La première édition du Festival international Bangwe de l’Oralité, initiée par l’association Kam’art Culture s’est tenue à Moroni et à Mbeni, du 23 au 28 mai, dans le cadre d’une politique culturelle de promotion et de sauvegarde de la tradition orale et de la langue comorienne.
Par Houdheif Mdziani
La tradition orale comorienne veut ressusciter. Elle a encore des étincelles pour nous émerveiller, des souvenirs à nous remémorer et des émotions à nous procurer. Infiniment diversifié, constitué d’une beauté linguistique inouïe, cet héritage culturel a été célébré dans les deux villes historiques de Moroni et Mbeni dans le cadre du Festival international du Bangwe de l’Oralité.
La première édition de ce festival aux Comores a été sublimée par la justesse phrastique du slameur Rahim Elhad et par le lyrisme poétique de la slameuse Nawiya Bacar. Les deux artistes font partie des administrateurs de l’événement. Ce festival culturel veut rassembler les Comoriens, les jeunes en particulier et se donne pour but la promotion, la sensibilisation et la sauvegarde de la tradition orale et de la langue comorienne, souvent délaissée par les pouvoirs publics.
Plusieurs activités culturelles et éducatives ont été programmées pour accompagner cette semaine culturelle : des ateliers d’écriture, des ateliers sur le Shikomori, une formation sur le journalisme culturel, l’administration des événements culturels, l’organisation de spectacles vivants allant des contes aux danses traditionnelles et une conférence sur la vie de Cheikh Ahmad Qamardine, l’un des plus grands intellectuels comoriens qui ont marqué l’histoire de notre pays.
La passion de l’art
Le jeune artiste Rahim Elhad, directeur artistique de l’événement, nous montre à travers cette initiative que la culture nécessite une passion, exige du travail, de l’engagement et une vocation d’où son programme sur la professionnalisation des métiers de la culture, à savoir la formation en journalisme culturel et en management culturel. Parlant de journalisme culturel, l’initiative de cette formation dirigée par Eric Azanney, formateur et journaliste béninois spécialisé dans l’art et la culture est de permettre aux journalistes comoriens, plus précisément les journalistes culturels comme ceux de l’Ortc, La Gazette, Al-Watwan, Hayba Fm, Al-Fajr et tant d’autres qui ont participé, d’aiguiser leurs plumes en ayant un sens critique sur les productions culturelles qui seront créées par les artistes comoriens et de pouvoir faire rayonner aussi la culture comorienne dans l’univers culturel africain. Quant à la formation en management culturel, l’idée est de pouvoir concilier le ravissement de la passion et le professionnalisme du métier, c’est-à-dire, permettre aux jeunes Comoriens qui sont baignés dans l’art, de pouvoir gagner leur vie en faisant de leur passion un métier comme les artistes professionnels internationaux.
Pour atteindre cet objectif et assurer la réussite de cette première édition aux Comores, l’association Kam’art Culture a pris le soin d’inviter des artistes internationaux comme le Français Nino Mousset Eniah et l’Ivoirien Nin’wlou qui ont transmis avec passion et plaisir leur savoir-faire dans différents établissements scolaires de Mbeni.
L’implication des scolaires
À l’issue de ces ateliers, les élèves du Lycée de la Solidarité islamique et de l’EHAD n’ont pas manqué de manifester leur intérêt, tant leurs yeux écarquillés, brillaient d’admiration en s’impliquant eux aussi dans cette belle aventure littéraire. Un concours interscolaire, en partenariat avec l’Union européenne et Komlink, s’est déroulé le samedi 28 mai, pour pouvoir permettre aux participants d’affirmer les connaissances acquises lors de cet atelier, s’initier à l’écriture avec aisance et à la prise de parole en public.
Cette nuit du samedi battait au rythme des percussions, de cette mélodie qui raisonne naturellement. Les spectateurs, épris de plaisir, jubilaient sur fond des danses traditionnelles. Les sonorités semblaient lavées de toute scorie, épurées par la sueur des danseurs et de la continuation perpétuelle de la tradition. La poésie comorienne a clôturé magnifiquement cette nuit de l’oralité.
La réussite de cet événement a été en partie assurée grâce à l’implication de nombreux partenaires internationaux et nationaux qui n’ont pas hésité à apporter leur soutien pour faire de cet événement une percée dans l’univers somnolant de la culture comorienne.