Le modèle de gouvernance des sociétés d’État amorce un virage. Les directeurs généraux perdent leur autonomie. Désormais, ils doivent obéir à un cahier de charge «proposé» par le ministère des finances et respecter certaines directives. Un comité de supervision veille à l’exécution des consignes. Par Ali Mbaé
[ihc-hide-content ihc_mb_type=”show” ihc_mb_who=”2,3,4,5,6,9″ ihc_mb_template=”1″ ]Les économistes doivent s’arracher les cheveux, à vouloir classer le modèle économique qui prévaut aux Comores. Les dernières directives imposées aux sociétés d’État contribuent à maintenir ce clair obscur savamment orchestré et mis en application, magistralement.
Et elles sont stupéfiantes. Désormais les directeurs généraux des sociétés d’État sont sous contrôle d’un comité de supervision. Cette structure de pilotage comprend le ministre des finances et du budget, le secrétaire général du gouvernement (SGG) et d’autres cadres administrateurs publics.
Des mesures sont déjà prises. L’une d’elles concerne les recrutements. ” Ils sont déjà gelés “. Les nouveaux postulants aux emplois publics doivent être acceptés par ce comité de supervision avant tout recrutement.
D’autres mesures sont élaborées. Les investissements à réaliser doivent faire l’objet d’une étude de rentabilité et d’une autorisation écrite par le ministère des finances. Les recrutements sont gelés. Tout nouveau recrutement fera l’objet d’une justification préalable adressée au comité de supervision avant de lancer un appel à candidature. Les missions à l’extérieur doivent être justifiées. Quant aux entreprises ayant obtenu des marchés publics auprès des sociétés d’Etat et qui ont des arriérés fiscaux subiront des retenus à la source avant décaissement des montants liés aux marchés, lit-on dans un document signé entre le ministre des finances Said Ali Chayhane et certaines sociétés d’État et dont nous nous sommes procurés une copie.
Et ce n’est pas fini. Les directeurs généraux ” s’engagent ” à verser des sommes qui seront évaluées par ce comité de supervision, selon le plan annuel budgétaire de la société, à produire la situation de trésorerie disponible le 5 de chaque mois et la remettre au comité et à l’informer aussi de toute difficulté éventuelle de nature à perturber ces engagements.
Si durant un trimestre, ” les résultats attendus sont éloignés des objectifs établis, des mesures correctives seront engagées” peut-on lire dans ce document signé hier par les directeurs généraux.
Néanmoins, un des directeurs concerné par la signature de ce nouveau contrat hier en présence du SGG et du ministre de finance a refusé de se soumettre. Et ce n’est pas n’importe lequel. Il s’agit du directeur général de l’opérateur historique, Comores Télécom, pourtant en difficulté. Selon des sources concordantes, c’est le montant de la somme à verser mensuellement qui l’indispose:” Nous ne sommes pas capables de payer cette somme par mois “, aurait déclaré Archimede Ahamada M’sa devant Chayhane et Idaroussi.
A noter qu’au moment de la signature, aucune base juridique n’a été citée ni pour le choix des membres composant ce comité de supervision n’en parlons plus de ses missions. De plus, le gel des recrutements arrive trop tard. Ces sociétés publiques ont fait le plein juste avant les élections. Chacune implose aussi par l’augmentation exponentielle de la masse salariale. Et les politiques, ceux là même qui font de l’ingérence aujourd’hui en sont les premiers responsables de cet état de fait.[/ihc-hide-content]