Papaloté de son vrai nom, Hamza Anoir Houssen, doté de talents de percussionniste, est l’une des révélations musicales de cette décennie. Un musicien accompli, qui ne cesse de surprendre son public depuis sa première scène en 2012.
Par Abdouroihmane Ibrahim
Papaloté est alimenté par son envie de partager et d’exprimer ce qu’il ressent à travers les lives et des thèmes qui lui sont chers : l’amour, la société, la jeunesse…
«Papaloté» est le surnom qu’il porte depuis son plus jeune âge. Comme athlète qui jouait au handball, il avait pris l’habitude de se placer plus aux côtés des filles qu’aux côtes des hommes. Il les fréquentait un peu plus que le reste de sa bande qui décida alors de le nommer ainsi. “Papaloté” qui voulait dire pour eux, le “Papa des filles”. Et c’est devenu son nom d’artiste dans la musique.
Un mélange de rock, pop, RnB et musique traditionnelle.
Il joue de la musique constituée par plusieurs genres musicaux. Ainsi appelé World music. Un mélange de rock, pop, RnB et de musique traditionnelle entre autres. C’est la musique de tout un chacun. Peu importe, l’endroit ou le pays où il se produit, son public peut facilement s’y retrouver.
Le choix de ce genre musical vient du fait que «déjà, c’est international» et qu’il ne veut pas se baser sur un seul genre. Inspiré du célèbre chanteur comorien Éliasse ben Joma qui est un auteur, compositeur et multi-instrumentiste, il pense que la musique comorienne ne doit pas être le seul genre de musique à faire. Il se doit de toucher tout le monde.
« Je suis tombé fou de ce genre de musique, le Word music, qui est une sorte d’héritage que j’ai décidé de partager avec mon public. Comme chez nous, le toirab a été pendant des années le seul genre de musique le plus populaire et que de nos jours, certains artistes veulent changer cela en jouant autre chose », explique Papaloté
Une manière d’initier de jeunes artistes.
Il a tout d’abord créé le « trio de Papaloté ». Il a lui-même formé un de ses musiciens afin de partager les scènes. Ensuite, il a créé un groupe qu’il a nommé Wamwezi, essentiellement pour partager son savoir. Le but est de recruter de jeunes talents ou des jeunes animés par l’esprit artistique et qui veulent apprendre la musique afin de les initier et de leur montrer la voie. Étant donné qu’aux Comores, il manque de musiciens formés, Papaloté a décidé de changer cela en commençant par ce groupe. Et il est prêt à prendre n’importe qui voudra apprendre, qu’il ait des notions dans le domaine ou pas.
Il n’existe pas d’école de musique ou un endroit où tous les jeunes qui voudraient apprendre viendraient s’y retrouver. Les musiciens comoriens sont presque tous autodidactes.
« Alors qu’ils viennent nombreux ! J’aimerais bien avoir plusieurs disciples, car cela veut dire que demain, on aura plusieurs musiciens. Déjà dans le collectif, il y a une femme qui n’a jamais joué de la batterie, pourtant on l’a formé. Aujourd’hui elle en joue. Il y en a qui n’ont jamais chanté, maintenant ils essaient de chanter et ceux qui n’ont jamais joué de la guitare et qui en jouent aujourd’hui. Ce qui veut dire qu’avec un peu volonté, ils peuvent tous apprendre », ajoute-t-il.
Un début exceptionnel
En dehors des Comores, en 2014, Papaloté a joué à l’île Maurice où il s’est retrouvé grâce à ses talents d’athlète. Il en a profité pour faire une scène. Mais en solo, car il n’avait pas son groupe avec lui. Il a ensuite participé au Médina Festival d’Anjouan en 2016. Aux côtés de Maalesh et de son fils Aman qui jouait de la basse, Papaloté assurait la percussion et accompagnait Maalesh avec les chants. Mais il n’a pas encore eu l’opportunité de jouer tout seul ou avec son groupe bien qu’il le souhaite vivement.
Cette année, il avait prévu avec son équipe d’y participer, mais sans savoir pourquoi, ils n’ont pas été recontactés par l’organisation et ils n’ont pas non plus été mis dans l’affiche.
« De toute façon, nous on est là. On attend. Peut être que ce n’était pas le bon moment, mais en tout cas, on est en stand bye », explique-t-il.
Papaloté a également joué à Mayotte avec son groupe le trio Papaloté, le 26 février 2022 aux côtés d’Éliasse Ben Joma à Chirongui.
Un artiste dévoué
Papaloté estime que c’est par ses efforts qu’il a été choisi comme les autres avant et après lui. Pour lui, ce n’était pas le fruit du hasard, mais celui d’un travail acharné bien mérité. Il répète tous les jours. Il ne fait pas de la musique pour le buzz ni pour la popularité, plutôt pour l’art. Pour lui, c’est un travail pour lequel il a énormément de respect. C’est pour cela qu’il s’est donné pour mission de promouvoir le live car c’est du live que l’on reconnaît le vrai talent et non le playback.
Said Hassane Ezidine communément appelé Teda, son manager a vu le talent hors pair et le courage du jeune musicien et il a décidé de miser sur sa réussite. «Papaloté est un écorché de la scène. Avant cette sortie à Mayotte, il a effectué plus de 2000 heures (6 heures par jour sur une année) de répétition ».
La musique est un héritage que Papaloté a reçu de sa mère qui chantait dans les « mashuhuli ». Entre les mains d’Abdallah GP, un des célèbres musiciens qui a joué aux côtés de Maalesh, il a appris à jouer de la guitare, de la percussion entre autres.
Il a aussi côtoyé plein d’autres artistes auprès desquels il a beaucoup appris. Il a aussi joué pour beaucoup d’entre eux, notamment Dadiposlim, Malha, Mountaz, Malesh et tant d’autres avant de devenir leader et de former son propre groupe.
À l’alliance française, une première pour sa troupe d’apprentis
À l’alliance française, après le spectacle intitulé « Je n’ai pas de nom » de Soumette Ahmed, Papaloté a donné un concert avec son collectif « Wamwezi » sur le terrain de basket. Il a été très touché de partager la scène avec ses apprentis pour la première fois.
« Ce soir-là, on a beaucoup aimé mon équipe et moi. Il y a eu un public de fous. Des gens qui ne nous connaissaient même pas nous ont connus et on a partagé un moment joyeux avec eux. »
Lucef Hamidi, guitariste amateur, membre du groupe Wamwezi, était autant enthousiaste : « Faire partie d’un groupe comme celui-ci, nous apprend beaucoup. Que ça soit au niveau social ou au niveau artistique. Et je peux dire que j’ai beaucoup appris. C’est une joie d’avoir partagé cela. Pour moi, apprendre à jouer en live me permet de me préparer à toute éventualité. Aujourd’hui je fais de la guitare, mais je vois d’autres gens jouer de la batterie et j’apprends à travers eux. Une chose que je n’aurais sans doute pas eue, si j’étais resté chez moi. Et personnellement je trouve que créer ce groupe était une très bonne initiative. Étant donné qu’il y a des jeunes qui pensent que faire de la musique c’est seulement aller en studio et faire du playback. Aujourd’hui, je pars dans des concerts, je joue de la guitare pour un tas d’artistes, chanteurs et slameurs. Une chose que je ne faisais pas avant ».