Depuis deux décennies, la classe politique comorienne est faisandée. Elle se caractérise par une grande inertie.
Par Said Yassine Said Ahmed, Auvergne-Rhône-Alpes
La politique devient une belle opportunité, elle se fait n’importe comment et peut être exercée par n’importe qui. Pire encore, depuis sept ans, plus précisément depuis 2016, les Comores sont mises dans un labyrinthe par la classe politique, toutes couleurs confondues. L’image d’une société sans État se dessine. La génération politique des années 1990 est celle qui a la plus grande longévité sur la scène politique comorienne. Pourtant, elle demeure stérile. Le mal implanté depuis la période Mwangaza-RDR ne cesse de germer.
Une opposition leurrée par une puissance étrangère
Depuis l’instauration du régime tyrannique aux Comores, le pays est dans un gouffre. La situation profite à une poignée d’hommes et de femmes minoritaires, mais possédant une force occulte.
Combien de politiques, d’activistes et de technocrates, ont quitté le pays depuis l’arrivée du régime en place ? Depuis 2019, la liste est très longue et il est probable qu’elle va se rallonger dans quelques mois. Suite aux élections de 2019, la chasse aux hommes politiques a été mise en application. Mais, dans cette besogne, sans la puissance du pays partenaire, la France, Azali ne pourrait rien faire. Illustration. Les 90 jours, promis par Hassani Hamadi, pour le retour au pays, n’ont pas été anodins. Avec le bateau loué dans lequel, son garde du corps, son chauffeur et lui-même ont pris place, avec le retardement, sur instruction, du vol prévu à l’aéroport de Dzaoudzi pour l’amener en France… tout cela n’était pas insignifiant. Achmet Said Mohamed, Ali Mhadji, Djaffar Ahmed Saïd, Moustoifa Saïd Cheick, Mohamed Ali Soilihi, Soilih Mohamed Soilih… la ruse a bien marché.
Tous ont été poussés vers l’extérieur et sont devenus vulnérables. Qui de ces politiques qui ont plus ou moins un électorat pourrait, à distance, pousser cet électorat à descendre dans les rues ? Aucun. Et le reste est terrorisé. Le reste ne comptait pas aux yeux d’Assoumani Azali. Ils peuvent être, soit fugaces, soit putrescibles.
La battue et les fuites de ces hommes n’ont pas été uniquement le fait d’Assoumani Azali tout seul, surtout si la France accepte d’héberger la grande partie de ces hommes au même moment. Inconsciemment et avec félonie, ils baignaient dans l’opulence des promesses jamais réalisées.
« Des sacrifices pour une dynastie »
Et du côté du pouvoir, des ambassadeurs et des consuls des Comores sont fabriqués. Des postes réservés au cercle de la mouvance présidentielle et CRC, le constat est clair. Ceux qui devraient déranger le fils d’Assoumani Azali, cet apprenti politique sur les traces de son père, Nour El Fath Azali, sont malicieusement écartés. Et avec des avantages en argent et en flânerie, ils prétendent réaliser un exploit et pourtant ils ont vendu leur dignité. On peut citer des exemples d’ambassadeurs comme Mohamed Chatur El-badawi à Bruxelles, Maoulana Charif en Chine, Yahya Mohamed Ilyass au Maroc… pour ne citer que ces hommes. Le terrain est à la dynastie azalienne. Le conseiller de son père a rang de ministre et toute la bande au pouvoir sous ses semelles. C’est ce qui amplifie ses mépris, son arrogance envers le peuple qui a fait de son président ce qu’il est aujourd’hui.
De nombreuses décisions garnies de vices et de maladresses sont prises par Assoumani Azali, des balourdises se commettent à chaque lever du soleil par Assoumani et ses auxiliaires. Ceux-là ont comme caution, l’inertie de la classe politique comorienne… qui n’agit pas commodément. Suppressions des instances et institutions, passages des projets des lois illicites à l’Assemblée de l’Union, silence sur l’affaire du pétrole comorien, modification des dates des élections de 2024, répit sur l’affaire Uwambushu, crépitation de la dette extérieure des Comores… et plusieurs gaucheries incessantes en défaveur des Comores. Et cela a des conséquences désastreuses dans la vie quotidienne des Comoriens.