L’Union des Comores traverse actuellement l’une des périodes les plus difficiles de son histoire. Ce pays, composé de quatre îles majeures – la Grande Comore, Anjouan, Mohéli et Mayotte, est confronté à une série d’incidents et de crises croissantes. Ces îles sont maintenant confrontées à des inondations qui persistent depuis plusieurs jours.
Par HOUDAIDJY Said Ali. Étudiant en sciences juridiques et politiques. Dakar – Sénégal
Les fortes pluies continuent depuis un certain temps sur les îles comoriennes, causant des dégâts considérables. Des images d’inondations circulent sur les réseaux sociaux, montrant des familles sans abri. Certains activistes ont mis en place une cagnotte pour venir en aide aux personnes les plus touchées, une initiative louable étant donné les conditions extrêmement difficiles. Les inondations sont particulièrement préoccupantes, et ces images dominent les publications de la communauté comorienne ces derniers jours.
Les données du COSEP sur les zones inondables nous aident à rester vigilants face à la situation. Sur la Grande Île, nous devons nous concentrer sur les régions les plus vulnérables, identifiées par la sécurité civile, et prendre les mesures nécessaires pour y faire face.
Il semble que des phénomènes similaires se soient déjà produits par le passé. Il y a plusieurs années, la région de Bambao, en particulier à Vouvouni et ses environs, avait été touchée. Malheureusement, les dommages causés par l’eau ne sont pas les seuls ressentis. Moroni est confronté à une double menace : le choléra, qui préoccupe beaucoup les Comoriens. Cette situation crée un climat d’inquiétude et d’insécurité, poussant la population comorienne à jongler entre les maladies telles que le choléra, dans un pays où le système de santé reste très faible et inefficace, ainsi que les catastrophes naturelles telles que les inondations causées par les fortes pluies. Les familles se retrouvent souvent seules pour faire face à ces défis, soulignant l’inefficacité de la sécurité civile à protéger les personnes les plus touchées, malgré les efforts remarquables déployés par cette dernière pour résoudre la crise. Le directeur de la COSEP a même dû quitter son bureau pour aider ses équipes sur le terrain.
Les défis climatiques et géographiques des Comores
Les Comores demeurent toujours sous alerte en raison de leur position géographique, exposées aux cycles de l’océan Indien, et de l’incertitude qui persiste malgré les données scientifiques. Des vents forts, souvent en provenance de Madagascar, sont fréquents et se dirigent vers les Comores.
La géographie des Comores joue un rôle crucial dans la situation actuelle, plaçant la plupart des villes et des villages dans une position précaire. Les îles, d’origine volcanique, sont dominées par des cratères au centre, ce qui contraint les populations à s’installer principalement sur les zones côtières. Le relief montagneux et accidenté du centre des îles rend la vie difficile pour les habitants, les obligeant à résider en bord de mer. Par exemple, la Grande Comore ne possède pas de rivières régulières, tandis qu’Anjouan présente un relief très accidenté par rapport aux autres îles. Cette géographie complexe exacerbe les défis auxquels sont confrontées les populations comoriennes.
Une sécurité alimentaire menacée
Ce phénomène des ruissellements et des vents aggrave considérablement la situation aux Comores. Les terrains agricoles, essentiels pour la subsistance des populations, sont ravagés, compromettant la sécurité alimentaire. Les cyclones détruisent les cultures, notamment les bananiers, et font tomber des cocotiers, privant les habitants de ressources vitales. De plus, ces tempêtes endommagent les infrastructures, comme les routes et les poteaux électriques, entraînant des coupures d’électricité généralisées. L’électricité étant déjà rare, les coupures générales sont nécessaires pour éviter les accidents électriques, d’autant plus que l’eau, présente en abondance lors des pluies, est un excellent conducteur électrique. Cette situation démontre les difficultés quotidiennes des populations déjà précaires.
En outre, les familles qui dépendent de l’agriculture pour leur subsistance doivent maintenant faire face aux pertes causées par ces catastrophes naturelles. La pêche artisanale, autre source de revenus importante, est également perturbée par les conditions maritimes défavorables, avec des vagues puissantes et des vents violents.
L’absence de caniveaux aggrave encore davantage la situation, car les eaux de pluie s’accumulent rapidement, provoquant des inondations dans les zones habitées. Les Comores se retrouvent ainsi confrontées à une crise multifacette, nécessitant des efforts coordonnés pour atténuer les conséquences désastreuses sur la vie quotidienne des habitants. Même le trafic aérien est perturbé, soulignant l’ampleur des défis sécuritaires posés par ces phénomènes météorologiques extrêmes.
L’eau, ressource stratégique pour une économie prospère
Ce qui est particulièrement frappant aux Comores, c’est la perte significative d’eau, une ressource vitale pour un pays où l’agriculture joue un rôle essentiel dans la subsistance des populations. Cependant, le secteur agricole comorien est entravé par des méthodes artisanales et un manque criant de moyens et d’équipements modernes. Cette situation limite la productivité agricole et compromet l’autosuffisance alimentaire du pays, malgré quelques zones fertiles.
Le recours à une irrigation efficace est crucial pour améliorer la productivité agricole et garantir la sécurité alimentaire. Pourtant, il est alarmant de constater que l’État comorien ne parvient pas à répondre aux besoins élémentaires de sa population en matière d’accès à l’eau. Cette lacune dans la fourniture d’eau potable crée des obstacles supplémentaires pour les agriculteurs et les communautés rurales, les privant des moyens nécessaires pour cultiver efficacement leurs terres et subvenir à leurs besoins alimentaires.
Dans un récent article, publié dans Alwatwan, j’ai mis en évidence l’importance cruciale de l’accès à l’eau en tant que droit humain fondamental. En plus de proposer des solutions pratiques pour surmonter les crises liées à l’eau, je souhaite désormais souligner les opportunités économiques que la gestion efficace de cette ressource peut offrir. Par exemple, la mise en place de caniveaux pour prévenir les inondations et la collecte des eaux de pluie dans des citernes en vue de les utiliser ultérieurement pour l’irrigation des cultures représentent des mesures qui pourraient ouvrir la voie à une prospérité économique durable.
Ces mesures ne se limitent pas à résoudre simplement le problème de l’eau ; elles offrent également des avantages supplémentaires. En stockant les eaux de pluie, les Comores pourraient non seulement réduire les risques d’inondations et de glissements de terrain, mais aussi créer une réserve d’eau précieuse pour une utilisation future. De plus, une meilleure gestion de l’eau pourrait renforcer la résilience des communautés face aux changements climatiques, en les aidant à faire face aux périodes de sécheresse et d’instabilité météorologique. Il est crucial de reconnaître que le réchauffement climatique expose certaines zones à la désertification, ce qui pourrait entraîner des conflits liés à l’eau. Cependant, aux Comores, l’abondance d’eau pose également un défi et une menace pour le pays. Les autorités comoriennes devraient capitaliser sur cette pluviométrie généreuse en mettant en œuvre des mesures préventives pour éviter les catastrophes et les pertes humaines. Il est impératif de tirer parti de cette opportunité unique. Malgré les similitudes en termes de climat et de géographie avec le Japon, un pays également exposé aux risques naturels tels que les séismes en raison de sa position géographique, le Japon a su prospérer et devenir une référence mondiale. Les Comores devraient s’inspirer de cette réussite pour naviguer à travers les défis climatiques et géographiques et poursuivre leur développement économique et social. En optant pour une stratégie de développement durable centrée sur une gestion éclairée des ressources hydriques, les Comores pourraient métamorphoser cette période de crise en une occasion unique de renforcer leurs compétences et de favoriser la sécurité alimentaire ainsi que la protection de l’environnement à long terme.