Créé après le «coup d’état électoral du 24 mars», le collectif composé de femmes, Ufahari wa komori compte dénoncer le pouvoir, «informer et sensibiliser les Comoriens» et «porter la voix d’une jeunesse soucieuse du devenir de son pays». Propos recueillis par BIM
Masiwa : C’est quoi Ufahari Wa Komori ?
Ufahari Wa Komori : Ufahari Wa Komoriest un collectif de femmes qui s’est créé en réaction au coup d’état électoral du 24 mars 2019 et à la répression du pouvoir contre son peuple. Créer Ufahari est pour nous le moyen de montrer notre indignation envers les exactions du régime aux Comores.
Masiwa : Quels sont vos objectifs?
Ufahari Wa Komori : Nos objectifs sont de dénoncer la dictature du régime actuel, informer et sensibiliser les comoriens, où qu’ils soient. Nous souhaitons que chaque Comorien se sente concerné, et qu’il agisse à son niveau, pour défendre les droits humains et les libertés fondamentales, à travers des interventions non-violentes.
Cela passera par des actions qui visent à conscientiser la jeunesse sur les sujets sociétaux desquels elle doit s’emparer pour faire bouger les lignes et changer la donne.
Masiwa : On parle de combien de personnes?
Ufahari Wa Komori : Ce n’est pas un nombre défini, car des femmes adhèrent et s’ajoutent au mouvement lancé, tous les jours. De plus, nous ne communiquons ni sur l’origine, ni sur le nombre et la localisation des Wafahari.
N’étant pas une association ni une structure, on y retrouve une liberté d’expression et d’action sans hiérarchie.
Masiwa : En quoi Ufahari est-il différent des autres?
Ufahari Wa Komori : Nous sommes un collectif militant composé uniquement de femmes. Nous ne sommes affiliées à aucun parti politique. À l’initiative de la première manifestation parisienne, qui a eu lieu le 07 avril 2019, le collectif souhaite porter la voix d’une jeunesse soucieuse du devenir de son pays.
Masiwa : Pensez-vous vraiment influer sur le pays d’aussi loin?
Ufahari Wa Komori : C’est déjà le cas ! Et si nous n’influons pas sur le pays, nous pensons et espérons d’ores et déjà avoir un impact sur les membres de sa diaspora. La mobilisation du 07 avril en est une parfaite illustration. pour information, c’était la 2ème plus grande mobilisation de comoriens à Paris, après celle qui a eu lieu suite au crash de la Yemenia en 2009.
L’un des objectifs du collectif est d’initier des discussions dans lesquelles la jeunesse comorienne qui représente plus de 60% de la population aura toute sa place.
De plus, même si nous n’avons pas encore organisé d’actions sur place, nous savons pertinemment que celles que nous avons faites parviennent au pays notamment grâce aux réseaux sociaux. Il est important pour nous de montrer notre soutien à ceux et celles qui sont aux Comores et de mettre la lumière sur la situation. S’exprimer dans des médias internationaux est un moyen d’attirer l’attention, de mobiliser en dehors du pays et ainsi d’avoir un impact plus important encore. Nous avons dernièrement été interviewées par Aj+ français ce qui a considérablement élargi notre audience. Nous avons espoir que ce soit le premier d’une grande liste de médias à faire entendre notre cause.
Masiwa : En dehors des réseaux sociaux et des médias traditionnels, par quel biais comptez-vous être présents sur le terrain?
Ufahari Wa Komori : En allant à la rencontre de nos pairs. Nous croyons en l’adage “seul, on va plus vite, ensemble, on va plus loin.” Nous sommes entrain d’organiser des rencontres, des débats lors desquels nous mettrons sur la table les sujets qui importent aux Comoriens. Ces rencontres seront l’occasion de faire émerger des idées, de les confronter et surtout de les concrétiser !
Nous sommes également présentes aux mobilisations qui ont eu lieues depuis le 07 avril, aux différentes réunions d’information et d’organisation.
Masiwa : Vous participez aux Actes de mobilisation en France, quel est le but?
Ufahari Wa Komori : Le but premier est de s’exprimer. Nous sommes conscientes qu’il n’est pas à la portée de tous.tes notamment celles et ceux qui sont aux Comores de pouvoir prendre la parole, nous faisons donc en sorte d’être leur voix. Ensuite, le fait de participer aux manifestations est également un moyen de sensibiliser sur la cause que nous défendons.
Masiwa : Bientôt, à l’Assemblée nationale, une proposition de loi sera examinée. Elle concerne le redécoupage des circonscriptions avec 2 sièges réservés à la diaspora. Ufahari prendra-t-il part aux législatives?
Ufahari Wa Komori : En ce qui concerne les législatives, la réponse est non. Nous ne sommes ni un parti politique ni affilié à un parti. En tant que militantes, nous sommes politisées mais pas des politiques. Autrement dit nous nous intéressons à la politique et au fait de développer des réflexions et des pratiques qui en relèvent, mais sans pour autant vouloir des postes politiques.
Ce que nous voulons est une réforme profonde du système en place.