Le sanduku est une institution de microfinance aux Comores. Le terme désigne, à l’origine, une caisse de solidarité et d’entraide aux Comores. Cette institution, créée en 1994, joue un rôle essentiel dans le développement économique local en offrant des services financiers adaptés aux besoins des populations, notamment en milieu rural. Dans un contexte où les villages ne peuvent pas bénéficier d’un budget venant de l’État pour leur développement, le Sanduku leur permet de mener certains projets en ayant recours à leurs propres moyens et à la diaspora. Les Sanduku sont donc devenus des acteurs incontournables, couvrant une grande partie des villages de l’archipel.
Mmadi Dahalani, le Secrétaire général du Sanduku de Diboini, qui a été créé il y a quelques mois, nous explique les avantages qu’en attend son village.
Diboini est situé au centre nord de l’île de Ngazidja, à quelques kilomètres de l’aéroport de Hahaya, en allant vers l’intérieur des terres, à environ 450 mètres d’altitude. Sa situation géographique offre des paysages divers et attractifs.

C’est pour mettre en valeur les richesses du patrimoine du village par le tourisme, dans une perspective de développement durable, que les jeunes du village se sont tournés vers l’Union des Sanduku.
Propos recueillis par Issihaka Mohamed
Masiwa – Quelles ont été les motivations principales qui ont conduit à la création de ce Sanduku ?
Mmadi Dahalani – Les motivations principales étaient de gérer efficacement l’économie du village, faciliter les activités financières des habitants, simplifier les échanges monétaires entre notre diaspora et la localité, lutter contre le chômage des jeunes et combattre le vol dans la communauté.
Masiwa – Comment le Sanduku a-t-il été mis en place ? Quelles étapes ont été suivies ?
Mmadi Dahalani – Ce sont des jeunes actifs du village qui ont initialement proposé l’idée. Le projet a ensuite été présenté aux aînés pour approbation, puis dans plusieurs réunions pour parvenir à un accord.
Nous avons enfin soumis notre candidature à l’Union des Sandukus de Ngazidja qui l’a validée. Nous avons collecté une caution de 3 000 000 KMF. La construction du bâtiment a duré environ un an et huit mois, suivie de deux mois d’aménagement intérieur.
Masiwa – Quels sont les critères d’adhésion et les règles de fonctionnement ?
Mmadi Dahalani – Il faut rassembler initialement 300 membres, payer la caution requise, disposer d’un bâtiment conforme aux normes, avoir un coffre-fort en béton et mettre en place un conseil d’administration pour assurer la médiation entre le Sanduku et le village, accompagné d’une commission de suivi.
Masiwa – Qui gère les fonds et comment est assurée la transparence ?
Mmadi Dahalani – La direction générale de l’Union des Sanduku gère les fonds. La transparence est assurée quotidiennement grâce à des bilans journaliers partagés entre les agents du Sanduku, le conseil d’administration et l’Union des Sandukus de Ngazidja.
Masiwa – Quelles sont les principales contributions reçues jusqu’à présent ?
Mmadi Dahalani – Les contributions proviennent principalement de dons de la diaspora originaire du village et de certains résidents du village. Elles ont permis de couvrir l’architecture interne, l’aménagement intérieur et la construction du bâtiment.
Masiwa – Quels sont les principaux avantages que le Sanduku apporte aux habitants de Diboini ?
Mmadi Dahalani – Le Sanduku assure la sécurité des citoyens, facilite l’accès à des prêts pour divers travaux, propose des panneaux solaires payables sur douze mois, à partir de 270 000 KMF, selon les appareils utilisés à domicile, facilite la création de projets et offre une certaine autonomie au village.
Masiwa – Comment la communauté locale perçoit-elle cette initiative ?
Mmadi Dahalani – La communauté locale perçoit cette initiative positivement, la considérant comme un moyen de faciliter les transactions financières et promouvoir le développement économique local.
Masiwa – Quels ont été les principaux obstacles rencontrés depuis la mise en place du Sanduku ?
Mmadi Dahalani – Les principaux obstacles ont été au niveau de la collecte des fonds initiaux pour la caution et la construction du bâtiment, ainsi que la mobilisation de 300 membres pour répondre aux critères d’adhésion et la formation du personnel, notamment de l’agent de crédit.
Masiwa – Comment gérez-vous les éventuels désaccords ou problèmes liés à la gestion des fonds ?
Mmadi Dahalani – Les désaccords sont gérés par le conseil d’administration, qui assure la médiation entre le Sanduku et la communauté, en collaboration avec l’Union des Sanduku pour garantir la transparence et le respect des règles établies.
Masiwa – Quels sont les défis à relever pour assurer la pérennité du Sanduku ?
Mmadi Dahalani – Il faut maintenir la confiance des membres et de la communauté, assurer une gestion transparente et efficace des fonds, adapter les services aux besoins évolutifs des habitants et former continuellement le personnel pour une meilleure gestion.
Masiwa – Quel rôle la diaspora peut-elle jouer pour soutenir ce Sanduku ?
Mmadi Dahalani – La diaspora peut soutenir le Sanduku en effectuant des dons pour renforcer les fonds, en facilitant les échanges monétaires entre l’étranger et le village, en participant à des projets de développement locaux et en apportant des compétences et des idées nouvelles pour améliorer les services.
Masiwa – Y a-t-il des actions concrètes ou des initiatives que vous aimeriez voir mises en place par la diaspora ?
Mmadi Dahalani – Oui, la diaspora peut jouer un rôle essentiel en finançant des projets pour le développement du village. Grâce au Sanduku, les fonds sont sécurisés et il est possible d’ouvrir un compte avec un RIB international, ce qui permet aux ressortissants vivant à l’étranger de gérer leurs contributions à distance.
Parmi les initiatives souhaitées, nous aimerions voir la diaspora soutenir le financement des infrastructures du village et la création d’une école technique. Cela permettrait de former les jeunes à des métiers d’avenir.
Masiwa – D’autres projets futurs pour le Sanduku ?

Mmadi Dahalani – Le Sanduku prévoit de développer plusieurs projets pour renforcer son impact au sein du village. Parmi les projets envisagés, nous travaillons sur des initiatives visant à améliorer l’accès aux financements pour les habitants, à soutenir l’entrepreneuriat local et à investir dans des infrastructures communautaires. Ces projets sont en cours de réflexion et seront définis en fonction des besoins prioritaires du village et des moyens disponibles.
Masiwa – Comment peut-on suivre l’évolution de cette initiative et y contribuer activement ?
Mmadi Dahalani – L’évolution du Sanduku peut être suivie à travers les réunions du conseil d’administration, les bilans périodiques et les communications avec les membres. Pour y contribuer activement, il est possible de devenir membre, de participer aux décisions, d’apporter un soutien financier ou matériel, et de proposer des initiatives pour améliorer son fonctionnement.
Lire aussi dans Masiwa : « Tourisme rural, facteur de développement à Diboini » (Masiwa n°487 du 9 juillet 2024).
https://masiwa-comores.com/societe/tourisme-rural-facteur-de-developpement-a-diboini/