Crier émergence n’efface pas la réalité. La dictature et l’illégitimité du pouvoir sont là, avec toute leur cruauté. Les prisonniers politiques illustrent la violence vécue au quotidien. Cela s’accompagne de la corruption des esprits, à l’image du bal vociféré suite à l’agression prétendue, sur la route de Buuni dans le Hamahamet à Ngazidja, de M. Chayhane, membre du gouvernement illégitime d’Azali Assoumani, gouvernement issu de la mascarade électorale du 24 Mars 2019. Cette situation appelle à un sursaut inéluctable des pouvoirs locaux face à l’effondrement de l’appareil étatique, effondrement qui conduit à une véritable impasse politique.
En effet, le piétinement des règles démocratiques par une équipe sans mandat issue des urnes ne fait que renforcer le mépris du peuple à son égard et à juste titre. Le magazine semestriel Wakati qui venait de paraître au mois de janvier 2020 sur l’actualité des Comores titrait sur « Un ÉTAT mort-né ». Dans son classement des perspectives économiques et démocratiques « The Economist », revue scientifique britannique, amplifiait de son côté sur la carence de démocratie dans notre pays. L’État que dirige M. Azali Assoumani traîne dans les dernières lignes, celles des mauvais élèves, la 135e sur une liste de 165 pays au niveau mondial ; et 35e place sur 50 pays dans l’espace africain.
Dans une telle situation, la population ne pouvait pas se résigner. Des manifestations le prouvent constamment, heurtant l’arrogance et la surdité politique d’un pouvoir en pleine dérive et aux abois. Un pouvoir qui navigue sur des cérémonies et voyages incessants pour noyer l’ennuie qui le traverse. Il faut, cependant, un sursaut d’espérance sur d’autres leviers. Ce sont les pouvoirs communaux, par exemple, qui peuvent constituer une lueur d’espoir à travers une gestion financière rigoureuse et transparente dans les communes du pays. Mitsamihuli, ville située au nord de Ngazidja, semble l’avoir compris. Elle démontre une capacité respectable de mobilisation financière et de gestion transparente pour ses contribuables et administré(e)s. Le projet local, inauguré ce jeudi 20 février 2020 en faveur des routes secondaires est une réussite absolue. Ce qui montre qu’il est nécessaire d’espérer, surtout oser des réalisations efficientes et de la transparence par nos communes.
À Moroni, une telle ambition semble chimérique. La commune était déjà entachée par l’élection bizarre d’un Kiki battu aux urnes, mais repêché par des combinaisons de textes électoraux ambigus dont seul l’État comorien en a le secret. La capitale, c’est-à-dire le mdji wa yezi porte naturellement les tâches du yezi autocratique en cours car le pouvoir (yezi), s’ exerce auprès de lui d’abord, avant de se répandre, le cas échéant, sur l’ensemble du territoire. La guéguerre qui se joue actuellement dans les pseudos élections communo-législatives présage une continuité dans l’opacité.
À Mbeni, première commune pilote des Comores, le tableau est moins encourageant, malgré des potentialités encore évidentes liées à cette expérience de commune de la première heure. La commune semble cependant se livrer, mains et poings liés, à un certain Salim Hassan, un Azaliste pur dont l’opacité ne saurait étonné personne. Il faut vraiment une résignation qui frôle le suicide collectif pour laisser les potentialités de cette commune se réduire à néant. Ces éléments sont interrogatifs et désespérants. Sauf si un sursaut populaire se décide à sauver la commune du naufrage prévisible, en mettant un frein aux ambitions démagogiques de cette prétention à sens unique pour le compte d’Azali. Attendons voir.
Nourdine Mbaé