«Le Pacte mondial pour des migrations sures, ordonnées et régulières» a focalisé l’attention d’une vingtaine de cadres de différents ministères et partenaires des Comores, lundi au Retaj. Avant son adoption à Marrakech, Le ministre de l’intérieur, Mohamed Daoudou, coorganisateur de la consultation, en ouvrant la journée, a fixé la mission principale des participants et a proposé un comité interministériel.
Facilitée par Nourdine Abdou Salim, du Ministère des affaires étrangères, la journée de consultation soutenue par l’Organisation Internationale pour les Migrations a eu lieu lundi au Retaj. En ouvrant la séance, le Ministre de l’intérieur, Mohamed Daoudou a situé les enjeux et fixé la mission principale des participants. «Les migrants font partie de l’histoire et de la culture, dont les motivations étaient la liberté humaine de découvrir d’autres horizons ou chercher un endroit meilleur à la quiétude et au bien-être. Mais depuis quelques années, différents pays sont confrontés à un accroissement de flux migratoire irrégulier, dont les conséquences néfastes affectent toutes les parties, à savoir les migrants, les pays d’origine, les pays de transite et les pays de destination.» Précisant que «cette situation pose des grands défis à nos Etats » et reconnaissant la complexité du phénomène migratoire.
Pour répondre à «cette préoccupation majeur», «une coopération dynamique et une mutualisation des efforts» s’imposent. Au préalable, «les particularités de notre pays exigent de prendre des mesures spécifiques». Par conséquent, il convient «de relever les failles concernant les Petits Etats Insulaires» et de « poser les jalons qui mèneront vers l’élaboration de la politique nationale», traduisant et adaptant «les 23 objectifs » du Pacte mondial. Il a par ailleurs exhorté à la mise en place d’un comité interministériel, chargé du suivi des travaux, devant formuler les observations des Comores avant l’adoption formelle du pacte à l’Assemblée générale des Nations Unies à Marrakech (10 et 11 décembre).
Le contexte pays, c’est sur quoi le représentant résidant de l’OIM, Daniel Sylva a insisté en présentant le processus, les enjeux et les résultats attendus. « Plus que jamais, la migration concerne tous les Etats, toutes les sociétés du monde». Mais si la migration permet la mobilité, tous « les mouvements migratoires n’interviennent cependant pas toujours dans des circonstances positives». De ce fait, «l’importance et la nature du phénomène migratoire demande d’agir de manière globale, coordonnée et collaborative, et suppose une gouvernance nationale, transfrontalière, et régionale adaptée au contexte et enjeux particuliers qui se présentent». C’est l’objet de la Déclaration de New York qui engageait les Etats membres à élaborer « le Pacte mondial pour des migrations sures, ordonnées et régulières».
23 objectifs avec des «résultats désirables et des actions pour y parvenir» à la disposition des Etats en vue d’une « gestion sure, ordonnée et régulière» tout en assurant à chaque pays « la flexibilité nécessaire requise par la capacité de leurs propres contextes et capacités».
C’est ainsi que tous « les partenaires ministériels concernés par les enjeux de gouvernance des sujets migratoires dans le contexte des priorités nationales de développement et des objectifs de développement durable» ont été convié à la consultation.
Pendant plus de 5 heures, les participants subdivisés en groupes thématiques ont approfondi chaque problématique. Parmi les aspects abordés, «migrations aux Comores, vision des acteurs publics, et perspectives d’avenir », dont les sous-thèmes illustrent la diversité et la complexité du phénomène : «Diaspora», « Migration et sécurité», «Trafic illicite de migrants par voie de terre, mer et air» et « Migration et jeunesse».
La plénière facilitée par le directeur de cabinet du ministre de l’intérieur, Anzaouir Ben Alioiou, a permis des échanges nourries et de recueillir des données importantes. Les Comores, une «population en demande de migration » (lire Masiwa de mardi 26 novembre) compte 30% de sa population à l’extérieur. La fuite des cerveaux est estimée à 21%. « Ce pays rentier de sa diaspora perçoit l’équivalent de 25% de son PIB » des Comoriens de l’extérieur. Pour les candidats à la migration, une sensibilisation est plus que nécessaire. « 80 jeunes interpellés à Nairobi avec en moyenne 4000€ en poche, soit 320 000€, sachant que de l’autre côté, il faut 2000€ pour se rendre à Mayotte», ces sommes incitent à plus de réflexions, «à une sensibilisation nationale à la fois sur les enjeux, les risques et la nécessité de réprimer les réseaux qui organisent ces voyages » confie le juge Faissal Djitihadi.
Le directeur de cabinet du ministre des affaires étrangères, Abdallah Mirgane a en plus des objectifs de la consultation rappelé que lorsqu’on évoque le phénomène migratoire, l’effet de loupe médiatique braque les projecteurs en Méditerranée ou aux Etats-Unis, alors que seulement 15% des migrants Africains quittent le continent et qu’au total, il n’y a que 250 millions de migrants dans le monde, soit 3,2% de la population mondiale.
Par BAKARI Idjabou Mboréha