Placé au centre de la ville, dans le quartier Salamani 1, le marché de Fomboni, à Mohéli, est un endroit assez simple ou les marchands sont souriants et très accueillant. Les étals s’étendent jusqu’en bord de mer. C’est de là que certaine vedettes ou kwasa-kwasa prennent la mer pour l’ile d’Anjouan. Comme s’il y avait une extension du marché de Fomboni avec celui de Mutsamudu. Par Nomane Mohamed Mkavavo
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Avant de prendre le large, les voyageurs en profitent pour bien s’approvisionner en légumes, piment et surtout des bananes vertes et jaunes à bas prix, en comparaison des prix pratiqués à Anjouan ou à la Grande-Comore.
Malgré leur convivialité et leur gentillesse, un grand nombre de marchands dénoncent avec vigueur les mauvaises conditions auxquelles ils font face tous les jours. Ils expriment aussi leurs inquiétudes sur leur situation actuelle et sur l’avenir qui n’est pas très rassurant.
Daniel Baco, vendeur au marché de Fomboni depuis neuf ans note que certes ils ont connu certaines évolutions, mais, cependant, des soucis majeurs demeurent « du fait que nos responsables, le gouvernement, ne prennent pas la peine de venir nous voir au marché, voir comment on vit et discuter de ce qui peut être amélioré ou pas. On les voit seulement au moment où ils viennent récupérer les taxes et autres charges. Ça ne devrait pas se passer comme ça. Nos conditions de vie ici sont inappropriées, il serait juste de les rencontrer et leur exposer nos inquiétudes et nos besoins. C’est un changement qui a lieu d’être. » C’est bel et bien la responsabilité de notre gouvernement d’apporter leurs soutiens et leurs engagements envers ces marchands comme tout autre personne contribuant au développement économique du pays. Les marchands et les entrepreneurs ont besoin d’être encourager et booster.
Les responsables, ils ne les voient qu’au moment où ils viennent « ramasser » les patentes et les revenus. « En effet, les commerçants sont obligés de prendre des cartes commerciales de 5000 FC, mais aussi des droits d’occupation des tables qui revient à 2500 FC par mois. Ceux qui n’occupent pas les tables payent 150 FC par jour, et les autres occupants les petites pièces en location, doivent s’acquitter de 7500 FC par mois ».
« Le comble est que le marché n’est pas du tout entretenu. Il suffit qu’il pleuve un peu pour que tous les déchets de la ville viennent s’amasser au marché et empêcher la circulation ». Les conditions sont désagréables et répugnantes. Nos vies sont mises en danger par le manque d’hygiène, notre santé aussi et celle des clients. « En seulement deux jours de pluie continuelle, il est catégoriquement impossible de vendre quoi que ce soit, parce que les passages sont bloqués par les déchets et les flaques d’eau qui se forment tout au long du marché. Nous ne sommes pas à l’ abri des infections et tout ce qui va avec. Toutes ces intempéries détruisent les édifices du marché », affirme Daniel Baco.
Abdoul-Anziz, un résident de Fomboni et marchand depuis maintenant huit ans explique qu’après s’être déplacés et s’être entretenus avec les responsables du gouvernement ils en reviennent au même point. « Ils promettent de nous aider et puis rien du tout. Ici, au marché, il y a un problème de sécurité des biens. Les biens ne sont pas à l’abri. Les marchands qui occupent les tables et les « gourouettes » doivent évacuer leurs biens chaque jour à la fin de la journée ». En effet, le marché ne dispose pas d’endroit où les marchands peuvent garder confortablement et en sécurité leurs marchandises. C’est parmi les difficultés majeures du marché. « Le gouvernement doit faire construire des endroits de stockage des marchandises », ajoute Abdoul-Anziz.
Les commerçants évoquent également le problème de la mosquée. Ils demandent un endroit propre ou les marchands peuvent accomplir leurs prières quotidiennement. « L’association des marchands du marché de Fomboni s’est mobilisée pour sensibiliser au maximum les responsables du gouvernement, les entreprises, les bailleurs de fonds. Ils ont essayé de négocier des aides pour construire une mosquée au sein du marché et ainsi faciliter leurs prières, mais aucune aide n’a été obtenue de ces derniers.
Les marchands se sont donc mis d’accord pour cotiser chacun 500 FC chaque vendredi ». Cette collecte devrait permettre de construire la mosquée. L’initiative est bien appréciée et respectée par les commerçants du marché. Les travaux de la mosquée, déjà commencés, devraient s’achever d’ici quelques mois.
Les conditions sanitaires dans le marché de Fomboni restent assez inquiétantes d’un point de vue sanitaire pour les consommateurs comme pour les vendeurs. Certains marchands voudraient abandonner le travail dans ce marché, mais ne savent pas quoi faire d’autre. Il serait temps que les responsables nationaux et régionaux s’intéressent aux conditions des marchands qui contribuent au développement économique du pays.
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