Le « Café Média » du 5 octobre 2023 a réuni autour du modérateur François Batalingaya, entre autres, les représentants de l’Unicef et de l’OMS, respectivement le Dr Mariame Sylla et le Dr Abdoulaye Diarra. Les intervenants se sont employés à chercher les voies et les moyens par lesquels tout un chacun peut accéder à une offre de soins de proximité et de qualité, à la fois curative et préventive.
Par Hachim Mohamed
Dr Ahamada Msa Mliva, chargé de présenter la thématique, a d’abord rappelé l’adoption par la 72e Assemblée mondiale de la Santé (2019) d’une motion sur la sécurité du patient avant de s’arrêter sur la définition du concept. Selon l’expert, la sécurité du patient est un cadre d’activités organisées qui crée des procédures, des comportements, des technologies et un environnement dans un contexte de soins, aptes à réduire systématiquement les risques. C’est-à-dire les préjudices évitables.
« Pour garantir une meilleure qualité de soins grâce à des services plus accessibles et plus adaptés, pour l’offre judicieuse dans les hôpitaux, c’est tout le système de prise en charge qui doit être renforcé. », a précisé Dr Mariame Sylla pour cette évaluation qui doit assurer la sécurité et la qualité des soins donnés au malade et promouvoir le développement continu de la qualité.
Soins à risque, environ 2,4 millions de décès chaque année
Le parcours de soins coordonnés repose sur le choix d’un médecin traitant et sur la constitution d’un dossier médical personnalisé. Aux Comores, les attentes sont énormes pour l’amélioration des soins de santé.
En moyenne, au niveau mondial, les estimations chiffrées font état d’un patient sur 10 qui est sujet à un événement indésirable (par exemple 5 à 10% des gens attrapent une infection, parfois mortelle lorsqu’ils sont en soins hospitaliers). Les soins à risques, dans les hôpitaux de pays à revenus faibles ou intermédiaires, provoquent environ 2,4 millions de décès chaque année. Sans compter le coût des préjudices causés aux patients, évalués entre 1000 et 2000 milliards de dollars par an.
Face à cette hécatombe sanitaire, l’engagement qui énonce les principes de la déontologie médicale connus sous le nom de « Serment d’Hippocrate » a été remis au gout du jour par les représentants de l’UNICEF et de l’OMS aux Comores. Sur cette base, le médecin doit, entre autres, toujours tenir compte de la préférence de son patient qui est un élément majeur du processus décisionnel. De plus, le code de déontologie prévoit que le médecin a le devoir d’informer clairement son patient des risques auxquels il s’expose.
Pesanteurs culturelles
Dans le cadre des ODD (objectifs de développement durable), le système des Nations Unies aux Comores, depuis plusieurs années, offre toute une panoplie de stratégies pour un plan d’action plus long.
Malgré ces efforts consentis, il parait difficile d’inculquer une culture de sécurité dans la conception et la prestation d’actions de santé. Pour le Dr Mliva, dans le comportement des Comoriens, il y a des résistances au changement : une frange de la société comorienne obéit à une tradition surannée selon laquelle la fille ainée d’une famille ne doit pas accoucher à l’hôpital. Une tradition surprenante et dont qu’il faudrait sûrement localiser et surtout savoir quelles sages-femmes prennent les risques de faire des accouchements en dehors en dehors des structures médicales.
De cette pesanteur culturelle, le modérateur François a commenté par dire en forme de boutade que « Ce n’est pas parce qu’on est patient qu’on doit patienter. »
Ces problèmes relationnels ont un impact psychologique non négligeable sur la perception des soins
Les intervenants ont plaidé pour faire en sorte que dans les structures de santé une simple fracture du poignet ou un accident domestique bénin ne débouche, faute de soins adaptés, sur une fragilisation généralisée.
Une médication appropriée
À la fin du « Café média », le modérateur s’est livré à une gymnastique intellectuelle qui a consisté à montrer qu’aux Comores les agences du Système des Nations Unies (OMS, UNICEF et UNFPA) travaillent en synergie pour la sécurité des patients. Chacune a une préoccupation particulière : l’UNICEF pour les enfants, l’OMS pour les hôpitaux et l’UNFPAS pour la santé de la mère.
« Pour garantir à la population l’accès à des soins mieux intégrés, un traitement et un suivi adéquats, nous mettons l’accent sur la médication appropriée en faisant en sorte que la population puisse disposer de médicaments de qualité », affirme Edith Ouattara, Chef du bureau UNFPA.
En revanche, pour mieux nouer le dialogue avec les patients et les familles en leur offrant la possibilité de contribuer à la prestation de soins de santé plus sûrs, Dr Abdoulaye Diarra a suggéré aux journalistes de travailler en s’appuyant sur un tableau triptyque. Il s’agit pour le représentant de déterminer où chaque patient sera orienté afin de recevoir les soins les plus appropriés en faisant jouer les trois leviers que sont l’État, le personnel soignant et les patients.