Le village de Diboini dispose d’un riche potentiel touristique, mais à l’instar des autres régions des Comores, elle demeure méconnue, car non valorisée. Le 30 juin dernier, nous avons suivi une délégation de « Tourisme Halal » en provenance de Moroni et qui se rendait à Diboini.
Hachim Mohamed
Au-delà des apparences qu’un touriste peut percevoir lors d’un séjour court à Diboini, ce berceau en miniature de Ngazidja est riche par l’accueil chaleureux de ses habitants accueillants, son riche artisanat…
Le village est sur une position géographique qui domine de là-haut la verdure et les roches et qui offre de nombreuses possibilités de promenades ou de randonnées dans les massifs montagneux environnants.
« Nous sommes en Suisse ! Il fallait venir avec de vêtements chauds. Je ne savais pas qu’il ferait froid ici. », s’étonne Athoumane Dhoiffir alias Désiré, formateur en restauration et hôtellerie management. On ne s’attarde pas trop sur ces paroles, Dahalani, un membre actif de « Tourisme Halal », a fait signe aux hôtes du jour de marcher derrière lui pour aller à la bibliothèque de la ville pour la discussion. L’enjeu était de montrer qu’en matière de tourisme, un village ou un milieu rural avait également beaucoup à offrir et que le développement du tourisme est possible aussi bien dans une ville que dans un village. La séance s’est déroulée pendant plus d’une heure devant la commission « Tourisme Halal » de Diboini, composée d’une douzaine de personnes ainsi que de quelques jeunes adhérents de l’association de régions de Ngazidja qui ont fait le déplacement.
Le tourisme rural
Consciente du potentiel touristique su village, la commission de « Tourisme Halal » de Diboini avait organisé cette rencontre pour réfléchir sur la problématique de la valorisation du tourisme dans l’espace rural.
Le tourisme rural est en plein essor dans la plupart des pays du monde avec un taux de croissance annuel qui est estimé à 10 % alors que le taux de croissance du tourisme (tous segments confondus) avoisine les 4 % (OMT, 2010). Du poète et photographe Mab Elhad au technicien Dhoiffir Soilihi en passant par d’autres membres actifs de « Tourisme Halal », comme le technicien en tourisme Aladine Chahide, son collègue Elamine Moubine ou encore Désiré chacun y est allé de sa démonstration avec beaucoup de pédagogie pour éclairer le public sur le tourisme halal. À en croire ces intervenants, si le village de Diboini désire attirer des touristes vers cette destination, elle se doit de faire preuve d’imagination et de créativité dans la mesure où il existe des solutions et des ressources sur lesquelles ses habitants peuvent s’appuyer afin de valoriser le tourisme local. Il a donc été recommandé à la commission « Tourisme Halal » de Diboini de lister l’ensemble des activités réalisables sur place afin d’atteindre les touristes qui pourraient être intéressés par la visite du territoire.
Faire émerger les identités locales
À l’échelle de Comores, de nombreux territoires loin de la capitale abritent des productions spécifiques et des savoir-faire originaux, anciens ou contemporains, qui contribuent aux identités locales. C’est le cas à Diboini où ces savoir-faire productifs, en activité, parfois en voie de disparition, sont ainsi valorisables au-delà de leur simple rôle économique de production.
Il en est ainsi de la confection de nattes, de chapeaux et d’ustensiles traditionnels en bois… par le père Youssouf.
Elamine Moubine a fait un point sur l’apparition dans le monde d’un nouveau profil de touriste rural au sein d’une société de loisirs et de voyages. Au nombre de ces éléments, il y a les fameux sites touristiques, les architectures d’exception, les activités rurales et les aspects naturels, culturels et sociaux.
S’adressant aux jeunes de Diboini, Elamine Moubine a livré un cours magistral sur tourisme pour sortir le village de l’anonymat, de l’inexistence sur une « carte touristique » de la destination. Le premier volet dans cette gymnastique de valorisation du patrimoine culturel du terroir consiste, selon le technicien, à faire comprendre aux habitants de Diboini qu’on n’entre pas dans un village comme on le fait dans un moulin.
La commission de « Tourisme Halal » sur place doit donc chercher un local dans lequel tout visiteur étranger qui arrive sur le territoire peut se faire enregistrer avant de commencer ses randonnées. C’est un office qui permettra au fur et à mesure de quantifier les entrées et courts séjours des touristes à Diboini sans compter ses retombées économiques en payant les visites.
Le deuxième volet consiste à recenser les maisons susceptibles d’être transformées en résidence de tourisme avec toutes les commodités à l’intérieur pour les touristes en plus d’y mettre une adresse précise pour identifier rapidement la maison.
Le troisième volet consiste à cataloguer tous les produits touristiques de Diboini en mettant un petit panneau pour donner le nom sans en livrer les détails explicatifs.
Le quatrième volet a trait au besoin de financement de façon à mener à bien ces activités de mise en valeur de l’espace rural. Selon Elamine Moubine, il y a entre autres les organismes comme l’Union européenne, le PNUD qui peuvent mettre la main à la poche dans le secteur, via l’examen d’un bon business plan.
Une variété d’environnements distincts
Après la séance de prise de contact, la place a été donnée à une autre séquence du séjour-éclair, celle de randonnées. De loin s’élèvent des massifs de peupliers où l’air frais circule dans le beau paysage, pétillant et pur. Dans la tête de randonneurs, le soleil rayonne et le ciel est d’azur. Ils peuvent être ombragés par ces arbres des régions tempérées et humides, dont le bois est utilisé en menuiserie. Des parfums de la nature, apportés par la brise, les randonneurs peuvent profiter d’une cure à la montagne.
Un séjour dans le village de Diboini est l’occasion de découvrir une variété d’environnements distincts et apaisants.