Les cœlacanthes font leurs premiers pas dans la CAN, et même dans le grand bain d’une compétition internationale sans victoire au tableau, après deux matchs. Ils n’ont pas résisté longtemps ni face au Gabon dans un match qui pouvait être gagné ni face à l’équipe chevronnée du Maroc dans le groupe C de la mort. Par Hachim Mohamed
Pour cette première participation historique à la Coupe d’Afrique des Nations, dans le stade Ahmadou-Ahidjo de Yaoundé, l’équipe nationale comorienne a mordu la poussière devant ces deux formations le 10 janvier face au Gabon pour la première journée (1-0) et le 14 pour la deuxième (2-0).
Avec des matchs qui se jouent à fond la caisse, et une formation comorienne qui a voulu passer un test de fiabilité quant à sa capacité à gagner ses galons de nation majeure de la planète football africain, ce furent des batailles physiquement et émotionnellement épuisantes pour les Comoriens.
La malédiction de 16e minute
Face à la formation marocaine, les chances des Cœlacanthes étaient minces. La sélection marocaine était très bien organisée avec un milieu de terrain solide, doté d’une bonne technique et d’un physique surprenant.
Le football est devenu au fil des années un sport dans lequel il faut allier la technique, le physique et le mental. L’équipe comorienne a ostensiblement péché dans ce registre face à l’équipe du Maroc.
À l’instar de la première journée qui avait vu les cœlacanthes s’incliner devant les Gabonais, dans la partie, tout fonctionnait assez bien jusqu’à la 16e minute. Puis ce fut le « coup de poignard de but » dans le cœur des fervents supporters des cœlacanthes.
À ce moment précis, après un gros cafouillage, le milieu de terrain marocain Selim Amallah s’empare du cuir, crochète et se met sur son pied droit pour un superbe tir qui a fusillé Ben Boina à bout portant (1-0).
Salim Ben Boina, homme du match.
Au retour des vestiaires, les lions de l’Atlas ont continué à dominer le match. Opérant par offensives fulgurantes, ils ont épuisé les Cœlacanthes par des actions dans le camp comorien. Heureusement, à chaque fois, les Marocains trouvaient systématiquement en face d’eux l’excellent Salim Ben Boina
Le portier comorien a transformé ce match par ses arrêts sur les tirs d’Amallah (72e), Boufal (73e) et Hakimi (77e). Il est devenu la superstar du match quand Fajr a réalisé un sublime centre de l’extérieur du droit pour la tête plongeante d’Aguerd à six mètres et qu’il a fait une première parade pour l’arrêter, puis intervient contre Saïss qui a surgi à gauche. Enfin, il effectue un troisième arrêt décisif devant Masina !
Suite à une faute discutable sur Zakaria Aboukhlal (81e) et un pénalty accordé aux Marocains, il s’illustre de nouveau en stoppant le tir d’En-Nesyri!
Pour les supporters comoriens qui ont eu une entame de seconde période éprouvant, leurs joueurs étant obligés de courir après le score pendant toute la partie, le gardien Salim Ben Boina est apparu comme le lot de consolation.
Grâce à la présence de Salim Ben Boina dans les cages, le Maroc a dû patienter jusqu’à la fin du match pour sceller sa victoire avec un deuxième but de Zakaria Aboukhlal (89e).
Les Gabonais jouaient bas et tentaient d’exploser à chaque récupération du ballon
Cinq jours auparavant, dans le même stade Ahmadou-Ahidjo de Yaoundé, les Cœelacanthes s’étaient aussi inclinés face au Gabon (0-1).
Les Cœlacanthes ont dominé dans la possession du ballon sans jamais parvenir à menacer les buts de leurs adversaires. À la 11e minute, le gardien gabonais avait raté sa sortie sur corner, mais Mchangama n’a pas pu prendre sa chance alors que les cages étaient vides.
Les Gabonais, qui jouaient bas et qui tentaient d’exploser à chaque récupération du ballon, ont pu ouvrir le score à la 16e minute, dès leur première véritable occasion.
Avec un Boupendza libre de tout marquage, son compatriote Auchanga a pu le servir facilement, et dans un angle fermé, il a trouvé la lucarne droite d’Ahamada.
S’appuyant sur cette tactique de jeu, pendant la rencontre, le ballon était aussi rapidement récupéré à trois reprises par les Gabonais qui s’étaient projetés encore vers l’avant. D’abord à la 20e minute, avec une tentative lointaine de Kanga, ensuite à la 55e minute par une énorme occasion du Gabon en contre, mais Boupendza fut signalé hors-jeu. Et enfin à la 72e quand Bouanga a été arrêté par Ahamada après une course solitaire !
C’était une balle de break pour le Gabon.
Une possession de balle supérieure à 80% sans occasions !
Un changement de physionomie était arrivé dans le match pour les Cœlacanthes à la 26e minute : un coup franc bien placé à l’entrée de la surface, mais la frappe de Youssouf M’changama s’est terminée dans le mur adverse.
En deuxième période, c’était désormais les Comoriens qui jouaient au ballon et multipliaient les touches de balle sur la ligne médiane.
Les statistiques parlent d’elles-mêmes dans la mesure où les Cœlacanthes ont affiché une possession de balle supérieure à 80% ! Mais, force est de reconnaitre qu’au fil des minutes qui s’égrenaient, cette domination a eu du mal à se traduire en occasions.
Dépassées techniquement, les panthères n’avaient jamais cherché à inquiéter leurs adversaires et s’étaient contentées dès le premier but marqué de gérer le score. Sous cette stratégie, pendant une heure, les Cœlacanthes ont même mené les débats face à une équipe qui développait un football un peu fruste, dépouillé et stéréotypé.
S’agissant de l’attaque comorienne, Youssouf M’changama a livré une prestation moyenne ponctuée à la 62e minute par une reprise sur un centre au second poteau, mais elle n’a pas été cadrée. De ses états de service pendant ce match, il y a eu à la 53e une frappe complètement dévissée et un coup franc de 25 mètres du but adverse à la 93e, mais il avait envoyé à nouveau le ballon dans le mur.
Pas de VAR sur les actions litigieuses
À la 43e minute et à la 59e minute, la vidéo est incontestable pour les actions dans la surface (prise de balle en dehors de l8 du portier Jean-Noël Amonome et pénalty litigieux sur Mattoir).
C’est vrai que sur le premier laisser-aller de la part de l’arbitre kenyan une grosse occasion s’était présentée à la 59e minute pour les Comores lors du contact dans la surface de réparation entre Faïz Mattoir et André Poko, le défenseur gabonais. Aucun des arbitres n’a bronché.
Contre toute attente et à la stupéfaction générale, l’arbitre kenyan était contre le fait d’aller consulter ces actions litigieuses sur un écran du stade ou demander la vérification par un officiel en dehors du stade. Pourtant, l’assistance vidéo (VAR) est prévue pendant cette compétition.
La controverse sur l’arbitrage ne s’essouffle pas
Dans les règles de l’art, un arbitre neutre et impartial entend la cause et rend une décision qui doit être respectée de part et d’autre.
Est-ce que c’était le cas avec l’arbitre kenyan Peter Hamaku pour la première journée ? Le moins que l’on puisse dire c’est qu’il a été bienveillant à l’égard des adversaires des Cœlacanthes. Alors qu’il n’a pas hésité à infliger un carton pour une faute de Selemani qui ne le mérite pas.
Dans le deuxième match dans cette compétition, Youssouf M’changama a été agressé à plusieurs reprises sans que les agresseurs soient sanctionnés ?
En attendant la dernière journée, la dernière carte à jouer pour les Cœlacanthes, la controverse entourant ces litigieuses affaires ne s’essouffle pas dans l’opinion publique. D’autant que même pendant les qualifications, les Comoriens ont été victimes d’un arbitrage qui leur a été défavorable. Mais, il parait que les erreurs d’arbitrage font partie du jeu.