Condamné à perpétuité, Fayçal Abdoussalam s’est évadé de la prison pour ouvrir le feu à Kandaani, le siège de l’état-major de l’armée. Bilan: trois morts dont lui-même et plusieurs blessés. Par TM
Fayçal Abdoussalam, condamné en décembre dernier aux travaux forcés à perpétuité pour tentative de coup d’État s’est spectaculairement évadé de prison jeudi 28 mars. Avec un compagnon armé, il s’est rendu au quartier général de l’état-major de l’armée à quelques encablures au Nord de Moroni. Il a ouvert le feu. Lui, son compagnon et un autre militaire sont tombés sous les balles. Plusieurs blessés sont à déplorer lors de cette opération coup de poing qui visait à s’emparer de l’état-major selon le patron de la défense.
En début de soirée, le ministre de l’intérieur et son collègue de la défense ont tenu une conférence de presse conjointe pour livrer la versions officielle des faits. Selon eux, un visiteur au nom de Salim Nassor s’est rendu à la maison d’arrêt de Moroni aux environs de 14H30 du jeudi 28 mars avec une arme dissimulée dans un panier. Il a braqué son arme sur les agents pénitenciers avant de faire libérer Fayçal. Les deux hommes sont ensuite montés à bord d’un véhicule civil qui attendait à l’extérieur.
A mi-chemin, et le scénario est un peu troublant, ils se sont emparés d’un pick-up du peloton d’intervention de la gendarmerie nationale. C’est avec ce véhicule qu’ils se rendent à Kandaani. «Ils ont pu facilement entrer comme ils étaient munis d’un véhicule militaire », explique le ministre de l’intérieur. Une fois à l’intérieur, Fayçal se serait dirigé vers le bureau du chef de l’état-major qui n’était pas sur les lieux. Ensuite, il aurait pris en otage une sentinelle avant d’ouvrir le feu. D’autres soldats ont vraisemblablement riposté. Fayçal, son compagnon civil Salim, et un officier au nom de Nacerdine Abdourazak sont tombés sous les balles.
Difficile de ne pas faire le lien de ce coup de force avorté avec la crise post électorale en cours. L’attaque a eu lieu juste après l’arrestation du président du conseil national de la transition Soilihi Mohamed. Ce dernier vient de former un gouvernement parallèle et appelle le peuple à une désobéissance civile contre le régime d’Azali Assoumani à partir du 4 avril prochain si d’ici là les résultats du scrutin que l’opposition ne reconnaît pas, ne sont pas annulés.
A en croire le patron de la défense, quand il était dans l’enceinte de Kandaani, Fayçal a contacté des frères d’armes pour le rejoindre afin de prendre possession du commandement de l’état-major. «Heureusement, ils ont fait preuve de professionnalisme et ne se sont pas laissé embarquer dans l’aventure». Selon nos informations, des soldats qui étaient en service lors des tirs croisés ont pris la poudre d’escampette et seraient restés en cavale. Lors de l’évasion de Fayçal, d’autres prisonniers ont profité de l’occasion pour déguerpir. «Ce ne sont que des petits prisonniers de droit commun», minimise le ministre de l’intérieur.