Les relations entre Sambi et Azali s’expliquent par leur histoire commune faite de rejet, d’accord et de vengeance depuis 2006. Par Faissoili Abdou
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L’histoire de Sambi et Azali, c’est d’abord des images, des symboles. Au tout début, il y a la cérémonie d’investiture du président Ahmed Abdallah Sambi, le 26 mai 2006, lors de laquelle son prédécesseur Azali Assoumani a été copieusement hué par la foule. Une humiliation qui semble avoir marqué à jamais ce militaire. Ensuite, une fois à Beit-Salam le Président Sambi décide d’engager des poursuites judiciaires à l’encontre de certains caciques du régime précédent soupçonnés de malversations. Certains feront de la prison. La Convention pour le Renouveau des Comores (CRC) sera de ce fait le premier parti d’opposition au régime Sambi (2006-2011), bien que son chef, Azali Assoumani reste discret pendant toute la présidence Sambi.
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En 2016, on pensait que les deux hommes s’étaient réconciliés à partir de l’accord de Missiri entre les candidats Juwa et Azali, puis la rencontre entre le candidat Azali et Sambi au domicile de ce dernier à Voidjou. Là même où l’homme en turban vert est enfermé depuis plus d’un. On se remémore encore des images entre les deux hommes, tout souriants, assis côte à côte dans la cour de l’appartement de Voidjou. C’est après cette rencontre avec le candidat d’alors Azali Assoumani que le leader du parti Juwa officialisera son soutien à la candidature du chef de la CRC. « Au nom de l’intérêt supérieur de la Nation », tiendra à préciser Sambi.
Le divorce : « J’aurai besoin de lui encore un an tout au plus »
Leur attelage ne va pas résister à l’épreuve du pouvoir. Un an après, les premiers couacs ont surgi et le divorce suit. En juin 2017, alors que le gouvernement comorien a décidé de rompre les relations diplomatiques entre les Comores et le Qatar « en solidarité avec l’Arabie Saoudite », l’ancien président poste une vidéo sur les réseaux sociaux pour regretter ce choix du gouvernement. Une prise de position qui n’a pas plus à Beit-salam. Un prétexte tout trouvé. Le divorce est prononcé. Il sera immédiat. Sans frais.
Dans son discours à la Nation le 6 juillet 2017, Azali Assoumani déclare : « Je regrette profondément l’attitude et les déclarations de mon prédécesseur l’ancien Président, d’un parti allié, membre de la coalition gouvernementale. La méthode et la manière choisie pour faire ses dernières déclarations ne m’ont pas paru indiquées. Je respecte toutefois son choix et j’en prends acte, comme j’ai bien saisi son message. Il m’appartient d’en tirer les conséquences ». Une véritable déclaration de guerre qui sera suivie d’effets immédiats.Le président a toujours raison même quand il a tort.Dans la foulée, les ministres Juwa au sein du gouvernement seront débarqués sans ménagement. « J’aurai besoin de lui encore un an tout au plus. On presse l’orange et on jette l’écorce », disait Voltaire à Madame Denis, lettre du 2 septembre 1751, en rapportant les propos de Frédéric de Prusse à son sujet. Le président Azali n’en dirait pas moins sur Sambi.
Le prétexte du rapport parlementaire
C’est à partir de cette opposition publique à la rupture diplomatique entre les Comores et le Qatar que vont débuter les ennuis de l’ancien président.La campagne pour le référendum qui suivra ressemblera à s’y méprendre à une véritable campagne de dénigrement de l’ancien Raïs. Les différents orateurs au meeting du gouvernement se lâchent sans réserve pour enfoncer cet ennemi à abattre. Azali ne cache pas les sentiments que lui inspire l’homme au turban vert dont il ne supporte plus la popularité. À l’assemblée où siège la commission d’enquête parlementaire sur le dossier de la citoyenneté économique tout s’accélère. Le document final qui n’aurait pas suivi les procédures normales fuite sur les réseaux sociaux. En plus de la mauvaise gestion des fonds de la citoyenneté économique, le rapport parlementaire accuse l’ancien président Sambi d’avoir touché un pot-de-vinastronomique pour faire adopter la loi sur la citoyenneté économique.
Résidence surveillée avant la prison
La bombe est lâchée. Très rapidement, et malgré l’opposition d’une partie de la commission d’enquête parlementaire, le président de l’Assemblée accompagné de l’autre partie de la commission remettra le document au Chef de l’État qui a promis de donner une suite à ce dossier. La justice se met en branle. Pendant ce temps, Sambi qui se trouve à l’étranger se débat sur les réseaux sociaux pour nier les allégations de la commission d’enquête parlementaire à son sujet. Ces partisans investissent les mosquées pour lire un hitma… Lorsqu’il rentre au pays, le gouvernement qui semblait craindre des troubles lors de l’arrestation du populaire leader du Juwa décide de mettre en route son plan. L’ex-président sera mis en résidence surveillée pendant trois mois le temps de jauger la réaction de ses partisans. Sans réaction de ses derniers, le gouvernement passe à la vitesse supérieure. C’est à la fin de cette période de mise en résidence surveillée que la justice en profite pour le coincer sans lui donner la chance de sortir des quatre murs pour respirer.
Il totalise aujourd’hui 15 mois dans sa prison de Voidjou, sans compagnie et isolé du monde. Il n’est donc pas étonnant que sa santé se dégrade sous l’effet de l’isolement et du stress.
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