manifestations qui ont eu lieu au lendemain des élections contestables de janvier 2024. Cette situation, empreinte d’iniquité, ne peut être tolérée ni ignorée. Les cas de détention arbitraire, qui se multiplient jour après jour, non seulement rendent les familles profondément angoissées et désespérées, mais engendrent également un profond sentiment d’impuissance et d’effroi au sein de la population.
La sphère internationale, qui a la responsabilité morale et éthique de veiller au respect des droits humains, se doit de se prononcer et d’agir face à cette crise inacceptable. L’inaction des Nations Unies et des autres organisations des droits de l’homme dans ces circonstances tragiques est non seulement déconcertante, mais également intolérable. Le rôle de ces entités n’est pas seulement d’observer, mais également de protéger les droits fondamentaux de tous, de dénoncer les abus, et d’apporter une voix aux sans-voix. Or, ici, le silence pèse plus lourd que la répression elle-même, créant ainsi un espace propice à l’arbitraire et à l’injustice, un climat où la peur peut prospérer sans entrave.
Les enquêtes soi-disant ouvertes et couvertes sur les morts suspectes survenues dans les camps militaires, ainsi que la détention continue et illégale de citoyens, sont des signes préoccupants de la dégradation de la justice et de l’état de droit aux Comores. Ces actes récents, loin d’être des incidents isolés, s’inscrivent dans un schéma alarmant de violence et d’oppression qui frappe non seulement les individus, mais aussi les fondements même des méthodes de gouvernance de notre pays.
En cette période cruciale, nous interpellerons ici le bureau des Nations Unies aux Comores et la Délégation nationale des droits de l’homme : l’heure n’est plus à l’indifférence ni au laisser-aller. Ce qui vient d’arriver au Chef de l’État est peut-être un signal de rappel pour corriger la justice.
Il est impératif que ces organes s’engagent fermement pour faire respecter la loi et protéger les droits humains. Montrez-nous que votre mission n’est pas simplement un vœu pieux, mais un engagement concret envers tous ceux qui souffrent injustement. La voix des victimes doit être entendue, et leurs droits doivent impérativement être restaurés afin que la justice puisse enfin prévaloir en Union des Comores.
Dans ce combat pour la dignité et la justice, il est crucial que le monde entier prenne conscience du cri silencieux des Comoriens. Les Nations Unies et la Délégation nationale des droits de l’homme ont un rôle fondamental à jouer, et l’Histoire se chargera de juger de leur réponse face à cette crise fondamentale. À la Présidente du CNDHL, se lever pour les droits humains n’est pas seulement un devoir ; c’est un impératif moral qui doit résonner à travers chaque nation, se propageant des couloirs du pouvoir jusqu’aux rues où l’injustice règne en maître. Que ce soit un appel à l’action pour éclairer les consciences et susciter les engagements nécessaires à une véritable protection des droits de tous. En ignorant ces signes, ne vous étonnez guère de la brutalité du prochain réveil des Comoriens.
Faltack Mbaé CharifCitoyen comorien de la Diaspora