Le corps de l’ancien ambassadeur des Comores en France, Soulaimana Mohamed Ahmed, décédé à l’âge de 70 ans, le jeudi 8 avril 2021 à Paris, est arrivé par avion jeudi 15 avril à Moroni. Il a par la suite été transféré à Mutsamudu, sa ville natale et enterré après la prière du vendredi dans le mausolé familial, où repose son père, Mohamed Ahmed. Par Mahmoud Ibrahime
Les fonctionnaires de l’Ambassade des Comores sont particulièrement affectés par la disparition de leur chef. La chancellerie a été fermée au public dès le 9 avril, mais les portes de l’ambassade restent ouvertes pour rendre hommage à l’Ambassadeur. De nombreux diplomates d’autres pays, en fonction à Paris, mais aussi de simples Comoriens défilent devant un livre au-dessus duquel se trouve son portrait. Ils y écrivent quelques mots sur l’homme à destination de la famille.
L’Ambassade en deuil
C’est aussi le personnel de l’Ambassade qui s’est discrètement occupé des démarches pour le rapatriement de son chef vers sa dernière demeure. Mardi 13 avril, par la voie d’un communiqué, les Comoriens de la région parisienne ont été appelés à une dernière prière au mort avant son départ pour sa dernière demeure.
Le gouvernement a souhaité dès le départ faire des funérailles nationales. La famille Mohamed Ahmed et les proches du défunt ont d’abord fait les prières nécessaires à domicile, puis dans la mosquée du quartier de Hamoumbou avec ceux qui ne voulaient pas participer à la cérémonie officielle, avant de remettre le corps au protocole de l’État.
Auparavant et en marge des funérailles officielles, le chef de l’État, Azali Assoumani, s’est attiré la colère de nombreux Comoriens en prenant la place de l’imam de la mosquée de Hamoumbou, quartier central de la ville de Mutsamudu et à moins de 10 mètres de la maison dans laquelle est né son principal opposant, Ahmed Abdallah Mohamed Sambi, gardé en prison depuis plus de deux ans, sans jugement. Il a dirigé la prière dans cette mosquée sans l’autorisation de l’imam qui y officie habituellement, puis il s’est rendu avec les gens qui l’accompagnaient au Stade de Missiri. Chacun a pu noter que le centre de Mutsamudu était plein de militaires placés aux différentes entrées pour la protection du Chef de l’État.
Chevalier de l’ordre du croissant vert
Après la prière devant le cercueil, la cérémonie gouvernementale organisée au stade Missiri a été ponctuée par trois interventions : celle du ministre des Affaires étrangères, patron de la diplomatie comorienne, Dhoihir Dhoulkamal, qui a évoqué la mémoire du diplomate, celle du Ministre de la Communication, Ahmed Jaffar, cousin de la femme du défunt, qui s’est exprimé au nom de la ville de Mutsamudu et enfin le chef de l’État lui-même qui a rappelé qu’il avait nommé Soulaimana Mohamed Ahmed au poste d’Ambassadeur car il avait apprécié son courage quand il avait démissionné en 2009, en désaccord avec le gouvernement du président Sambi. Il a également décoré l’ambassadeur mort en mission, à titre posthume, Chevalier de l’ordre du croissant vert.
Une fois cette opération de communication terminée, le corps a été de nouveau rendu à la famille qui a pu mettre en terre son fils, près de son illustre père, l’ancien député des Comores à l’Assemblée nationale française, Mohamed Ahmed.
Soulaimana Mohamed Ahmed était marié et avait quatre enfants. Il était en réanimation depuis plusieurs semaines. Il s’était réveillé il y a quelques jours et a pu communiquer avec sa famille en France avant son décès. Mngu na mrehemu.
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