Le pays vient de frôler la catastrophe alimentaire. Cela devrait incontestablement servir de sorte de sonnette d’alarme aux gouvernants.
Bien évidemment on a raison de s’interroger sur la desserte du pays, sur le port et les services portuaires, sur la chaîne ou les chaînes logistiques et s’efforcer d’améliorer les choses. Mais on ne devrait pas s’arrêter en si bon chemin ! Il faut pousser la réflexion au tout importation !
Le pays peut-il fonder toute sa stratégie alimentaire sur l’importation sans exposer les plus démunis, c’est à dire la plus grande partie de la population, à la famine quasiment ? Car les habitudes alimentaires ont profondément changé. La nourriture refuge des simples gens c’est le pain. C’est le seul repas familial à plus ou moins 500 KMF.
On ne peut pas se mentir en faisant croire à de l’autosuffisance alimentaire. Le pays en est trop loin ou la perspective est actuellement hors de portée. Il s’agirait plutôt d’assurer un minimum dans le cas de fortes perturbations des échanges internationaux. La pandémie du Covid a montré qu’il ne s’agit pas d’une lubie. Notre pays l’a échappé bel et cela devrait aiguiller notre vigilance.
D’un autre coté qui peut écarter un blocage de notre zone océan indien suite à des circonstances exceptionnelles comme une guerre régionale, voire mondiale (le réarmement des grandes puissances fournit un indice inquiétant) ou une flambée du terrorisme dans cette zone riche en matières premières et que vont se disputer de plus en plus âprement les grands rapaces de ce monde ! Déjà les vives secousses au Mozambique montrent la tendance.
Il faut donc penser à des sortes d’issues de secours.
Ne pourrait-on pas remplacer la farine de blé par de la farine de maïs et/ou de manioc. Donc lancer des cultures de ces produits à grande échelle pour une exploitation quasi industrielle ?
Ne pourrait-on pas développer des petits élevages (poules, lapin, etc) ?
Ne pourrait-on pas accélérer la transformation artisanale de certains produits vers une petite industrie agro-alimentaire.
Les pistes sont nombreuses mais elles supposent une volonté politique des gouvernants, de la hardiesse entrepreneuriale des patrons comoriens et une mise en œuvre judicieuse d’une économie mixte.
Une question décisive mérite d’être soulignée : protéger notre marché pour assurer le succès de la démarche. Et voilà que surgiront les experts de tout bord du système des nations unies pour crier à tue-tête à l’archaïsme économique, au vertu du marché mondial, et autres niaiseries néo libérales au service des multinationales.
Ouvrons les yeux et ne nous laissons pas berner. Pourquoi un poulet brésilien coûte-t-il moins cher qu’un poulet comorien ? Un poulet sans goût et mauvais pour la santé ! Avons-nous une chance quelconque de pouvoir mettre sur le marché comorien un poulet concurrentiel en matière de prix ?
Comment peut-on être aveugle au point de ne pas voir que les grands pays protègent leur marché à coût de taxes, de subventions, etc. les affrontements commerciaux s’étalent au grand jour et rythment l’actualité économique et financière mondiale.
Enfin, historiquement aucun pays ne s’est développé sans protéger son marché afin de favoriser ses propres industries. Notre pays est un marché ouvert pour les autres, il ne produit quasiment rien et ne vend que des produits de rente agricole. Réserver la partie de notre marché susceptible d’être servi par des produits made in Komori semble donc tout naturel.
Idriss (26/07/2021)