Pendant que l’opposition réagissait, le président et la mouvance déroulaient un plan bien défini depuis 2017. Assises nationales, referendum puis élections anticipées n’ont été que des étapes vers la marche au « gwa ndzima ».
Par Ali Mbaé
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Sans surprise, la chambre administrative et constitutionnelle de la cour suprême a proclamé Azali Assoumani président de l’union des Comores. Sur 13 candidats, il a obtenu miraculeusement un score de 59,05% suivi par le candidat du principal parti de l’opposition Juwa. Cette victoire est perçue chez certains sans surprise. C’est le clap de fin d’un script écrit et déroulé page par page depuis déjà presque deux ans.
Tout a commencé par la décision qu’il a prise et rendue publique le 12 avril 2017. D’abord,
en changeant les arbitres du jeu. Il transféra «provisoirement» mais définitivement, les compétences du gardien de la constitution comorienne, la cour constitutionnelle à une cour suprême dont il a les prérogatives de nomination de tous ses membres.
Une décision contestée et jugée «illégale» et «dangereuse» pour l’état de droit par l’ancien chroniqueur du journal Al watwan, Mohamed Rafsandjani, évincé depuis d’ailleurs. Dès lors, le président a eu carte blanche, pour imposer sa vision du devenir du pays. Et visiblement, la Commission Électorale Nationale Indépendante avait aussi un rôle dans cette partition musicale. Un temps placé en détention provisoire, suite à un audit de la cour des comptes, révélant 153 Millions dépensés sans preuve, le président de ladite commission est reconduit à la tête de l’institution.
Des assises au boycott du référendum
Le président de la république a saisi l’opportunité de l’initiative citoyenne d’organiser des assises nationales pour «faire le bilan des 42 ans d’indépendance» pour imprimer sa marque et sa vision. L’opposition n’a pas pris part. Elle soupçonnait une instrumentalisation des assises nationales par le pouvoir. Finalement, elles ont eu lieu et ont donné naissance à des recommandations, dont une nouvelle constitution et un referendum pour la valider.
Le referendum sera organisé le 30 juillet 2018. Encore une fois, l’Union de l’opposition se retira. Craignant un hold-up électoral, elle appela ses militants et sympathisants à boycotter le scrutin. Un appel qui sera entendu puisque
les observateurs nous parlaient de 20% de taux de participation,
mais n’avaient pas pu rendre leur rapport public. Ils avaient été priés de plier bagages, quelques minutes avant la conférence de presse prévue. Les résultats proclamés par la CENI et validés par la cour sont mémorables 92% de oui et 63,9% en taux de participation.
Principaux opposants écartés
Après, Azali Assoumani se retrouve avec deux opposants farouches. Le chef de l’union de l’opposition et l’ancien président des Comores Ahmed Abdallah Sambi, président d’honneur de la plus grande formation politique du pays. Quelques semaines après son retour à Moroni, Sambi sera dans un premier temps assigné à résidence surveillée par une simple note circulaire signée par le secrétaire général du ministère de l’intérieur quelques mois. L’affaire de la citoyenneté économique fera surface et deviendra le motif de son placement en mandat de dépôt, à son domicile. Cette même affaire servira aussi à mettre sous contrôle judiciaire d’autres opposants cités dans le rapport de l’enquête parlementaire: les anciens vice-président Mohamed Ali Soilihi et Nourdine Bourhane, l’ex ministre Sidi, le député Dossar … On citera également l’emprisonnement du gouverneur d’ Anjouan, Abdou Salami Abdou, du secrétaire général de Juwa, Ahmed Hassane El-Barwane et du porte-parole Abdou Chacour. La liste est loin d’être exhaustive.
De l’invalidation des candidatures jusqu’au scrutin
Les élections du 24 mars resteront dans les mémoires. En commençant par l’invalidation de toutes les candidatures des partis politiques en dehors de la mouvance présidentielle , qui au demeurant n’est pas un parti reconnu par la loi, et du principal parti du pouvoir, la Convention du Renouveau des Comores (C R C). Ibrahim Mohamed Soulé du Juwa et Mohamed Ali Soilihi, deux candidats de poids sont recalés dans les dernières minutes.
Dimanche 24 mars marque une journée noire électorale. Des irrégularités sont constatées et dénoncées : «des urnes bourrées avant même l’ouverture des bureaux de vote. Non accréditation de la majorité des assesseurs des candidats de l’opposition». Constatant la violation du code électoral, les 12 candidats avaient appelé aux saccages des urnes. Ce qui n’est pas non plus conforme à la loi. Des villages et villes empêchés de voter.
Les forces de l’ordre se sont emparées des urnes vers des directions inconnues.
On dira plu tard que c’était vers le palais du peuple. La CENI, après comptage a proclamé deux 60% à Azali président à sa propre succession et Anissi chamssidine, gouverneur d’ Anjouan, élus dès le premier tour. L’opposition proclame un Conseil Nationale de Transition, avec Soilihi Mohamed à sa tête. Il ne tardera pas à être arrêté. Les candidats de l’opposition ont décidé de se passer de recours.
La mouvance dénoncera les agissements peu républicains des 12 candidats et appellera les autorités à prendre les mesures idoines. Et Mardi dernier la cour suprême a réaffirmé le « Gwa Ndzima» de la mouvance présidentielle.
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