Le Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) est parmi les partenaires internationaux qui appuient le système sanitaire comorien. Dans le cadre de la journée internationale des sages-femmes célébrée le 5 mai dernier (lire Masiwa N°327), Masiwa s’est entretenu avec la cheffe du bureau et coordinatrice de programme UNFPA Comores. Propos recueillis par Natidja Hamidou
Masiwa – Qu’est-ce que l’UNFPA apporte aux sages-femmes comoriennes pour faciliter la pratique de leur métier ?
Dr Boni-Ouattara Edith – L’action du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) envers les sages-femmes comoriennes porte sur quatre points essentiels : l’appui à des formations axées sur les compétences pour renforcer les capacités des sages-femmes ; l’appui technique pour l’élaboration de mécanismes réglementaires afin de garantir des services de qualité ; l’appui à l’Association des Sages-Femmes pour la promotion de leurs pratiques ; le plaidoyer pour une hausse des investissements en faveur de services obstétriques de qualité.
L’UNFPA travaille aussi à créer un environnement qui soutient les sages-femmes en défendant des politiques d’augmentation des effectifs.
Masiwa – Quelle est la situation des Comores au niveau des statistiques de la mortalité maternelle et néonatale ?
Dr Boni-Ouattara Edith – En Union des Comores, le taux de mortalité maternelle était de 172 pour 100 000 naissances vivantes et le taux de mortalité néonatale de 24 pour mille naissances vivantes en 2012. Les données hospitalières des dernières années suggèrent une baisse de ces taux. L’enquête MICS en préparation nous informera donc sur la situation actuelle.
Masiwa – Quelles évolutions l’UNFPA a pu constater ces dernières années dans le pays ? Y a-t-il des différences avec les autres pays africains ?
Dr Boni-Ouattara Edith – Une diminution importante de la mortalité maternelle a été observée ces dernières années aux Comores. Elle est due au renforcement de la capacité et de la disponibilité des sages-femmes, à l’amélioration du suivi des femmes enceintes en consultation prénatale (près de 98,9% en 2019), et à l’augmentation des accouchements dans les centres de santé et hôpitaux.
Par rapport aux autres pays africains, les Comores ont beaucoup progressé et sont dans une bonne trajectoire pour atteindre la cible fixée par les Objectifs de Développement durable. Le pays fournira des efforts pour atteindre d’ici à 2030, une mortalité maternelle en dessous de 70 pour 100 000 naissances vivantes, et une mortalité néonatale à 12 pour 1 000 naissances vivantes au plus.
Masiwa – Quels sont les objectifs que se fixe l’UNFPA dans ce domaine aux Comores ?
Dr Boni-Ouattara Edith – L’UNFPA est l’agence directrice des Nations Unies en charge des questions de santé sexuelle et reproductive. Notre mission est de créer un monde dans lequel chaque grossesse est désirée et chaque accouchement sans danger. Un monde dans lequel chaque jeune réalise pleinement son potentiel.
L’UNFPA a engagé de nouvelles actions pour atteindre trois résultats transformationnels d’ici 2030, des objectifs portant la promesse d’un changement pour chaque homme, femme ou jeune personne, à savoir mettre un terme à la mortalité maternelle évitable, mettre fin au besoin non satisfait de planification familiale, mettre fin aux violences basées sur le genre et aux pratiques néfastes.
À cet effet, l’UNFPA travaille dans le cadre de l’équipe pays des Nations Unies sous le leadership du Coordonnateur Résident des Nations Unies aux Comores.
Masiwa – Quels sont les apports de l’UNFPA pour améliorer la prise en charge des femmes enceintes et les enfants aux Comores ?
Dr Boni-Ouattara Edith – Pour l’UNFPA, sécuriser la maternité constitue une priorité absolue. A cet effet, l’UNFPA intervient pour assurer la promotion de l’accès universel aux droits et soins en matière de santé sexuelle et reproductive, la promotion des normes et standards en matière de santé maternelle et l’appui au renforcement du système de santé.
Les apports de l’UNFPA incluent : l’accès aux contraceptifs modernes pour les services de planification familiale des femmes comoriennes ; le renforcement de capacités des sages-femmes et médecins pour la prise en charge des urgences obstétricales et néonatales ; la prévention des grossesses des adolescentes ; la réhabilitation de maternités et la dotation d’ambulances et de cliniques mobiles, l’appui des maternités en médicaments, matériel et équipements médicaux, y compris les équipements de protection individuelle pour les agents de santé afin d’améliorer la qualité de la prise en charge des soins obstétricaux et néonatals, la surveillance et riposte aux décès maternels qui aident les décideurs à comprendre comment et pourquoi des femmes sont mortes en donnant la vie, et comment répondre à ce problème afin d’améliorer la qualité des services, la prévention et la prise en charge des violences basées sur le genre de plus en plus fréquentes chez les femmes et les enfants.
Masiwa – La formation des sages-femmes est-elle efficace aux Comores ? Bénéficient-elles de formation ou recyclage de la part du FNUAP ?
Dr Boni-Ouattara Edith – La formation des sages-femmes apporte beaucoup d’amélioration dans la prise en charge des femmes enceintes, démontré par la baisse de la mortalité maternelle et l’augmentation de la prise en charge de l’accouchement par le personnel qualifié.
L’UNFPA apporte un appui considérable à la formation continue des sages-femmes sur la technologie contraceptive et la prise en charge des soins obstétricaux.
Masiwa- Les centres hospitaliers sont-ils suffisamment équipés ? Comment se traduit l’appui de l’UNFPA en matière d’équipement ?
Dr Boni-Ouattara Edith – L’UNFPA apporte son appui dans 12 districts d’interventions en matière de dotation de matériel et équipement médical pour les maternités selon les besoins identifiés.
Pour l’UNFPA, la priorité est de faire en sorte qu’aucune femme ne meurt en donnant la vie.
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