La Fédération de Football des Comores (FFC) a choisi l’italienne Macron comme équipementier durant quatre ans contre la société Maana Sport dirigée par Ben Amir Saadi. C’est le résultat de l’appel d’offres lancé en avril 2021. Par Mahmoud Ibrahime
Le résultat a étonné plus d’un supporter des Coelacanthes. La FFC a dévoilé un tableau comparatif des deux offres, censé nous convaincre que le meilleur a été choisi. Les conclusions de la FFC sont sans ambiguïté : «… aucun élément probant permettant de s’assurer que Maana peut répondre aux engagements pris (…) pas de catalogue, pas de prix, pas de délais précis, pas de quantité précises » (sic). Et « L’offre Macron est assortie d’annexes, d’échantillons, de photos, de catalogues et repose sur l’expérience et l’expertise du club ».
Les termes mêmes employés sont en eux-mêmes des arguments-chocs contre Maana. Le débat n’est pas retombé pour autant dans les réseaux sociaux, même si l’ancien manager de l’équipe nationale se montre fair-play.
L’avenir nous dira si la FFC a fait le bon choix. Mais, les arguments de la FFC ne m’ont pas vraiment convaincu. Elle a fait comme si elle ne connaissait pas Maana et son dirigeant et a affirmé que rien ne montrait que Maana pouvait répondre à ses engagements. Qu’est-ce qui permet d’être sûr à 100% que l’autre y répondra ? Combien de sociétés ou d’investisseurs ont fait un tour aux Comores et sont repartis avec leurs paroles ? Pourquoi faire semblant d’ignorer qui est Ben Amir et le fait qu’il a assuré pendant quatre ans pour toutes les équipes de la FFC, sans aucun problème ?
En réalité, la FFC s’est refusée à faire valoir certains aspects qui auraient sans doute donné l’avantage à Maana, et notamment l’expérience avec les Coelacanthes, l’avis des joueurs et des supporters, la connaissance du pays, des joueurs et du staff, la connaissance de la cible commerciale… Et par contre, elle a fait valoir des aspects qui ont donné l’avantage à Macron : le catalogue, les échantillons et des chiffres plus précis ? Fallait-il réclamer des échantillons à Maana alors que tous les supporters portent encore les maillots de Maana dans les rues des quatre îles ? Alors que le staff de la FFC a eu pendant des années ces maillots entre les mains ?
Personnellement, je pense que Macron n’est pas tombé du ciel comme ça, par hasard et qu’il est probable que Maana n’a été perçu dès le départ que comme un moyen de crédibiliser l’appel d’offres de la FFC. Ce ne serait pas la première fois qu’aux Comores on aurait une telle comédie d’appel d’offres.
Je me rappelle. Un jour le ministère de l’Éducation nationale avait reçu un financement très élevé pour éditer des manuels scolaires dans divers domaines. Les dirigeants des deux maisons d’édition opérant aux Comores (Coelacanthe et KomEdit) ont reçu un e-mail urgent. Il était peut-être vendredi et le SG du MEN demandait de répondre à un appel d’offres avant mardi. Désabusés, le deux dirigeants étaient conscients que le ministère savait déjà à qui allait être donné le marché. Ils se sont quand même réunis pour faire une offre. Une offre qui aurait donné du boulot à pas mal d’infographistes, maquettistes, imprimeurs… comoriens et aurait permis de financer des milliers de livres d’auteurs comoriens avec les dividendes et à travers nos deux structures d’édition.
Devinez qui a eu le marché. Une entreprise belge, si mes souvenirs sont exacts. Pour une somme plus élevée, elle a fait travailler des commerciaux, des maquettistes, des infographistes, des relecteurs, un imprimeur… tous européens ! Une application stricte de ce qu’en Afrique on pourrait appeler un « retour de l’investissement ». Trongo zitsona Maana.
Est-ce ainsi que nous voulons réduire le chômage et développer les Comores ?
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