Un énième salon de l’entrepreneuriat a eu lieu le 3 juillet dernier à Moroni. Il a réuni de nombreux entrepreneurs des Comores. Ces acteurs du secteur privé, pour l’essentiel, ont exposé plusieurs activités productives dans la perspective d’une reprise des activités économiques du pays. Ils laissent aussi comprendre que leurs ambitions entrepreneuriales entrent dans les objectifs du développement durable pour combattre la pauvreté et impulser l’économie nationale. Dans cette exposition de produits et de services, Masiwa s’est intéressé à l’utilisation du biogaz et la conservation de produits agricoles. Par Salec Halidi Abderemane
Les exposants au Salon de l’entrepreneuriat se placent dans le cadre des politiques de développement respectueuses de l’environnement et soutenues par des institutions internationales comme l’Organisation des Nations unies (ONU). Le 17 décembre 2020, elle a lancé à travers le FAO, un projet pour le Renforcement des Capacités des Centres Ruraux de Développement économique pour l’Entrepreneuriat et la Résilience agricole aux Comores (RECA-ERA). Il en était question lors de cette foire à Moroni.
Une consommation énergétique durable
« Le biogaz est une source d’énergie renouvelable et exerce une très faible empreinte de carbone », nous explique Abdou Soula, entrepreneur. Il est l’un des responsables de Biogaz Comores siégeant à Ntsudjini (Ngazidja) et M’ramani (Ndzuani). L’utilisation du biogaz permet de sauvegarder l’environnement naturel. En effet, il est produit par des matières premières telles que les déchets agricoles, le fumier, les déchets municipaux, les eaux usées, etc. Selon l’ONU, « l’énergie est une condition préalable du développement du millénaire et le biogaz est l’un des moyens, le plus sûr, d’obtenir la sécurité énergétique et une étape importante pour le développement durable et de l’éradication de la pauvreté », ajoute-t-il. Or la pauvreté aux Comores est due en partie à une surexploitation du milieu naturel.
Dans un article universitaire de 2014, sur la « Résilience de l’agriculture de rente aux changements climatiques en Union des Comores », Josyane Ronchail, Etienne Grésillon, SOILIHI Abdou parlent d’état alarmant. Autrement dit, l’utilisation massive du bois de chauffage a fait reculer la forêt, tarir plusieurs cours d’eau et dérégler les saisons. Les saisons sèches deviennent plus longues par exemple. À ces problèmes de variations climatiques, s’ajoute l’usage d’engrais chimiques pour s’adapter à la longue saison sèche, ce qui défavorise l’agriculture durable, car au fil du temps, les terres arables perdent leurs fertilités. « Le biogaz est une source d’énergie renouvelable et peut donc facilement remplacer les sources combustibles comme le bois de chauffe et le kérosène ». De ce fait, la nature reprend son souffle pour une nouvelle agriculture, en l’occurrence entrepreneuriale comme dans l’initiative du Nemako.
Une agriculture bio et commerciale
Nemako est une petite entreprise agricole comorienne. Elle se localise à Hantsambou (Itsandra) dans la frontière nord de la capitale Moroni. L’entreprise entre dans la catégorie des PME, et s’est spécialisée dans la conservation et la transformation des produits agricoles comoriens. Elle a été capable d’exporter plus de 20 tonnes de produits de rentes dans le monde en 2019. Dans son catalogue, elle indique qu’elle « prépare des articles bio-agricoles suivant les conditions environnementales de conservation et les normes internationales sont respectées». Les représentants de la structure nous expliquent leurs engagements : « l’effet que procure la prise en compte de ces conditions sur la production locale comorienne s’inscrit dans la création d’emplois pour la jeune génération et l’amélioration des conditions de vie de la population du pays ». L’entreprise travaille sur des produits comme l’Ylang-Ylang, la vanille, le girofle, le gingembre, le café, les noix de muscade, le moringa, etc. Nous retrouvons presque la totalité des produits de l’agriculture familiale comorienne. Mais avec Nemako, ils sont inclus dans une chaîne économique. De la production en passant par la transformation jusqu’à la commercialisation, c’est un petit ensemble économique bien installé.
En octobre 2020, Azali Assoumani a effectué une tournée dans les sites universitaires du pays pour la promotion de l’entrepreneuriat. Il est à retenir que la réussite dans le domaine ne relève pas du concours de l’État seulement. Dans cette tournée, un jeune étudiant avait interpellé le gouvernement dans l’Alwatwan du 16 octobre 2020 : « Les jeunes comoriens d’aujourd’hui ont compris la marche du monde, nous avons compris comment les pays se développent, et c’est grâce aux initiatives privées. Nous, les étudiants comoriens, nous avons compris que la Fonction publique n’est pas la solution car elle est saturée. Maintenant, pensons à la création de nos propres entreprises grâce à nos formations professionnelles ». Malheureusement, le gouvernement d’Azali Assoumani n’a pas encore tenu ses engagements envers l’entrepreunariat et envers les jeunes. Dans ce domaine, le développement s’obtient par l’unique volonté de quelques jeunes ambitieux.