La pénurie de gazole qui a sévi la semaine dernière à la Grande-Comore a causé bien des tourments aussi bien aux automobilistes qui ont eu beaucoup de mal à remplir les réservoirs de leurs voitures qu’à la SONELEC (Société nationale d’électricité) dont les centrales fonctionnent au gazole. Par Hachim Mohamed.
Au-delà de la crise actuelle, l’approvisionnement en produits pétroliers et la gestion des denrées alimentaires dont 80% proviennent des importations restent souvent problématiques aux Comores.
La pénurie de carburant était déjà là depuis plusieurs jours, mais la crise est devenue plus évidente quand cette situation a provoqué dans la capitale un blackout total pendant deux jours. Toutes les lumières furent éteintes partout.
Le 4 août, les responsables de la Société comorienne des hydrocarbures annoncèrent que le pétrolier qu’ils attendaient mouillait au large du port de Moroni, mais que les moteurs du bateau étaient tombés en panne.
40 heures sans lumière dans la capitale.
En écoutant l’opinion publique, la principale cause de la pénurie est la mauvaise gestion de la SCH, le manque d’anticipation du gouvernement.
C’est la coupure de l’électricité, faute de gasoil pour faire fonctionner les moteurs qui a été plus perçue. Les gens ont été touchés à cause de l’impossibilité de recharger leurs appareils ou de la perte des aliments qui étaient dans les frigidaires.
« 40 heures sans lumière dans la capitale ! Incroyable. Les activités en matière de fourniture de carburant et d’électricité ont toujours posé problème dans notre pays. Les 46 ans d’indépendance n’ont servi à rien ! », enrage le boutiquer Deco de Djomani qui se soucie pour son frigo qui était plein de denrées.
Une véritable foire d’empoigne
Quatre jours avant le blackout total sur Moroni et dans d’autres villes, à 17 heures, Said Ali, Nourdine Achirafi et BH Ivessar étaient à la station Mouzdalifa à Hadoudja, à la recherche de gasoil, devenu une denrée précieuse rare. De longues files interminables de voitures qui se suivent par petits sauts mécaniques.
Said Ali, venu en 4/4 et Nourdine Achrafi avec la voiture du service de vaccination, attendaient dans cette longue file. Le premier était là depuis 11 heures et Nourdine Achrafi depuis 13 heures. Pourtant, ils étaient encore loin des distributeurs de gazole.
D’autres personnes attendaient également, un ou plusieurs bidons à la main, afin de repartir coûte que coûte avec quelques litres de carburant. L’agitation était donc inévitable. Ce fut une véritable foire d’empoigne.
« Tu ne peux pas imaginer ce qui m’est arrivé ! je conduis un « 7 places », un minibus qui dessert Ntsaweni jusqu’à Moroni. Je suis passé par trois stations d’essence avant de venir à Hadoudja où ma voiture est garée depuis 6 heures du matin. Il fait 17 heures passées et tu vois ce que ça fait en attente », fait savoir BH Ivssar qui avait fait auparavant une « scène de chauffeurs » quand on a voulu déplacer son bidon au profit d’un autre.
La mauvaise gestion
Cette pénurie tant dénoncée dans les réseaux sociaux n’est que la pointe de l’iceberg d’une question beaucoup plus complexe, celle de gestion de la Société Comorienne des Hydrocarbures. Pourtant, même si la « pénurie » de carburant paralyse les transports et qu’il y a des difficultés de ravitaillement de produits pétroliers dans les stations d’essence du pays, cela ne signifie pas nécessairement que la société nationale d’hydrocarbure n’est pas en mesure de répondre aux demandes du marché et de la clientèle.
Plusieurs témoignages convergents vers le fait que plusieurs personnes abusent d’une carte d’essence et que cela reste contraire à la bonne gestion des deniers publics. Selon des sources sûres, plusieurs problèmes internes se posent : évaluations sommaires, décisions incohérentes, gestion erratique, à la petite semaine, règles floues, absence de suivi et procrastination constituent des facteurs explicatifs.
Un employé de la boite qui a requis l’anonymat explique qu’à la différence de l’actuel Directeur général, Oumara Mgomri, l’ex-Directeur général, Aboubacar Mzé Cheikh qui avait laissé sept milliards avant de quitter la boite savait analyser les besoins et déterminer les solutions d’approvisionnement les mieux adaptées à la demande.