Se préparer au pire en espérant le meilleur, tel devrait être l’état d’esprit de toute autorité publique à travers la planète, à l’heure où l’humanité tout entière fait face à ce que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qualifie désormais de pandémie.
Plus les jours passent, plus la menace que représente le COVID-19 s’approche de notre pays. L’île de La Réunion est touchée et le Kenya a enregistré son premier cas. Deux destinations ayant une liaison aérienne directe avec les Comores.
Bien avant qu’aucune infection ne soit détectée sur son territoire, la Fédération kenyane de Football avait demandé le report de la double confrontation Comores vs Kenya prévue les 25 et 29 mars, dans le cadre des éliminatoires de la Coupe d’Afrique des Nations CAN 2021.
Il semble que le gouvernement kenyan fut plus prudent et plus avisé que le nôtre, qui n’a émis aucune inquiétude concernant cette rencontre sportive qui devrait réunir des dizaines de milliers de supporters comoriens et kenyans dans les tribunes du stade Maluzini. Le fait que personne n’ait tiré la sonnette d’alarme, côté comorien, sur la dangerosité d’un tel événement, est révélateur de la légèreté déconcertante avec laquelle nos dirigeants traitent cette problématique.
Alors que les Chefs d’État appellent à l’interdiction des attroupements, que le Chef du gouvernement canadien, Justin Trudeau est en quarantaine, sa femme ayant été contaminée, Azali Assoumani et son gouvernement, continuent de donner le mauvais exemple. Ils étaient il y a quelques jours à Domoni sur l’île d’ Anjouan prenant des bains de foule, dans des cérémonies organisées à l’occasion de la journée mondiale des droits des Femmes.
La crise est tellement sérieuse et sensible que rien ne devrait être laissé au hasard. Il n’est nullement question d’instrumentaliser un sujet si gravissime à des fins politiques. L’heure doit être à l’union et à la solidarité de toute la nation, car si ce virus arrive, il ne distinguera pas de coloration politique et qui est de l’opposition ou qui soutient le pouvoir.
Mais cette unité indispensable ne doit pas être un prétexte pour nous empêcher de remettre en cause la pertinence des mesures de précaution et de prévention prises par nos autorités. La rumeur qui a affolé la population autour du patient de l’hôpital de Samba Kuni et la panique que cela a provoquée, démontre à quel point malgré la bonne volonté de madame la ministre de la Santé, Loub Yakout Zaidou, les procédures et les démarches à suivre ne sont pas encore assimilées par le personnel de santé qui est censé être aux avant-postes de cette bataille. Si une telle cacophonie règne, au sein des professionnels de notre système sanitaire que dire alors du reste de la population?
Plus d’une trentaine de pays au monde interdisent leur territoire aux voyageurs en provenance de France. Pourquoi l’Union des Comores qui n’a pas les infrastructures sanitaires nécessaires pour faire face à cette crise, prend-elle le risque d’accueillir des personnes venant de France, où l’épidémie fait des ravages à tel point que toutes les écoles sont fermées jusqu’à nouvel ordre ? Pourquoi ne fermons-nous pas simplement nos frontières ? Les pertes économiques qu’engendrerait une telle mesure ne sont rien comparées aux pertes en vies humaines que causerait cette pandémie si par malheur elle devait arriver chez nous.
Les ports comoriens sont de véritables passoires, six ressortissants des Philippines sont entrés sur le sol comorien par bateau sans qu’ils ne soient au préalable soumis au dispositif de contrôle. Il est évident que nous n’avons pas les capacités pour mener une surveillance efficace, en pareille circonstance, il n’y a qu’une seule solution : la fermeture des frontières le temps que cette pandémie soit maîtrisée. Nous sommes un petit pays, il suffit qu’une personne infectée se rende au marché de Volo-Volo et en contamine d’autres, pour que le virus se propage aux quatre coins de l’archipel. Pour échapper à un tel scénario catastrophe, mieux vaut en faire trop que pas assez.