Une grande étape vers la modernisation. Au 34e Conseil des ministres de la Commission de l’Océan indien (COI) qui s’est tenu le 6 mars à Beau Vallon, aux Seychelles, les pays membres ont adopté la révision de l’Accord de Victoria, texte fondamental de cette organisation créée en 1982 et institutionnalisée en 1984 afin de mieux l’adapter aux enjeux contemporains. À l’issue de cette rencontre, la présidence du Conseil des ministres a été confiée à Souef Mohamed Elamine, ministre comorien des affaires étrangères et de la coopération internationale chargé de la diaspora. Il succède ainsi à Vincent Mériton, vice-président des Seychelles pour un mandat d’un an. Par Faissoili Abdou
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La COI acte la révision de l’Accord de Victoria visant à moderniser cette organisation qui regroupe les Comores, Madagascar, Maurice, la France pour le compte de La Réunion et les Seychelles. Il s’agit là d’une suite logique de la réunion ministérielle d’août 2019 à Moroni à l’issue de laquelle les participants avaient manifesté leur ambition de réformer en profondeur cette organisation régionale. Hamada Madi Boléro, le secrétaire général de la COI, a affirmé dans son discours que l’adoption de cette charte révisée ainsi que les autres décisions prises lors de cette rencontre aux Seychelles « réaffirmeront le rôle opérationnel de notre organisation » et «approfondiront son rayonnement politique et sa portée stratégique ». « Cette ambition politique est celle d’une COI renforcée et modernisée pour répondre aux enjeux actuels et futurs du développement », a-t-il poursuivi soulignant qu’il s’agit là d’une « première étape de notre évolution institutionnelle : la révision des textes d’application est en cours et en toute logique, le mode de fonctionnement de notre organisation se modernisera rapidement ».
L’Accord de Victoria révisé définit notamment la mission – élargie – de la COI, institue le Sommet des chefs d’État et de gouvernement qui devient donc un organe statutaire, crée le poste de Secrétaire général adjoint ou encore prévoit l’organisation de conférences ministérielles thématiques / sectorielles. Le mandat du secrétaire général passe également de 4 à 5 ans non renouvelable. « Le Sommet de la COI est appelé à devenir un organe statutaire de l’organisation, chargé de fixer l’orientation politique et stratégique de la COI sur cinq ans. Ce sera ainsi un moyen de faire remonter – très prochainement, je l’espère – l’intérêt de notre communauté de destin au plus haut niveau de nos États », a insisté le Secrétaire général de la COI.
Le ministre comorien des Affaires étrangères, Souef Mohamed Elamine, a de son côté indiqué qu’après « cette phase importante de réflexion et de restructuration, l’heure est actuellement à l’action afin de traduire les visions en actes concrets et visibles sur le terrain ».
« Notre action doit aller bien au-delà de la simple exécution de projets pour mettre en valeur les atouts de cette partie du monde que notre situation géostratégique nous offre », a martelé le chef de la diplomatie comorienne. Souef Mohamed Elamine rappela enfin que « la réorientation stratégique qui demande une modernisation structurelle du Secrétariat général et le renforcement de ses composantes a été à l’origine de la retraite ministérielle sur l’avenir de la COI, que mon pays a eu le privilège d’accueillir à Moroni au début du mois d’août 2019. La Déclaration de Moroni qui en a découlé a déblayé le terrain de ce grand chantier d’évolution institutionnelle. Je la considère ainsi, à juste titre, après l’Accord de Victoria, comme le 2e Acte institutionnel de référence de notre Organisation, puisqu’elle a permis de réviser les principaux textes fondateurs afin d’intégrer les nouvelles visions qui caractérisent notre ambition commune ». À l’issue de la rencontre de Beau Vallon, le gouvernement comorien s’est vu confier la présidence du Conseil des ministres pour un mandat d’un an. Hamada Madi, a ainsi expliqué ressentir un « plaisir patriotique, peut-être même chauvin » à l’idée de terminer son mandat sous la présidence de son Frère le ministre Souef Mohamed El-Amine.
Dans un communiqué, le ministère comorien des Affaires étrangères a indiqué que l’action de la mandature comorienne « s’inscrit dans la poursuite des engagements fondamentaux adoptés par la COI, notamment en matière de renforcement des liens d’amitié et de fraternité entre les États membres et également le respect intangible de l’intégrité territoriale des pays membres ». Au sommet des Seychelles, les membres du Conseil des ministres ont pris un ensemble de décisions touchant aux ambitions politiques et stratégiques, à la santé publique, à l’environnement et au climat ou encore à la sécurité maritime. Dans un contexte fortement marqué par la menace planétaire que constitue le Coronavirus, le secrétaire général du COI n’a pas manqué de rappeler que cette organisation régionale a mis en place le réseau de surveillance épidémiologique et de gestion des alertes, SEGA One Health, qui rassemble plus de 250 professionnels de santé humaine et animale. Un réseau coordonné par l’Unité de veille sanitaire de la COI, qui agit comme une sentinelle essentielle à la protection de nos populations qui forme des épidémiologistes de terrain et des acteurs de la surveillance aux frontières, mobilise les expertises et met à disposition des équipements dans les contextes de risque ou de crise. Il a ainsi souligné qu’il revenait d’une mission aux Comores et à Madagascar où ils ont évalué les besoins et convenu, avec les administrations nationales, de l’appui que peut apporter le réseau SEGA avec la contribution de l’AFD à hauteur de 500 000 euros à travers les plans d’urgence qui ont été élaborés au profit de ces pays. Hamada Madi a saisi cette occasion pour évoquer d’autres projets comme la stratégie régionale sur la transition énergétique, la sécurité maritime, la réduction des risques naturels, le climat et la culture. Il ainsi salué la dizaine de partenariats que l’institution entretient avec la communauté internationale, à laquelle s’ajoutent les relations de travail étroites avec les organisations régionales, les administrations nationales ou encore les associations sectorielles, qui démontre ainsi la volonté commune de bâtir une Indianocéanie de croissance durable et de bien-être social.
C’est également lors de cette réunion que le successeur de Hamada Madi Boléro au secrétariat général de la COI a été nommé. M. Vêlayoudom Marimoutou, actuellement recteur de l’Académie de La Réunion; sera ainsi intronisé au mois de juillet prochain.
L’organisation a enfin annoncé que le prochain Sommet des chefs d’État et de gouvernement de la COI se tiendra le 25 juin à Antananarivo.
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