18 mars 1978, Iconi se souvient de ses « martyrs » tombés sous Ali Soilihi. Mais elle n’oublie pas la 9 décembre 2018. La cérémonie de commémoration a eu lieu hier place bishioni. Par Ali Mbaé
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La ville d’Iconi n’a pas oublié. Elle n’a pas oublié les deux drames survenus respectivement le 18 mars 1978 et celui de l’année dernière, le 9 décembre 2018. Hier dans l’après midi, en présence des notables et des jeunes, ils ont commémoré ce double deuil. Tous (les jeunes) avec des shorts blancs, maculés de noire en signe de deuil et de rouge pour le sang coulé «justice pour Hamada Gazon et nos frères massacrés le 9/12/2018 » ont à l’unanimité manifesté leur indignation face à ce qui est arrivé à leurs frères.
Après un grand hitma en faveur des défunts, comme il est de coutume chez les musulmans comoriens, une cérémonie de quelques minutes a retenu le public présent pour cette quarantième commémoration de ce qui leur est arrivé à l’époque.
Après un témoignage fort d’un grand notable lui même victime dans cette affaire, un jeune d’une trentaine d’année a essayé de démontrer avec une ode funèbre ce mauvais souvenir encré dans les mémoires et donc inoubliable. En larmes, il s’est adressé ainsi « RIKOZA BESHELEYA LAHE YE M’FOMTSI YE MIZINA YA RIDI SHILIYA. YIRI FANYILIYA BESHELEYA BI LAHÉ ZA ZAMA…NGAPVO WU SIKU WAJO LAMHA. GAZON KAJA FA…»
L’ancien député Hassane Youssouf a fait un grand appel à tous les jeunes de cette ville à ne pas se laisser emporter par des petites promesses qui risquent de leur faire perdre le sens des valeurs: «il faut que vous soyez sereins. N’acceptez pas la division. Défendez nos valeurs comme nos ancêtres» a-t-il recommandé à l’assistance.
En mémoire, le 18 mars 1978 après la séquestration de certains militaires de la commando «Moissi», l’armée avait envahi la ville et surtout la place Bishioni et y avait entassé les habitants. «Quelques temps après une dispute d’un ancien gendarme français d’origine Iconien a entraîné un tir à balle réelle. Puis les militaires qui encerclaient la zone ont commencé à tirer dans toutes les directions. Ce qui a conduit au décès de 8 personnes sur le champs et 3 autres à l’hôpital. 32 personnes ont vécu avec des handicaps jusqu’à la fin de leur vie», nous a expliqué Youssouf Mohamed Mze.
Le 9 décembre 2018, l’armée refait une descente à Iconi pour une affaire «banale» de voitures soustraites par le propriétaire à la douane. Un affrontement entre les jeunes et les militaires a causé le décès du capitaine de l’équipe de Djabal Basket et la blessure par balles réelles de 8 autres jeunes. Une affaire mise aux oubliettes, elle n’est pas jugée. Même quand une des familles fait le nécessaire en payant.
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