Depuis vendredi dernier de fortes pluies sont tombées à la Grande-Comore, à Anjouan et Mohéli provoquant des inondations et contraignant les populations à quitter leurs maisons envahies par l’eau.
Le Directeur Général de la Sécurité Civile dont les hommes sont sollicités de partout parle des mesures prises et celles qui sont entrevues dans l’avenir pour faire face à un phénomène qui revient quasiment chaque année.
Propos recueillis par MiB
Masiwa – Quel bilan matériel et humain pouvez-vous faire sur les conséquences des intempéries actuelles sur le pays ?
Colonel Abdallah Rafick – Depuis le 15 avril 2024, le pays enregistre des pluies continues qui ont provoqué des inondations à Mwali (Fomboni, Wanani, Mboingoma, Hoani, Kangani), à Ndzuani (Mtsangani, Sima) et à Ngazidja (Bangoi Hambou, Mitsoudje, Singani et Moroni). Les rivières ont débordé de leurs lits, submergeant principalement les habitations y compris les toilettes, les centres de soins, les infrastructures communautaires (citernes). Certaines infrastructures routières sont affectées rendant difficile la circulation routière. À Ngazidja, il y a eu 128 maisons et 337 personnes touchées, et 163 personnes déplacées. À Ndzuani, 80 maisons et 43 personnes touchées, dont 31 déplacées. À Mwali, il y a 145 maisons et 707 personnes touchées. Nous déplorons malheureusement le décès d’un enfant de 7 ans, mort par noyade à Ndzuani.
Dans l’ensemble du pays nous avons noté des citernes détruites ou inondées, des caprins morts et des poulaillers emportés par les eaux.
Masiwa – Qu’est-ce qui explique l’ampleur des dégâts ?
Colonel Abdallah Rafick – Les rivières ont débordés de leurs lits, submergeant principalement les habitations, ceci est dû au fait principalement que les travaux de drainage et de curage des rivières effectuer il y a 8 ans n’ont pas été faits jusqu’au bout, c’est-à-dire jusqu’à la mer. D’autre part, ces débordements ont renvoyé les eaux dans les anciens lits qui, malheureusement, et en l’absence d’un plan d’urbanisation, les populations ont construit dans les zones inondables.
Masiwa – À quelles urgences doivent faire face vos hommes ? Ont-ils les moyens pour exécuter leurs tâches ?
Colonel Abdallah Rafick – A Ngazidja, les centres de soins, dans le Hambou les infrastructures communautaires (citernes et foyers) et certaines infrastructures routières à Moroni sont affectées rendant difficile la circulation routière. Au niveau d’Anjouan, la ville de Sima située au Nord-Ouest de l’île a été également touchée par ces pluies qui ont causé des glissements de terrain. À Mwali, des infrastructures sanitaires et scolaires ont subis des dégâts très considérables.
Face à cette situation, la DGSC a déployé ses équipes sur le terrain pour réaliser les évaluations rapides des besoins, mais surtout pour répondre à l’urgence en distribuant des denrées et équipement aux populations pour leur besoins vitaux, en attendant une évaluation plus profonde qui doit être faite pour la reconstruction et la réhabilitation des villes et villages.
Les moyens ne seront jamais suffisants, toutefois je reconnais que durant cette période, il nous manque non pas les moyens de sauver les vies ou de protéger les populations, mais dans le cadre de la stratégie nationale de réduction des risques, il nous manque les moyens de répondre à l’urgence alors que la préparation de la population se fait régulièrement. Raison pour laquelle, nous construisons des hangars de stockage dans les régions afin d’être en mesure d’intervenir avec les kits déjà préparés et prévus.
Masiwa – Quasiment chaque année le pays fait face à ces intempéries avec des conséquences parfois dramatiques, y a-t-il une réflexion menée au niveau du pays pour en atténuer les effets ou pour y faire face d’une manière efficace ? La population est-elle préparée ?
Colonel Abdallah Rafick – Tout a fait, déjà cette semaine, il est prévu une retraite de la DGSC pour revoir et améliorer les plans sectoriels qui datent de 2007, revoir la stratégie nationale des risques de catastrophes qui est dépassé depuis 2022, et surtout doter le pays d’un plan national d’adaptation. Depuis un moment, nous sommes en liaison avec toutes les couches de la population, surtout les femmes et les enfants ainsi que les medias et la presse, pour les préparer à l’urgence face aux catastrophes en leur présentant le système d’alerte précoce que nous avons mis en place, mais nous comptons surtout sur une forte sensibilisation par nos unités locales de protection civiles disséminées dans les préfectures.
Nous comptons aussi sur le gouvernement pour doter la sécurité civile de moyens plus adaptés à ces changements climatiques, mais surtout de moyens pour répondre urgemment aux besoins des populations affectées.