Recherché et condamné à Moroni dans l’affaire du gendarme amputé de la main, le député Tocha Abdallah Djohar a réapparu à Marseille lors de la manifestation. L’occasion de fustiger le pouvoir et d’appeler les opposants à la résistance. Par Ali Mbaé.
Alors que les gens croyaient que «les gilets jaunes comoriens» allaient interrompre leur mouvement pendant le mois de ramadan, ils ont fait une nouvelle démonstration de force à Marseille. Mais cette fois, un personnage haut en couleur, grand orateur, a réapparu. Le député Abdallah Tocha Djohar, longtemps resté en cavale chez lui ” à Dzahani ll”. Il a pris la parole après tant de mois, mis en silence, par la véritable chasse, à certains politiques, lancée dans les îles de la lune.
Et c’est avec son ton autoritaire et rassurant, comme à son habitude, qu’il a énuméré une par une « les dérives dangereuses » du gouvernement. Mais il n’est pas resté là. Il appelle au boycott de l’investiture d’Azali Assoumani qui se tiendrait théoriquement le 26 mai prochain. Il reste ferme :” Nous te donnons trois mois. tu peux toujours renoncer. Passer ce délai, nous allons te déloger et ce n’est pas par un coup d’état, mais par d’autres stratégies que nous possédons “, promet ce parlementaire qui a fui les Comores (comme tant d’opposants comoriens), en passant par Mayotte d’abord, dans une petite embarcation, avant de retrouver la France la semaine dernière.
Le représentant de la circonscription d’Itsandra Sud s’en est pris d’abord au Mufti, ensuite s’est adressé à ses amis opposants résidant aux Comores. ” Que les chefs religieux dirigent la religion et laissent aux politiques de faire la politique. Nous tous pourrons citer quelques versets coraniques. S’il faut que nous ayons deux muftis, nous n’hésiterons pas. Il ne peut être à la fois mufti et politicien. Et vous les opposants qui êtes aux Comores, ce n’est pas le moment de laisser notre combat. Il faut résister car sa fin n’est pas si loin “, déclare-t-il au public.
En mémoire, le député Abdallah Tocha Djohar a écopé d’une peine de 20 ans de prison ferme. Il a été cité dans l’affaire du gendarme Ali Radjabou, amputé de la main gauche le jour du scrutin référendaire et récemment décoré par le chef de l’État à Itsoundzou. Recherché pour l’enquête, il avait choisi la clandestinité avant de se réfugier en France depuis quelques jours.