À partir de quel âge arrête-t-on de parler de pédophilie aux Comores ? Quelle majorité s’applique ? Une majorité sans laquelle, un mariage ne doit pas se dérouler.
Par Said Yassine Said Ahmed
Dans certains pays, on devient majeur à l’âge de 17 ans, dans d’autres à 20 ans. Avoir une relation sexuelle avec une mineure avant l’âge défini par le pays dans lequel elle vit, est de la pédophilie et un détournement de mineur.
La majorité est à 18 ans
Dans la plupart des pays du monde, cette majorité est fixée à 18 ans, comme c’est le casen France.C’est également le cas des îles Comores, dont la loi est conforme à celle de la France, ancien pays colonisateur.
Dans ces conditions, une fille qui n’a pas 18 ans ne devrait pas être mariée, de même elle ne devrait pas tisser une relation amoureuse avec un adulte. Mais, aux Comores, il y a une sorte de légalisation de la pédophile par les mariages précoces. Parfois, des filles de 17 ans, de 16 ans et même de 14 ans sont mariées de force, sans même qu’elles puissent donner un avis. Juste avec l’aval de leurs parents, et en l’absence du consentement de l’intéressée.
À quelle loi donc se réfèrent les Comoriens en organisant ces mariages précoces ? Ce phénomène existe depuis très longtemps et les générations précédentes l’ont subi. Il est sociologiquement établi dans le pays que la pédophilie est uniquement quand un homme majeur flirte ou a des relations sexuelles (hors mariage) avec une fille mineure ou une femme majeure avec un garçon mineur.
Mais, en réalité, la pédophile n’est pas uniquement le fait pour un majeur d’avoir des relations avec un(e) mineur(e). Elle s’établit aussi par le mariage précoce. Même si l’Etat est démissionnaire dans tous les domaines, il doit jeter un d’œil dans ce mécanisme qui prive une partie de la jeunesse de son avenir. L’ASCOBEF, quant à elle, doit sonder et recenser les cas des mariages précoces qui se réalisent dans nos localités et se prononcer. Les autres ONG, telles que Petits Z’anges, Mwana tsi wa mdzima, Hifadhwi et les autres doivent être préoccupées par ce phénomène néfaste.
« Une des causes de la prostitution des mineurs »
Comment la prostitution des mineurs pourrait-elle ne pas prospérer dans un terreau pareil ?
A l’âge de 15 ans, forcée par ses parents, la fille se marie avec un homme d’au moins 40 ans, dans le but de satisfaire le soi-disant honneur de la famille. Puis quelques temps après, suit le divorce. Différence de pensée, statuts opposés, visions contraires et intérêts dissemblables sont parmi les causes de la courte durée des couples issus de ce genre de mariage.
A cet âge, la fille devient prématurément femme divorcée. Elle quitte le foyer conjugal ou celui de ses parents, et doit entrer sur le marché restreint du travail pour pouvoir survivre à l’âge de 16 ans. Est-elle mineure ou émancipée ? Dans la capitale pullulent des jeunes filles livrées à elles-mêmes, et parfois avec des enfants en bas âges à nourrir, sans moyens, dans un pays où le chômage est au pinacle. Donc sans aucune sécurité, la jeune maman se livre dans la nature. La légalisation partielle de la pédophilie par les mariages précoces conduit à la prostitution camouflée.
« Et s’il y avait un ministère de l’Éducation ? »
L’autre phénomène encourageant cette pédophilie est le manque de contrôle de l’Etat sur les jeunes enfants. Le ministère de l’éducation nationale se préoccupe uniquement de la rentrée scolaire, des examens de fin d’année, des années blanches et des intimidations des enseignants revendiquant leurs droits. Les bals des jeunes, les plages bondées de mineurs, les errances de ceux-ci dans la capitale ne sont un secret pour personne. Et c’est là où la chasse aux gogos s’effectue. Les 4X4 vitres teintées, les recharges téléphoniques, les courses… les paiements des écolages dans les écoles privées ainsi que les décorations autant d’appâts sur le terrain.
De concert avec les différentes associations de défense des enfants et de la famille, l’Etat comorien doit prendre des mesures pour lutter contre la pédophilie, interdire les mariages précoces des jeunes filles, surveiller les bals des jeunes, les boites de nuit… tout en renforçant les lois contre la pédophilie. Des contrôles dans la capitale doivent être effectués. On pourrait répertorier les jeunes n’ayant pas atteint leur majorité et qui n’ont rien à y faire. Ce serait une base pour la lutte contre ce fléau.
Mais, dans l’immédiat, il faut donc que la Justice se réveille et prenne ses responsabilités pour punir les coupables. Professeurs, ministres, directeurs, ouvriers, désœuvrés… tous doivent passer au-dessous de la loi pour qu’on puisse bâtir une vraie société sans pédophilie.