Du 19 au 21 mai dernier, l’alliance franco-comorienne de Moroni a vibré aux sons et aux rythmes du premier festival international des musiques d’influences twarab aux Comores.
Hachim Mohamed
Plusieurs groupes musicaux comme Komo de Mayotte, Salif El-watoine d’Anjouan, Taara jazz et Uwaridi de Tanzanie, Soubi de Mohéli, Mi Sambeko, Salim Ali Amir et Cheikh Mc de la Grande-Comore ont enflammé les trois soirées.
En ouverture de chaque soirée, un groupe de chants traditionnels féminins s’est produit au Café vers 17 heures 30. Le festival se déplaçait ensuite à la salle du spectacle vers 18 heures 30. Et enfin, le terrain de basket vers 20 heures 30 où il était autorisé de danser pour les mélomanes.
Organisé sur trois jours par l’Alliance franco-comorienne, le premier festival des musiques d’influences Twarab aux Comores a tenu ses promesses. La première soirée, le 18 mai, fut honorée par des personnalités du monde de la culture ou de la politique (le président et la directrice adjointe de l’Alliance franco-comorienne, le conseiller Coopération et Action culturelle et l’attachée de la coopération éducative et culturelle de l’Ambassade de France, le ministre des Affaires étrangères des Comores), mais aussi par des journalistes, des artistes et de simples citoyens.
« Nous avons souhaité montrer les différents courants qui utilisent et se nourrissent de cette belle musique afin de lui donner un écho au-delà de ses propres frontières. En fait, nous caressons secrètement le rêve que ce festival puisse aider à faire naitre le prochain Kassav Comorien. Croisons les doigts », a affirmé dans son discours le Directeur général de l’Alliance franco-comorienne, Jean Rémy Guedon.
Salim Ali Amir, l’artiste iconique de la musique traditionnelle, qui a été associé dans l’organisation de ce festival international, a rejoint le Directeur dans ce combat de la promotion et de la sauvegarde d’un patrimoine immatériel et inestimable des Comores.
« Pour une musique extrêmement riche à conserver et à vendre, les sons Twarab ont perdu leurs lettres de noblesse au profit d’autres musiques bénéficiant d’un large soutien aux sponsors. Les chansons de twarab aux Comores représentent aujourd’hui un patrimoine musicalement vivant. Merci à l’Alliance franco-comorienne d’avoir pensé aux artistes ayant organisé le premier concours de musique twaraib en 2019 et des ateliers de formation », a déclaré Salim Ali Amir, avec une pointe de regret.
Programme musical à la hauteur et une organisation hors pair.
Pour cette première édition du festival des musiques d’influences Twarab aux Comores, les invités de l’Alliance ont eu droit à une série de spectacles. Les soirées débutaient par un rendez-vous au Café, vers 17 heures 30, ensuite dans la salle de spectacle vers 18 heures 30, et enfin sur le terrain de basket vers 20 heures 30 où il était autorisé de danser.
Le public a répondu présent, attiré par la notoriété de groupes musicaux comme Komo de Mayotte, Saif El watoine d’Anjouan, Taara jazz et Uwaridi de Tanzanie, Soubi de Mohéli, Mi Sambeko, Salim Ali Amir ou encore Cheikh Mc de la Grande-Comore. En trois jours d’animations tous azimuts, le festival a accueilli quelque 500 spectateurs payant.
Ce premier festival s’est traduit sur scène par des genres musicaux qui se sont mélangés joyeusement. Les artistes ont eu recours à toutes les astuces à même d’accrocher le public via un programme et un répertoire à la hauteur, servis par une organisation hors pair.
Uwaridi de Tanzanie et Soubi de Mohéli ont cassé la baraque
Étrangères invitées à ce festival, les femmes tanzaniennes du groupe Uwaridi, ont époustouflé le public par leur manière traditionnelle de jouer avec virtuosité l’instrument à percussion, l’instrument à vent ou encore l’instrument à cordes.
Visiblement, le public venu pour humer l’ambiance du twarab à la tanzanienne, écouter et danser a été largement gratifié par l’harmonie qui a fait danser tout le monde.
La jubilation était à son sommet d’autant plus qu’à chaque prestation sur scène, c’était de la part de ces artistes pas comme les autres, un talent naturel, un trait de générosité, un art, une façon d’être, un inlassable travail. Ces artistes tanzaniennes étaient aussi capables de donner au spectacle un rythme d’enfer !
Ce fut une performance scénique où en plus de leçons de violon, de guitare, ces femmes offraient aux Comoriennes des leçons de djembé, d’accordéon et surtout une démonstration d’un rigodon endiablé de trois danseuses qui a duré un quart d’heure !
Les Tanzaniennes de Uwaridi ont le sens du spectacle, l’art de la chorégraphie et en écoutant la voix de leurs deux chanteuses dont l’une est aussi guitariste, tout le monde reste subjugué.
Porté par des sons du terroir et diaboliquement entraînant, le premier festival des musiques d’influences Twarab a été marqué aussi par la titanesque partition de biyaya de quatre magnifiques musiciens mohéliens. Un instrumentiste s’est « détaché » ostensiblement et a « brulé les planches » en se lançant chaque fois dans des danses.
Soutenus par le solo vertigineux interprété par un virtuose d’instruments à cordes pincées, le son « soubi » était résolument nouveau, tonitruant, le riff très accrocheur. Sans oublier ses cordes qui vibraient comme les ailes d’un papillon. Son chant semble sorti d’une planète lointaine et surtout. La voix de Soubi est pourvue d’une tessiture assez étendue pour suggérer aussi bien le masculin que le féminin dans l’interaction avec le public.
Par battements ou levées de mains des belles femmes comoriennes, les effusions de tendresse et d’éloges ont déferlé pour saluer l’incommensurable talent et la générosité de ces mohéliens.
Incontestablement, Soubi de Mohéli et Uwaridi de la Tanzanie ont été les deux groupes de musique les plus appréciés par le public pendant ce festival.
Une montée en gamme du festival
Qu’on soit fan invétéré ou néophyte du mythique artiste de Salim Ali Amir, de Cheikh Mc ou encore du groupe Saif El Watoine, la soirée de samedi 21 mai était une belle occasion de découvrir ou de redécouvrir le talent de ces artistes.
Sur le terrain de basket de l’Alliance, le public essentiellement féminin d’Anjouan a longuement applaudi quand vers 23 heures, sept musiciens de Saif El Watoine, vêtus de chemises blanches sont montés sur les planches pour revisiter leurs compositions passées, indémodables.
Avec «Djamila», «Chadia», «Wayili wapvendzanao», le patrimoine musical comorien a bercé les cœurs des jeunes et des moins jeunes. Les paroles ont été reprises dans le public par de belles femmes véritablement en transe.
Autant les Anjouanais et anjouanaises avaient vibré avec les musiciens de Saif El Watoine, autant les Wangazidja, essentiellement de Moroni ont chanté avec les deux artistes iconiques de la capitale : Salim Ali Amir et Cheikh Mc.
Le rappeur, chanteur de «Djibuwe», «Waheleleya» est encore une fois entré en communion avec son public, tandis que Salim Ali Amir reprenait des classiques comme «Kadjidji», «Mbaba nkabwa» ou encore une chanson de Mohamed Hassane « Trunda lidjisawo ngilo mrini ngali walao ». Les deux artistes ont enchanté leurs fans.
De ce riche répertoire joué par des mains de maître, les danses et les chants ont jeté toute l’assistance dans une sorte d’extase où par nostalgie du bon vieux temps, la musique et la grâce se sont mariées pour donner un spectacle haut en couleur.
Le spectacle a pris une autre tournure quand le Directeur général de l’Alliance franco-comorienne, Jean-Rémy Guédon, muni de son saxophone, a rejoint sur scène l’orchestre de Salim Ali Amir. Devant cette scène insolite, les mélomanes comme quelques musiciens de l’orchestre se sont précipités sur lui, dans une mêlée indescriptible pour se défouler.