Dans un de ses nombreux monologues accordés exclusivement au journal gouvernemental, Nour El Fath Azali, puissant secrétaire général du gouvernement (SGG) et numéro 2 du parti présidentiel, a annoncé son intention de mettre en place des « laboratoires d’idées » au sein des permanences de son parti, la CRC. Une annonce qui, au premier abord, pourrait sembler être une initiative louable, mais qui, à y regarder de plus près, s’apparente davantage à une énième manœuvre de communication sans substance de la part du fils du chef de l’État.
Par Ibrahim Mahafidh Eddine
Une parole sans contradicteur

Nour El Fath Azali n’est pas un homme du débat. Il s’exprime uniquement dans des médias acquis à sa cause et évite systématiquement toute confrontation d’idées. Pourtant, c’est bien lui qui, dans l’ombre, dirige réellement le pays. Son silence face à ses opposants et son refus obstiné du débat démocratique en disent long sur sa conception du pouvoir.
L’exemple le plus frappant reste l’élection présidentielle de 2024. Aucune confrontation d’idées, aucun échange avec les autres candidats. Azali Assoumani, a prétexté son statut de président de l’Union africaine pour éviter de se confronter à ses adversaires. Pire encore, il a refusé de démissionner pendant la période électorale, faussant ainsi le jeu démocratique.
Même scénario pour les élections législatives de 2025. Le numéro 2 du parti présidentiel s’est contenté de discours unilatéraux lors de meetings où la présence des fonctionnaires était imposée sous la menace de licenciement. Là encore, aucun débat contradictoire avec les autres candidats. Un parti qui refuse la discussion et la remise en question peut-il réellement prétendre vouloir créer des « laboratoires d’idées » ?
Un gouvernement sans programme ni vision
Le pays traverse des crises majeures : délestages électriques à répétition, absence d’eau potable, infrastructures routières en ruine. Face à cela, le gouvernement reste impassible, sans proposition concrète. Le parti présidentiel, censé porter une vision pour le pays, se contente de slogans creux : « émergence », « renouveau »… sans que ces mots ne se traduisent en actes.
L’Assemblée nationale sortante, totalement acquise au pouvoir, n’a produit qu’une seule proposition de loi en cinq ans. Un record d’inertie qui illustre le vide intellectuel au sommet de l’État. Où sont donc les fameuses « idées » que ces laboratoires sont censés produire ?
Un régime qui étouffe toute opposition
Sous ce régime, toute voix discordante est réduite au silence. L’opposition est asphyxiée, les élections sont marquées par des fraudes massives, et la répression s’abat sur ceux qui osent critiquer le pouvoir.
L’universitaire Achmet Said Mohamed, un homme reconnu pour sa capacité d’analyse et son engagement intellectuel, croupit en prison depuis plus d’un an sans procès. Si le gouvernement voulait réellement des idées nouvelles, ne devrait-il pas commencer par écouter les penseurs et les chercheurs au lieu de les faire taire ?
Un laboratoire d’idées ou un simulacre de plus ?
Un véritable laboratoire d’idées ne se résume pas à quatre murs et un panneau à l’entrée. Ce n’est pas une simple annonce médiatique destinée à donner l’illusion d’un dynamisme intellectuel. Ce dont le pays a besoin, ce sont des laboratoires dans les universités et les hôpitaux, des espaces où la recherche et l’innovation peuvent réellement prospérer.
Si Nour El Fath Azali veut des idées qu’il commence par accepter le débat, affronter la critique et reconnaître l’échec de son gouvernement. Huit ans de pouvoir et aucun progrès notable, seulement des cérémonies fastueuses, des voyages incessants d’Azali Assoumani aux frais de l’État, et un peuple qui s’enfonce dans la misère. Avant d’ouvrir des « laboratoires d’idées », il faudrait déjà prouver qu’il existe une volonté réelle d’écouter ces idées et de les mettre en application.
Plutôt que de multiplier les simulacres, il est temps pour ceux qui dirigent ce pays de se mettre réellement au travail.