Les 2 et 3 décembre 2019, aura lieu à Paris la conférence des bailleurs de fonds en faveur du développement des Comores. Les Comores ont déjà connu deux conférences du même genre. Les Comoriens n’ont vu ni la couleur de l’argent promis ni le développement.
La première a eu lieu à Maurice sous la présidence Azali en 2005. La deuxième sous la présidence Sambi en mars 2010 à Doha (Qatar). A-t-on tiré les leçons des échecs précédents avant d’appeler à une troisième conférence ? Il est permis d’en douter.
Les hommes politiques comoriens rêvent tous d’une émergence sous diverses formes (Réhemani, miracle sambien, émergence 2030…), mais ils comptent tous sur un miracle extérieur. C’est pourquoi ils font venir dans le pays des escrocs présentés comme des « hommes providentiels » pour l’emploi et le développement. Ils fuient dès qu’ils ont blanchi suffisamment d’argent ou qu’ils ont reçu assez de marchés sans appel d’offre.
Les politiciens oublient qu’il y a un investisseur permanent, qui n’a jamais abandonné le pays et qui ne demande pas des passe-droits: la diaspora comorienne. Une diaspora qui, ces derniers temps a été insultée, calomniée et dont le rôle est minimisé dans le discours des politiques.
Pourtant, après le passage des escrocs internationaux la diaspora est toujours là. Elle construit les villages, les écoles, les foyers, investit dans de micro-entreprises, soutient les familles, instruit les enfants, fait entrer des milliards à la douane et des devises en masse à la banque centrale, malgré les bâtons dans les roues de tous les services de l’État.
Cette diaspora à qui le gouvernement fait la guerre depuis des mois (et qui la lui rend bien !) pourrait se révéler dans l’avenir le seul véritable bailleur de fonds du pays. À condition que des règles démocratiques soient instaurées dans l’économie et les finances. Et qu’on la respecte. On en est loin.
Mahmoud Ibrahime